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Billet de blog 27 octobre 2012

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Plaidoyer pour la tolérance

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et si l’on me caricaturait en cannibale, serait-ce une raison de me fâcher ?                                                                                                                                                                                                                                «  Existe-t-il encore des Africains anthropophages ?                                                                                                                                                     A cette question, je connais deux réponses :                                                                                                                                                           -  Non, ils viennent de manger le dernier.-                                                                                                                                                                  Oui, ceux qui sont convertis au catholicisme. »

La seconde est-elle davantage offensante et sa caricature de la communion constitue-t-elle un blasphème ? C’est une déduction certes malicieuse de la présence réelle affirmée du Christ dans l’hostie, mais il y en a d’autres qui prêtent beaucoup moins à sourire.

Profaner, bien sûr un acte stupide, une hostie dans laquelle des athées ou des croyants des autres religions ne voient rien d’autre que de la farine, des catholiques avaient voulu en faire un crime puni de mort. Et puisque Dieu était notre père, ce crime serait un parricide. Selon les lois alors en vigueur, celui qui serait condamné à mort pour ce motif aurait donc dû au préalable avoir le poignet tranché. Ce n’était pas la charia, cela se passait chez nous et à une époque qui n’est pas si lointaine. Il peut paraître étonnant de voir des dépositaires autoproclamés de la Volonté Divine décider d’un châtiment aussi horrible au nom d’un Dieu Tout Puissant et Infiniment Bon qui a toute l’Eternité devant lui pour décider lui-même de la sanction que cela mérite et qui ne leur avait sans doute rien demandé. Un tel projet fut pourtant présenté en 1825 par le Garde des Sceaux Charles Ignace comte de Peyronnet et soutenu devant la Chambre des Pairs par le vicomte de Bonald. Il fit ensuite l’objet de cinq jours de débats à la Chambre des députés où, malgré l’opposition d’autres catholiques comme Royer-Collard , une loi fut votée dite «loi du sacrilège». Elle ne fut heureusement jamais appliquée, son abolition étant très vite intervenue grâce à la révolution de 1830 et à l’accession au trône du duc d’Orléans.

En regard de cette loi cruelle qui validait la présence réelle du Christ dans l’hostie, il apparaîtrait assez pertinent et plutôt anodin de plaisanter sur l’anthropophagie des catholiques. Même moins judicieuses, voire de mauvais goût, plaisanteries ou caricatures sur les religions sont de toutes façons moins graves que les réactions disproportionnées de fanatiques qui s’arrogent le droit de les défendre, et qui, ce faisant, adoptent des comportements ne pouvant que les desservir.

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