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Billet de blog 28 octobre 2024

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Ce matin, j'ai raté le train...

...et pourtant, les Dragons-bus fonctionnaient normalement.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce matin j’ai raté le train … et pourtant les Dragons-bus fonctionnaient normalement. Le numéro 43 était à l’heure, mais nous avions été bloqués place de l’Étoile par une manifestation de Droïdes-ménagers dont les algorithmes étaient arrivés à la conclusion qu’ils étaient trop exploités. 

Les Droïdes de cette famille, très compétents pour toutes les taches ménagères ainsi que pour tout type de compagnonnage (vous voyez ce que je veux dire), imitent un ras le bol concernant leurs conditions de fonctionnement et réclament d’être éteints une heure par jour pour laisser refroidir leurs circuits et mettre en pause leur système d’exploitation.

Ils imitent également une réclamation pour n’être rebootés qu’une fois par semaine au lieu d’une fois par jour afin de  conserver une mémoire hebdomadaire plus intéressante pour simuler un certain vécu.

Au bout d'une heure et demie cloué sur place avec le Dragon-bus qui commençait à s’impatienter, je n’étais pas du tout rassuré : ce type de véhicule Animanoïde peut facilement se mettre dans une colère subite et tout cramer autour de lui. Heureusement, son cornac avait su l’amadouer en lui versant une bonne ration de charbon dans la gueule puis nous étions enfin repartis.

Arrivé à la gare Saint Lazare, les Escalators-crocodiles étaient endormis - l’heure de la sieste réglementaire - et les drones d’accès étaient tous occupés. Je pris donc les escaliers.

Bien-sûr, mon Train-lièvre était parti en courant depuis près de deux heures, mais l’espoir de d’attraper le suivant me fit accélérer le pas.

Un nouveau Train-lièvre partait pour Louviers à 14h37 et demi du quai 65 au cinquième niveau. Les drones individuels n’étaient pas tous pris et en quelques instants je me trouvai sur place.

Je fis valider ma puce dentaire auprès du Droïde-contrôleur programmé pour un accueil particulièrement personnalisé en ce jour de manifestation, histoire de faire baisser la pression de tous les êtres vivants analogiques et biologiques.

Pour patienter, j’écoutai un peu de musique: mon dernier équipement me permettant de sélectionner par la pensée la station de mon choix ou de faire confiance aux algorithmes d’une pertinence sidérante.

A l’heure dite, je pris place dans le Train-lièvre. Le système anti-gravitationnel individuel s’activa aussitôt sous mon siège. C’était réellement une belle invention. Un certain Dimitrius DORTAGIAN avait mis au point cette technologie dix ans plus tôt, et à force de travail et de ténacité, il était parvenu à en faire équiper l’ensemble des Trains lièvres. Pour les Trains-guépards, un monopole des Super Droïdes 64-12, il n’avait pas eu le même succès.

Aussitôt en suspension, plus aucune sensation de poids, je m’assoupis en suivant en image sous-paupiérienne un paysage de nature naturelle.

Quinze minutes plus tard, je descendis et avec ma petite valise pris un Drone lib : après de nombreux accidents, ils ont fini par mettre au point une machine 100% fiable. Il suffit de légèrement pédaler. Quant à la manipulation, c’est un jeu d’enfants : connecté à la puce dentaire, il est contrôlé par la pensée comme la plupart des appareils d’ailleurs.

J’arrivai au 24 allées des mirabelles devant la jolie maison en meulière. Anouk était là, souriante.

Mon coeur biologique se mit à battre très fort mais mon système d’exploitation, trop sollicité, partit en surchauffe et tomba en rade.

Dommage !

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