Première publication du fin octobre 2009, à relire dans le contexte..
Avertissement:
Loin de vouloir discréditer définitivement les syndicalistes en général, dont je compte parmi les effectifs, mais il est absolument nécessaire que chacun d'entre nous osions regarder la réalité en face. Sans analyse de ce constat d'échec du développement du syndicalisme depuis près de 20 ans et au préalable, il est à craindre que les mouvements d'humeur de ces derniers mois ne puissent ce traduire par une réelle reconquête des syndicats dans le monde du travail et d'en faire des outils de contre pouvoir efficace au quotidien ...
S’il est évident que cette situation détestable et dangereuse, n’est pas à mettre sur le dos de la seule responsabilité des syndicats, il va s’en dire que ce désaveu et ainsi que l’offre syndicaliste de ces organismes, ne doit plus avoir beaucoup d’écho crédible, et que les postures auto-suffisantes de certains cadres syndicalistes ne devraient plus être de mise.
Une parabole : "Ce n'est pas quand on a les pieds dans la boue qu'il faut chausser les bottes !"
Près de 14 millions de salariés du privé, n’y croient plus.
Depuis l’avènement de la crise financière à l’automne 2008, les confédérations tous horizons confondus, sont régulièrement à nous rappeler que le sursaut d’intérêt des salariés pour la chose syndicale, est bien réel ! Pourtant le 4 décembre 2008, en plein cœur du boom médiatique sur l’effondrement capitalistique et financier, le résultat des élections prud’homales avait démontré tout le contraire ; une participation du vote des salariés aux élections qui est passée de 32.7% en 2002 à 25.57% en 2008, ce qui a eu pour première conséquence , une dégringolade du nombre de voix exprimées et en faveur de telle ou telle autre centrale syndicale, et pourtant avec un nombre d’inscrits en augmentation de + 1 946 820 .Au moment ou le collège patronat, avait lui augmenté sensiblement sa participation lors de ces élections.
Paradoxe ? Ou perte de crédibilité ?
Pourtant Bernard Thibault, et à l’approche de l’ouverture du 49éme congrès de la CGT alors qu’il est chahuté par sa base nordique, et afin de les convaincre, a osé réaffirmer sa différence avec la « grande » rivale réformiste Cfdt, en rappelant au quotidien le Monde le 10 novembre dernier, que le score de celle-ci aux prud’homales avait reculé.
En effet la Cfdt avait obtenue lors de ce scrutin, 21.92% des suffrages exprimés en métropole en 2008, contre 25.22% en 2002. Comment le chef de la CGT qui avec cette remarque fondée au sujet de la Cfdt, a-t-il put oublier de mentionner malgré tout, que la seule leçon qu’il fallait retenir des ces élections, c’était bien évidemment le désaveu de l’électorat salarié en général. Une évidence qui ne pouvait pas échapper à tous les observateurs avisés après la lecture de ce taux d’abstention de près de 75%, soit selon les chiffres du Ministère : pas moins de 13 650 564 de non-votants, sur les 18 333 929 inscrits !
Extrait : […//… Question à BT : Certains de vos opposants craignent que la CGT ne devienne une CFDT bis... Où serait l'intérêt pour la CGT à copier les méthodes, les objectifs de la CFDT qui, elle, a reculé aux élections prud'homales ? …//…. La différence principale avec la CFDT tient au degré de critiques à l'encontre du système capitaliste. La CFDT, au fil des ans, a remisé au second plan son ambition de transformation de la société .Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas des choses à faire ensemble comme avec l'ensemble des syndicats…//…]
En y regardant de plus près ces résultats, qui ont été pourtant publiés en mars 2009 en pleine effervescence des manifestations à répétition de ce début d’année très revendicative, on comprend mieux pourquoi les centrales syndicales n’en ont pas fait état, ou alors si peu. Quelques chiffres depuis le site du Ministère du Travail, et pour le principal:
CGT 2002 : 1 660 928, 32,14% - 2 544 sièges ; CGT 2008 : 1 542 151, 33,91% - 2 790 sièges.
CFDT 2002 : 1 303 336, 25,22% - 2 121 sièges ; CFDT 2008 : 996 603, 21,92% - 1 771 sièges.
FO 2002 : 945 485, 18,29% - 1 306 sièges ; FO 2008 : 725 833, 15,96% - 1 142 sièges.
CFTC 2002 : 498 381, 9,64% - 426 sièges ; CFTC 2008 : 396 557, 8,72% - 373 sièges.
CFE CGC 2002 : 362 764, 7,02% - 482 sièges ; CFE CGC 2008 : 377 140, 8,29% - 622 sièges.
La CGT une perdante et gagnante à la fois, qui récolte 246 sièges supplémentaires, au moment ou elle maigrie de 118 777 voix ! L’effondrement de la Cfdt en perte exprimée de près de 23% de ses votants et en sa défaveur depuis 2002 plus de 300 000 voix perdues ! Et un unique et réel sursaut du club des 5, venant de la centrale à cadres, qui elle recueille + 14 376 voix.
La Cfdt recueille 996 603voix en sa faveur et perd 350 sièges en 2008! Des chiffres difficilement contestables, surtout de la part de cette centrale très attachée aux institutions Ministérielles. Comment expliquer alors un tel score, d’autant que la centrale Cfdt s’autorise de publier sur son site un nombre d’adhérents en augmentation pour l’année 2008!
Extrait publié sur le site CFDT confédération nationale:
[…Nos adhérents (article du 04/06/2009) Avec 814 363 adhérents au 31 décembre 2008, la CFDT est la première confédération syndicale française en nombre d'adhérents. Retrouvez les explications d'Hervé Garnier, le secrétaire national en charge de la syndicalisation. Pour la deuxième année consécutive, le nombre d’adhérents de la CFDT a augmenté en 2008. Concrètement qu’est-ce que cela veut dire ? Au 31 décembre 2008, nous étions 814 363 adhérents, ce qui fait de la CFDT, la première organisation syndicale française en nombre d’adhérents. Sur l’année 2008, 70 000 nouveaux salariés ont adhéré à la CFDT, mais dans le même temps près de 55 000 en sont partis . Cet important turn-over est souvent dû à la mobilité professionnelle et à la précarité et bien sûr aux départs à la retraite . Si le nombre de nos adhérents retraités progresse , trop peu de salariés savent qu’ils peuvent rester à la CFDT après leur carrière professionnelle.…// …]
Combien même tous ces adhérents Cfdt, qui ne sont pas forcément employés du secteur privé, et qui ne sont pas tous partis à la retraite, un plébiscite en déficit de cette ampleur et une syndicalisation galopante telle qu’elle nous est annoncée, mériterait d’être un peu plus que cela explicité, et sans pour autant être , très terre à terre, pour ne reprendre que les mots du secrétaire de l’UL Cfdt Brestoise.
Celui-ci en effet est inquiet, et il nous en a fait part de sa réflexion au sujet de la crise sur le quotidien Ouest France le 20.112009, il ne voit pas le bout du tunnel ! Serait-il le seul ?
Extrait : […Dans tous les secteurs La crise c’est toute l’économie qui tousse…Salons de coiffure, nettoyage, hôtellerie, transports sont touchés… « C’est très terre à terre, explique Patrick Jagaille, mais quand on est au chômage, on n’a plus besoin de faire garder ses enfants et on fait soi-même son ménage »…]
En voilà des conclusions innovatrices, une fabuleuse analyse d’un secrétaire qui va certainement nous aider à sortir du tunnel, un propos de syndicaliste qui fera sûrement date. Car pour ce qui est du ménage, nul doute que le secrétaire avec lui, ça déménage, ce qui explique certainement le sursaut d’intérêt des salariés à la chose syndicale !
Notes : A titre indicatif, sur les 18 333 929 inscrits (secteur privé) la part exprimée en faveur de ces 5 majors:-
CGT : 1 542 151 voix/ 8.41 % -
CFDT : 996 603 voix / 5.43 % -
FO : 725 833 voix/ 3.95 % -
CFTC : 396 557 voix/ 2.16 %-
CFE CGC : 377 140 voix/ 2.05 %
Pas une seule au-delà des 10 % requis légalement ! Représentativité ? Quelle représentativité ?
Vidéo en médaillon : Concurrence salariale & Nouvelle alliance syndicale
http://www.youtube.com/watch?v=UASx88-cemc
La loi sur la représentation syndicale dans les entreprises à nouveau remise en cause depuis le jugement prononcé par le TGI de Brest le 27 octobre 2009. Cette loi qui impose désormais un quota minimum de 10% de vote favorable et lissé sur l'ensemble des collèges, encadrement et ouvriers, pour prétendre à un poste de délégué syndical qui peut par la suite signer des accords avec le chef d’entreprise ou la direction dune manière générale. Lors des dernières élections ici dans la PME SDMO de Brest, FO avait recueilli 12% des suffrages dans le collège ouvriers, mais 12% qui ne représentaient en réalité que 7 % sur le total des deux collèges. La nomination d’un délégué par FO malgré ces critères a provoqué une alliance un peu contre nature. En effet la direction de SDMO et l’UD CFDT 29 ont de concert porté plainte au tribunal de Brest !Patrig Kéméner, Mespaul le 21.novembre 2009.