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Billet de blog 26 août 2013

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Syrie, l’usine à gaz diplomatique du poker militariste

 Le bombardement des populations syriennes à l’arme chimique marque un pas de plus vers un conflit généralisé dans la région du Moyen Orient. La cible visée par les occidentaux, la Syrie d’Assad, et son armée régulière d’être les artificiers de ces horreurs. Une accusation médiatisée dans les pays occidentaux et une détermination dangereuse à vouloir intervenir militairement depuis les navires US qui sont déjà situés non loin de la Syrie en Méditerranée, avant même que l’enquête de l’ONU soit réalisée pour en déterminer réellement les responsables de ces massacres chimiques.

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Le bombardement des populations syriennes à l’arme chimique marque un pas de plus vers un conflit généralisé dans la région du Moyen Orient. La cible visée par les occidentaux, la Syrie d’Assad, et son armée régulière d’être les artificiers de ces horreurs. Une accusation médiatisée dans les pays occidentaux et une détermination dangereuse à vouloir intervenir militairement depuis les navires US qui sont déjà situés non loin de la Syrie en Méditerranée, avant même que l’enquête de l’ONU soit réalisée pour en déterminer réellement les responsables de ces massacres chimiques.

Fabius plan « B » prêt a contourné l’ONU !

Interrogé sur la radio Europe 1sur une possible «réaction de force» ...//... Fabius a indiqué qu’une décision en ce sens «n’était pas encore» prise. «Ce qui est évident, c’est que ce massacre a pour origine le régime de Bachar al-Assad. Alors après, il faut proportionner les réactions, mesurer, agir à la fois avec détermination et avec sang-froid et c’est cela qui va être arbitré au cours des jours qui viennent», a déclaré le ministre. Il poursuit «Il y a un massacre chimique qui est établi, il y a la responsabilité de Bachar al-Assad, il faut une réaction, nous en sommes là. (...)Il y a un devoir de réaction», a affirmé le ministre.

Dans ces conditions, on peut donc se poser la question, si les prérogatives et les compétences des enquêteurs de l’ONU, ont encore de la valeur, et la révélation de la contradiction occidentale vis-à-vis de l’honorable assemblée mondiale, mettre des enquêteurs en danger, alors que the mister « B » est à ce point là convaincu de la responsabilité du dictateur syrien. De Fabius à Hollande, Cameron et son ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, déclarait à la BBC : «Est-il possible de répondre à l’usage d’armes chimiques sans unité complète au Conseil de sécurité de l’ONU ? Je dirais que oui, sinon bien sûr ce pourrait être impossible de répondre à de telles atrocités, à de tels crimes, et je ne pense pas que ce serait une situation acceptable ».

L’Allemagne qui serait également portée par cette idée, la certitude qu’Assad serait l’unique meurtrier chimique de son peuple ! Fabius souhaiterait contourner le Conseil de sécurité de l’ONU où la Russie et la Chine bloquent toute condamnation du régime syrien «dans certaines circonstances, mais il faut faire très attention bien sûr parce que la légalité internationale, ça existe». Selon lui, la France souhaitait une modification de la taille du Conseil de sécurité en y faisant entrer d’autres pays représentatifs, pour modifier un équilibre datant de 1945. Mais sans en dire plus, à savoir si notre pays de 65 millions d’habitants, aurait encore sa place, et sous quelles conditions les nouveaux entrants seraient ainsi convertis en membres actifs de ce nouveau Conseil de sécurité. Mystère ! Et une fois de plus, le constat que les Nations Unies, n’ont plus de pouvoir à maitriser les tenants du CS. Ce qui n’est malheureusement pas nouveau.

La diplomatie internationale aurait échouée ! 

Mais de quelle diplomatie s’agit-il, surtout si celle-ci n’a jamais été engagée ? Car ni l’Europe, ni les USA ont dans leur cartable de diplomate, les moyens d’échange à « offrir » à la Russie pour faire varier la position de ce dernier au conseil de sécurité de l’ONU, et qu’il est inutile de vouloir imaginer une résolution sage de ce conflit meurtrier, si l’on oublie d’observer les réalités géopolitiques concernant l’approvisionnement en énergie de tout le continent européen. Une mutation des relations géopolitiques entre les deux plus grandes puissances militaires, Russie et USA, qui ne repose pas tant sur leur armement de plus en plus sophistiqué que sur leur mainmise sur les sources d’énergie, le pétrole et puis le gaz censé devenir le combustible numéro un à partir de 2030. A cette partie de poker, le dangereux pari, il est évident que la Russie a une longueur d’avance, ce pays continent comporte en son sous sol, une des plus grandes capacités de gaz naturel. Par ailleurs, les USA qui depuis une dizaine d’années, ont développé la production de gaz de schiste, une production très controversée dont certains experts de ce milieu, ont démontré de l’éphémère exploitation financée avec de la monnaie papier, la spécificité US (sans compter les dégâts écologiques quasi inchiffrables), un recul de cinq années tout au plus du Pick Oil, et la façade au prix fort pour les USA,  tout à coup redevenu indépendante en énergie. Malgré ces apparences si bien mises en évidence par les médias, je tiens le pari, que les USA, les plus gros consommateurs d’énergie au monde, seront longtemps encore présent au Moyen Orient.

L’Europe dépendante du gaz russe

L'Europe a réussi le tour de force, depuis plus d’une décennie, de dépendre de la Russie pour une trop grande part de ses approvisionnements de gaz. Déjà en 2012, Gazprom avait réduit de 10% la livraison de son précieux gaz à l'Europe. Du coup, des pays avaient commencé à tousser. Notamment l'opérateur italien Snam Rete Gas avait signalé (2012) que les livraisons de gaz russe à l'Italie avaient dernièrement baissé de 20-30% et que la situation était critique. A la même époque, le « Tsar » Poutine lors d'une réunion consacrée aux livraisons de gaz russe à l'Europe, déclarait : « Je vous demande de faire tous les efforts pour satisfaire les besoins de nos partenaires étrangers, tout en gardant à l'esprit que le but principal des sociétés énergétiques, notamment de Gazprom, est de répondre aux besoins internes de la Russie  (Février 2012 2000 watts.org).

Pendant la palabre médiatique, les affaires continues

L’imbroglio des conflits d’intérêts contradictoires concernant l’exploitation et le transport du gaz entre la coalition Russie-Chine-Iran-Syrie d’une part, et la coalition USA-Europe-Turquie-Arabie saoudite-Qatar d’autre part, est primordial à comprendre le fond de ce conflit, et les ambivalences ne manquent pas ! Il suffit de constater que les industriels de ce milieu si particulier, ne s’embarrassent pas des bons sentiments humanistes, si précieux aux opinions occidentales, pour satisfaire leurs actionnaires, et de nous livrer à nous autres consommateurs, du gaz pour faire pousser des tomates, produire de l’électricité à des rendements médiocres, à gaspiller sans compter cette ressource énergie. De plus la distribution des tuyaux artères en gazoducs pour la destination de l’Europe, la Syrie est avant tout le principal carrefour géographique, là ont sont en concurrence de nombreux investisseurs et industriels. Pourtant leur rôle dans le traficotage et l’ébullition de la « crise syrienne », lui n’est jamais remit en cause. Les affaires sont les affaires.

Joschka Fischer endeuillé, le gazoduc « Nabucco » enterré.

Joschka Fischer, l’écologiste allemand qui avait convaincu ses amis verts, de bombarder en Yougoslavie en 1999 a été consultant et militant pour la réalisation de ce gazoduc « Nabucco », un projet porté par les USA et qui se voulait etre une contre mesure face au géant Russe Gazprom et son projet North Stream reliant la Russie à l’Allemagne via la Baltique. Un gazoduc qui ne transportera pas un seul mètre cube de gaz, celui remit au gout des fournisseurs d’Asie Centrale sur un autre parcourt via l’Italie, un cout d’accès moindre et plus sécurisé, parait-il. Le choix du TAP qui doit acheminer 10 milliards de mètres cubes par an jusqu'au sud de l'Italie sonne le glas pour Nabucco. Un retournement qui ravit les patrons russes de Gazprom : «Le projet Nabucco n'existe plus (…). Il est enterré», s'est réjoui Alexeï Miller, le président de Gazprom. Le géant russe a quant à lui signé la décision finale d'investissement de son gazoduc South Stream, auquel participe EDF. Ce tuyau doit acheminer du gaz russe également jusqu'en Italie, dès 2015. Ainsi les russes sont présents et concurrents par cette voie du sud. L'Europe est cernée par Gazprom, et ses co-actionnaires français Gdf Suez et Edf (35% de part à l'Etat FF et 85% pour Edf) ...

Gdf Suez avec Gazprom au nord de l’Europe, EDF et bien d’autres industriels occidentaux avec encore Gazprom au sud de l’Europe, et le projet TAP pour une petite part des besoins européens. Le consortium gazier Shah Deniz-2, composé de British Petroleum, du norvégien Statoil, du français Total, du russe Lukoil, de l'iranien NICO et de l'azéri Socar, a finalement choisi, le gazoduc Trans Adriatic Pipeline (TAP) pour le Corridor Sud, le projet de nouveau corridor de transport de gaz de la mer Caspienne vers l'Europe (et dont le TAP n'est qu'une partie).

Ici, toutes obédiences ou idéologies n’ont pas leur place, seul les résultats des mises ont de l’importance, et il est évident que ces trois artères principales qui irrigueront nos gazinières sont pourvues du rajout d’une quatrième voie Iran-Irak-Syrie, n’est pas fait pour plaire, ni d’arranger les affaires, tant d’un point de vue géostratégique qu’économique. En effet [...// les trois pays ayant signé en Juin 2011 un protocole d’accord pour l’acheminement du gaz iranien vers la Syrie en passant par l’Irak sur une ligne terrestre d’environ 1500 Kms. Un accès direct à la mer Méditerranée et la possibilité pour l’Europe de s’approvisionner au niveau des ports syriens.

Le coût de construction de ce dernier projet est estimé à 10 milliards de dollars et doit être mis en route entre 2014 et 2016. Il est conçu pour transporter 110 millions de m3 par jour, soit environ 40 milliards de m3 par an. Les pays participant au projet ont même annoncé leurs propres besoins par jour et jusqu’en 2020 [25 à 30 millions de m3 pour l’Irak, 20 à 25 millions de m3 pour la Syrie, 7 à 5 millions de m3 pour le Liban, avec une extension de la ligne vers la Jordanie].

La part de l’Europe est estimée à 50 millions de m3 par jour, soit environ 20 milliards de m3 par an. Ce qui fait que ce projet est un concurrent sérieux du projet Nabucco (Ndr : désormais du projet TAP moins conséquent en volume), d’autant plus qu’il repose sur les énormes réserves iraniennes estimées à 16 000 milliards de m3, ce qui suffirait pour quelques siècles à venir.

Et ce n’est pas tout, il existe un cinquième projet  « qatari ». Selon le quotidien Al-Akhbar, il aurait reçu l’aval des USA (le valet et son souverain) et se propose de construire un gazoduc qui transporterait le gaz qatari jusqu’en Europe, avec la participation de la Turquie et d’Israël. Il partirait du Qatar pour justement arriver en Syrie dans la région de « Homs, Al-Qusayr » en traversant l’Arabie saoudite et la Jordanie, sans passer par l’Irak ! La capacité de transport de ce cinquième gazoduc qui n’est pas clairement précisée, mais elle pourrait dépasser celle du projet Nabucco (Ndr : désormais du projet TAP moins conséquent en volume). Le projet en lui-même pourrait concurrencer la ligne « South stream » (Gazprom & EDF) et repose là aussi sur des réserves considérables, celles du Qatar étant estimées à 13 800 milliards de m3.

Source : La Syrie dans le chaudron des projets gaziers géants ! Par Fahd Andraos Saad Mondialisation.ca, 21 /7/ 2013 http://www.fichier-pdf.fr/2013/07/22/la-syrie-dans-le-chaudron-des-projets-gaziers-geants/

Diplomatie de marchands de tapis.

Pour ma part, la voie diplomatique n’a jamais été exploré à fond, ni de la part des Russes, ni des USA ! Quant à l’Europe, en ce domaine international, elle n’existe même pas ! Ces états dominants, Russie et US,  armés de leur droit de véto au Conseil de sécurité de l’ONU,  n’ont que faire du sort des syriens. Les USA et ses alliés, sont plus préoccupés dans un premier temps, à tout faire pour convaincre leur opinion nationale, du bien fondé d’une intervention militaire. La France qui avait dernièrement réussit l’exploit de valet à interdire le président bolivien  Evo Morales, de transiter par l’espace aérien national, n’est que l’exécuteur du maitre impérialiste US.

Les va t en guerre sont enthousiastes,  en oubliant de dénombrer en amont les dégâts collatéraux de tels actes militaires à très hauts risques. L’action armada pour impressionner, le  juste nécessaire pour libérer la partie sud du territoire syrien, une bande limitrophe de la Jordanie et du Liban, de sorte à laisser des zones « sécurisées » pour les bons offices des compagnies pétrolières occidentales : Total, EDF, EON, Gdf Suez, RWE, Stat Oil etc etc ... Ce bombardement chimique, et d’où qu’il vienne, est presque l’opportunité pour ces Trusts multinationaux servis par des chancelleries occidentales à nous offrir sur tous les écrans, la bonne raison de l’interdiction de l’utilisation des armes chimiques.

Qui oserait dire le contraire, que le sarin, ce n’est pas bien !

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