Entamées le 17 février de cette année, les négociations s’achèvent le 30 octobre sur un accord qui signe l’arrêt de mort de l’âge légal, transforme notre modèle social de solidarité en couverture minimale des plus pauvres et jette les plus riches dans les griffes de l’assurance.
La société européenne est soumise depuis quarante ans à une succession de réformes censées préserver son modèle social. Ces réformes ont fait apparaître une forte mobilisation contre elles, insuffisamment alimentées par le débat. Elles ont été réalisées par ceux qui savent pour le bien de ceux qui ne veulent pas.
Le compromis social construit sur l'échange sécurité contre subordination ne fonctionne plus quand un salarié sur cinq vit dans la précarité. La sécurité n'étant plus garantie, la subordination n'est plus supportable.
Si la propriété publique des moyens de production a montré quels dangers elle faisait courir à la société, la propriété privée des moyens de production n'en finit pas de faire souffrir le monde.
Au début des années 1970, les politiques de rigueur ont été mises en place dans le cadre d'un esprit tourné vers le progrès. Quand Chirac voyait le bout du tunel en 1976, il l'imaginait pour tous. Helmut Schmidt ne pensait sûrement pas produire le monde d'exclusions et de régression sociale d'aujourd'hui quand il a prononcé ces mots: "Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain." Et nous avons eu les profits, mais ni les investissements, ni les emplois.