Billet technique: La filière bois d’Argoat de Bretagne - Du bocage au chauffage
par Patrig K, vendredi 17 décembre 2010, 18:33
Quelques chiffres en estimation de réalisation de chaufferie bois collective
L'expérience, le chiffrage et la réalisation de chaufferies bois de moyenne puissance (moins de 2.5 MW) nous indiquent, dont le but est de produire un fluide caloporteur ; de l’eau chaude (à 90°c le plus souvent) circulant en boucle, depuis cette chaufferie centralisée et locale, puis poussé dans un réseau enterré et semi urbain, un collecteur principal connecté en secondaire en intérieur des bâtiments, via des sous stations de chauffages pour en réguler les températures par circuits spécifiques et dédiés, et à la suite, afin d’en irriguer les radiateurs des pièces et/ou centrale de traitement d’air pour d’autres applications.
Les plus récentes, et à ma connaissance de ce type d’opération, l’une à Plestin Les Grèves d’une puissance de 540 Kw (2008) et d’une seconde à Plouaret en projet de 640 Kw (2010) , permet de nous faire une idée de l’investissement financier de ce genre d’équipement, et d’en étudier au besoin et en comparaison critique d’autres investissements. Notion de cout, qui a un intérêt à être connu à mon idée par le plus grand nombre, un mémo techno vulgarisé et simple, surtout pas un document ou bilan stricte et comptable. Un ordre d’idée. Une approche.
Au quel propos, on peut aussi exprimer des arguments qu’il y aurait à multiplier ces expériences de réalisation, ou non. Mais qui selon mon avis ont leurs pertinences à nous aider à traiter une partie de l’urgence de la dépendance énergétique. Ici je n’aborde pas la filière source, les cultures ni les coupes, les réseaux de distribution de la matière primaire bois; ce qui n’est pas ma spécialité, nul doute qu’il faut aussi y apporter d’autres éléments de ce coté là, pour en retirer le plus juste développement de l’ensemble du concept, et si il y a lieu de militer ou de relever ce défi.
En effet, personnellement et pour aborder un bout du débat, j’y vois des avantages à réaliser ces installations semi industrielles, une opportunité technique de s’émanciper de trop de complexité, ce qui favorise la plus part du temps les grands groupes industriels et du BTP ; lors des investissements géants pour des mécanos mégalos et gigantesques à risques, pour leur seul intérêt à rendre les collectivités tributaires du plus grand et plus complexe qu’elles. D’autant que ces installations sont des techniques et comportent des technologies (petite et moyenne puissance) relativement simples, donc accessibles à un secteur de PME, capables elles de les réaliser en chantier, et de favoriser le maintien, voir la création d’emplois locaux et selon les ambitions. De l’argumentaire à faire des proposition de projets qui ont une finalité à la fois économique au potentiel de création d’emplois localisés et en quantité non négligeable (Note: 1) en plus que de pallier les erreurs du passé en favorisant l’installation de ces systèmes qui favorise les diminutions de consommations de ressources fossiles et de co2 chauffant, dans des bâtiments qui sont actuellement chauffés par de l’électricité nucléaire, ou encore du fuel et du gaz. Des équipements de taille modeste, et facile d’intégration dans le cadre de plan de rénovation même en zone urbaine et également.
La réalisation de Plestin les Grèves dans les Cotes D’Armor initié par le CDAS de Plestin, a nécessité l’investissement de 400 000 euros ; l’investissement de Plouaret plus conséquent, sera de l’ordre de 650 000 euros , ce qui correspond aux installations dites collectives, c'est-à-dire le bâtiment chaufferie TCE, les chaudières bois et la mécanique de chargement , déchargement des cendres, la voirie et les réseaux, qui ici pour les deux cas, ne circulent que peu sous les voies roulantes de la chaussée. (si le cas se présente, les couts en seraient plus lourds et difficile en exécution de voirie –cf Tram de Brest )
Ce qui permet de dire, et après ces expériences en chantier sans trop d’approximation, que pour une chaufferie de 500 KW, le cout en investissement est de l’ordre de 500 000 euros, un arrondi facilement mémorisable. ½ MW = ½ Million d’euros. Pourtant comparativement, les installations de ce type avec des chaudières au gaz pour une puissance équivalente, seraient beaucoup moindre opposeraient nos détracteurs. Le différentiel venant essentiellement du mécanisme de chargement, déchargement et du dimensionnement de la chaudronnerie plus conséquente pour les chaudières à bois, le pouvoir calorifique du bois étant inférieur à celui du gaz, les surfaces d’échanges pour une même puissance équivalente en sont d’autant augmentées. Ce qui est justement difficile à faire connaitre et valoir, c’est que pour le gaz il est entendu que pour ce procédé, jamais il n’est tenu compte de l’ensemble du processus complexe en amont dans les réseaux de distribution de gaz sur le domaine ou du territoire français, et surtout encore moins de l’origine sibérienne pour certaine fois ! (21% du gaz jusqu'à présent, livraison hors gazeoduc trans européen- Ukraine et pays voisins de l'ex bloc de l'Est)
En équivalence logement, sur des critères énergétiques peu contraignantes, des passoires, avec une puissance de 500 kw, suffit à traiter environ près de 100 logements en bâtiment collectif, et deux fois moins en pavillons. Soit pour un budget équivalent de 350 millions d’euros*, la capacité financière de mettre en chantier et relativement rapidement, pas moins de 700 équipements de chaufferie bois et semi réseaux urbains (par lots, cités, groupes d’immeubles, zones pavillonnaires, zones industrielles et artisanales) et d’une puissance nominale de 500 Kw, soit l’équivalence pour le traitement des besoins de 70 000 logements ! (pour un parc breton qui est de 800 000 logts ? 3millions/4)
* 350 millions d'euros, serait l'investissement de cette unité de production, avec une très incertitude que les infrastructures gazières existantes en Bretagne , ne soient pas en mesure de laisser passer le flux de gaz.(comme ailleurs, il y aurait 30 projets de ce type en France, soit près de + 25% en puissance!) . Un terminal gazier à Brest n'est pas à exclure, pour un cout estimé de 600 millions d'euros !
Dans le contexte Rt 2005, puis RT 2012, le ratio s’en trouve alors multiplié…
Ce billet ne suffit pas d'en faire une parole d'expert. Juste une contribution.
Note :1 : Sauf pour ce qui est du principal, la fabrication sur zone des chaudières bois, elles sont la plus part du temps, fabriquées actuellement dans l’est de le France ou en Autriche, en Suisse, en Allemagne etc, les industriels locaux, sont compétents pourtant (sans les nommer) , se sont les filières économiques du passé qui explique ce vide d’intérêt ici en Bretagne pour ce type de fabrication – Hors ce point est à mon sens essentiel , car si un développement venait a naitre en région, il serait inconséquent de laisser « filer » une masse monétaire importante hors zone régionale économique, car elle représente plus de 50% de l’investissement (chaudière et convoyage) .
Et à moins d’un plan Marshall régional d’équipement de chaufferies de ce type et après recensement des possibilités, ce qui pourrait favoriser la localisation d’un ou plusieurs fabricants de chaudière ici en Bretagne, une piste possible aussi pour le secteur de la métallurgie et afin de compenser la perte de fabrication navale dans les arsenaux militaires, une possibilité de reconversion pour nombre de techniciens et compagnons , une petite partie et à minima, sachant et toujours selon mon expérience en réalisation de ce type de chantier, qu’un programme de reconversion énergétique efficace et opérant de ce genre régional , la tache est monumentale en rénovation et ne pourra se réaliser que sur de longues périodes, ici je m’étonnerai, si tout était fini au bout de 30 ans , moins cela me parait impossible en temps, car pour la maitrise énergétique dans le secteur du bâtiment (43% de la charge en consommation énergétique et sauf erreur le plus lourd après le transport) la rénovation c’est 90% du chantier ! …