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Billet de blog 8 avril 2022

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Z comme Zemmour ou Z comme Zorglub ?

Z remet en mémoire des lectures très anciennes qui permettent de faire quelques parallèles intéressants entre les deux personnages. Compilation tirée de trois sites que je remercie au passage. Bonne découverte

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1/ Le Zorglub d’origine

LE TOURNE PAGE

Z comme Zorglub

André Franquin (éditions Dupuis)

Le pitch

Spirou et fantasio, amis du comte de Champignac, doivent faire face à un de ses anciens confrères, le génial mais maladroit Zorglub.

Véritable gaffeur, ce dernier n'en est pas moins un électronicien extraordinaire, capable de maîtriser toutes sortes d'ondes rendant les personnes dociles et réceptives à ses ordres. Zorglub parcourt le monde afin de lever son armée.

Quels sont les véritables desseins cachés par le dictateur de l'electronique ? Et qui sortira vainqueur du duel que vont se mener le comte Pacôme de Champignac et cet huluberlu de Zorglub ?

Mon avis

15e tome des aventures de Spirou et sixième de la série magique des "dix glorieuses" qui s'achèvera avec QRN sur Bretzelburg.

Depuis l'épisode précédent, cette réussite totale qu'est Le prisonnier du Boudha, Franquin utilise les compétences formidables de Jidéhem pour dessiner les décors et Greg pour l'assister au scénario.

Ce coup de main de deux grands de la BD permet à Franquin de publier de longues histoires merveilleusement dessinées, des splendeurs graphiques bourrées jusqu'à la gueule d'action, d'humour et de dialogues.

*

Avec Z comme Zorglub, l'auteur reste tout en haut, au sommet de la BD atteint lors de l'album précédent, car l'album est un chef-d'oeuvre. Il faut dire que l'invention du personnage de Zorglub est une idée absolument géniale, dont il exploitera les possibilités pendant longtemps.

Z comme Zorglub est en fait la première partie d'un dyptique, la deuxième partie, presque aussi formidable, étant L'ombre du Z, paru un an plus tard.

Dès la première planche, le climat s'installe, digne d'un thriller fantastique.

Dès lors, le lecteur est entraîné dans une histoire haletante, abracadabrante, hors de tout contexte connu.*

Zorglub, ce savant génial mais génie... du mal, déploie toute la technologie créée par ses soins au cours des dernières années.

Le résultat est époustouflant : sèche-cheveux hypnotisant, voiture sans chauffeur, téléphone explosant à distance, zorglonde, multiples véhicules volants, usine automatique de traitement des êtres humains, fusées, voyage sur la lune...

*

*

Pour chaque invention : du suspens et son corollaire : le rire.

Suspens et rire mêlés : le dosage de la recette est on ne peut plus difficile, et le résultat est du grand, grand art.

Et je ne parle même pas de la chute de l'histoire, une des plus célèbres de l'histoire de la BD.

C'est pour cette raison que je me permets de reproduire ci-dessous le bandeau qui la représente...*

Il faut deux bonnes heures pour lire et apprécier chaque détail de cet album d'une densité ahurissante.

Je répète : un sommet. 

Indispensable

ZOO LE MAG

Zorglub

Savant mégalo et super méchant !

  • Yeux : Brun
  • Cheveux : Noir
  • Signes distinctifs : Légèrement dégarni sur le dessus du crâne mais très chevelu à l'arrière, il porte un collier de barbe et un air diabolique.
  • Fâcheuses habitudes : Bien qu’il soigne sa mise en scène, il gaffe à chaque fois qu’il entreprend quelque chose. Son goût pour le commandement fait de lui un dictateur dans l’âme.

Le « côté obscur » de Champignac

Environ 1m80. Entre 45 et 50 ans. Voilà comment Fantasio décrit Zorglub dans Panade à Champignac. Mine ténébreuse, aspect faussement négligé, tiré à quatre épingles, Zorglub n’est pas très séduisant. Quand Spip le voit il pense « Ne vous en faites pas mon vieux, chez un homme ce n’est pas la beauté qui importe... »

En plus, ce pauvre Zorglub ne semble pas avoir eu une enfance très heureuse. Quand il rencontre le comte Pacôme de Champignac lors de ses études, il voit en lui un maître à la hauteur de ses espérances. Mégalomane et créatif, il cherche sans cesse l’admiration du comte. Mais à force de vouloir l’impressionner, il finit par mettre en danger les autres élèves ce qui lui vaut d’être renvoyé.

Depuis cet échec cuisant, il ne souhaite qu’une chose : prouver à la face du monde sa supériorité sur le reste de l’humanité. Contrairement à son maître, ses géniales inventions sont destinées à asservir toute forme de vie. Rancunier et paranoïaque, ce savant fou n’en est pas moins stupide et maladroit.

La mégalomanie ne protège pas du ridicule

Doté d’un ego surdimensionné, Zorglub ne rate pas une occasion de se mettre en avant. Sa mégalomanie omniprésente l’amène à mettre en place des plans toujours plus fous. Véritable dictateur dans l’âme, il affiche son initiale, le « Z » partout, nomme tout l’environnement qu’il a crée avec le préfixe « zorgl », parle de lui à troisième personne et s’arroge la propriété du système solaire. Il se donne également différents titres comme celui de roi par exemple. Il porte même une cape noire fourrée d’hermine et se déplace en DS Citroën, voiture connue pour avoir été celle du président de la République !

S’il aime les entrées théâtrales, Zorglub est au fond un irrémédiable gaffeur. Il n’est pas foncièrement méchant puisqu’il veille notamment à ne jamais tuer ou blesser quelqu’un. Son seul problème est qu’il n’a juste pas réellement conscience de ce qu’il fait. En Palombie, alors qu’il force les habitants à acheter son savon et son dentifrice pour financer ses recherches, il demande naïvement à Pacôme : « Tu es certain qu’à Chiquito, des gens en sont réduits à manger du savon ? »

Extrait de Spirou et Fantasio T.52

Archétype du savant fou et du génie du mal, Zorglub est souvent plus ridicule et stupide qu’inquiétant. Ses maladresses sont principalement dues à son impatience, que Champignac souligne en disant de lui qu’il est « trop bouillant ». En fait, Zorglub est un instable, une sorte de Zantafio mal dégrossi, l’invention technologique en plus.

L’ex-futur maître du monde

L’invention clef de Zorglub est la zorglonde. Grâce à cette dernière, il crée une véritable armée de zorglhommes. Genre de créatures de Frankenstein de pacotille, les zorglhommes sont en fait des personnes dont les neurones ont été court-circuités par Zorglub et son invention. Tous parlent la zorglangue (qui ne diffère du français que par l’inversement des lettres des mots) et ont pour leitmotiv « Eviv Bulgroz », c’est à dire « Vive Zorglub ».

Zorglub crée ensuite de nombreuses bases où il rassemble ses zorglhommes : Zorgland, Zorgrad, Zorg-City, Zorgville, Zorg-les-Bains, Zorgburg. Il invente également pour eux des véhicules futuristes comme la Zorglumobile ou le Zorgléoptère. Mais même s’il a créé une armée de Zorglhommes, Zorglub n’est pas un assassin pour autant. Les seules actions criminelles commises par son organisation ont été dirigées à son insu par Zantafio. Ce dernier blesse d’ailleurs gravement Zorglub avec un rayon de la mort expérimental.

Soigné par le comte, Zorglub devient plus gentil. Une amitié sincère et un respect mutuel s’installent entre les deux inventeurs. Zorglub assiste même Champignac dans ses recherches et se révèle être une précieuse aide. Mais chassez le naturel et il revient au galop : Zorglub retrouve vite sa personnalité prétentieuse qui le pousse à fomenter à nouveau contre le monde entier.

Le cas Zorglub

Pour la quinzième aventure de Spirou et Fantasio, Franquin désire introduire un alter ego maléfique de Champignac. Zorglub apparaît pour la première fois en 1961, dans l’album Z comme Zorglub puis en 1962 dans L’Ombre du Z. Franquin souhaitait faire de Zorglub un personnage récurrent de la série. Pour l’album suivant, QRN sur Bretzelburg, il avait même imaginé une histoire centrée sur le savant fou.

Le Zorglub reviendra

Extrait de Spirou et Fantasio T.50

Cependant l’éditeur n’apprécie pas la trop grande présence d’un méchant dans l’univers de Spirou. C’est pour cette raison que Zorglub réapparaît seulement dans Panade à Champignac, en tant qu’ami du comte, de Spirou et de Fantasio. Malgré le veto de Charles Dupuis, Franquin introduit tout de même un « faux méchant à barbe » dans QRN sur Bretzelburg : le docteur Kilikil, sorte de remplaçant de Zorglub.

Zorglub est à Spirou ce que La Marque Jaune a été pour Blake et Mortimer, les lecteurs sont fascinés par ce méchant, dont l’intérêt tient à son caractère ambigu. Capable du pire comme du meilleur, Zorglub est l’ennemi qu’on aime détester. Celui qu’on combat sans cesse mais qu’on ne veut jamais anéantir car on peut le faire changer.

L’horreur et la bêtise humaine tournées en ridicule

Le personnage de Zorglub serait inspiré d’un homme que Franquin connaissait de vue. Cet homme occupait le poste de chef de rayon dans un magasin de Bruxelles. Très bavard, doté d’un fort accent et coiffé comme Zorglub, il faisait beaucoup rire Franquin.

Le côté sombre de Zorglub, lui, vient d’une relecture de réalités moins reluisantes passées à la moulinette de l’humour. Les uniformes de ses zorglhommes semblent sortir directement de séries B de science-fiction, taillés dans le kitsch. Mais l’obéissance aveugle et les boules à zéro de cette armée évoquent l’époque sombre des grands rassemblements hitlériens ou staliniens. Les dictatures qui ont marqué le XX ème siècle semblent avoir inspiré jusqu’aux façons de procéder de Zorglub qui aime diriger des hommes en uniforme et détruire toute diversité de pensée.

Extrait de Spirou et Fantasio T.37

Grâce à Z comme Zorglub et L’Ombre du Z, Franquin réaffirme sa foi en la supériorité de la diversité sur l’unicité. L’armée faite d’hommes privés d’identité est montrée comme stupide et est une source de gags quand elle ne provoque pas de catastrophes... Franquin se sert donc des créatures robotisées que sont les zorglhommes pour faire allusion à l’individu sans autre choix que d’exécuter les ordres d’un maître idiot et mégalo. Rire des dictatures ? Grâce à Zorglub, ça semble évident !

2/ nouvelles aventures de Zorglub

LA VOIX - LE MAG 

Bande dessinée: Zorglub découvre les difficultés de travailler avec ses propres clones

Entre vrai maladroit et faux méchant, Zorglub le mégalo, misogyne, égocentrique, un peu mauvais... doit apprendre à travailler avec toutes ses personnalités réincarnées en clones.

Le méchant Zorglub devenu un peu plus gentil au fil des  albums de Spirou, a désormais sa série rien que pour lui. Inventeur fou, jamais avare d’une filouterie, mais avec une part de bon, il y a matière à développer le personnage et s’en donner à cœur joie. C’est ce que fait Munuera dans ce troisième tome avec un Zorglub bien mal embarqué après avoir vendu un clone d’Elvis un peu (trop vite) défaillant à un oligarque russe. Avec un contrat sur sa tête, Zorglub se démène, se dédouble (et même plus) en se clonant, pour trouver la solution. Mais chaque clone développe une part de la personnalité du scientifique… y compris sa part féminine. Autant de génies qui doivent s’associer. Pas simple…

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