L’explorateur britannique Sir Ranulph Fiennes ne traversera pas l’Antarctique à ski. Souffrant d’engelures à la main gauche, il a dû renoncer à faire partie de l’expédition « Le voyage le plus froid de la terre », prévu pour une durée de 6 mois. Après avoir été soigné en Afrique du Sud, il a atterri ce lundi 4 mars, à Londres, où l’attendait une conférence de presse. Deux de ses doigts nécessiteraient une intervention chirurgicale.
Débarqué à l’aéroport d’Heathrow, Sir Ranulph Fiennes, 68 ans, a naturellement exprimé sa déception : « C’est extrêmement frustrant. J’ai travaillé sur ce projet pendant 5 ans, à temps complet et sans être payé. » Malgré tout, il a réaffirmé sa volonté d’aider son équipe à atteindre ses objectifs, précisant: « Je ne vais pas pleurer sur mes doigts ».
Tony Medniuk, président de The Coldest Journey, s’est dit « extrêmement fier » que l’Ice Team ait décidé de continuer l’aventure malgré le départ de Fiennes. Rappelant la difficulté du défi à venir pour l’équipe, il a précisé qu’il s’agirait d’un « exploit épique ». Et pour cause, aucun être humain n’a encore réussi à traverser l’Antarctique en hiver. Anton Bowring, chef d’expédition adjoint, a quant à lui fait part de sa tristesse tout en saluant le retour de l’explorateur. Impossible, en effet, de rêver de meilleur ambassadeur que Sir Fiennes.
Rappelons que l’un des objectifs de l’expédition est caritatif : récolter 10 millions de dollars au profit de Seing is Believing, une association venant en aide aux personnes dont la cécité est évitable. Pour le reste, il s’agira de collecter des données permettant de mieux comprendre les effets du changement climatique en Antarctique, et de créer en temps réel des contenus éducatifs pour les écoles.
Tombé lors d’un entrainement à environ 200km au sud de Crown Bay, où se trouve le camp de base de l’équipe, Fiennes avait dû enlever ses gants pour réparer les fixations de ses skis, dans un environnement hostile à -30° C. En moins de 20 minutes, quatre de ses doigts avaient gelé. « Certains diront que je n’aurais pas dû enlever mes moufles, mais si je ne l’avais pas fait, j’aurais dû resté assis là, je n’aurais pu aller nul part et je serais mort de froid. » Durant quatre jours, le blizzard avait empêché son évacuation vers l’Afrique du Sud. Fiennes était finalement arrivé le 28 février au Cap, où il avait reçu une série d’examens.
Ses cinq compagnons d’aventure – Ian Prickett, Spencer Smirl, Dr. Rob Lambert, Richmond Dykes et Brian Newham – devraient partir le 21 mars depuis la base russe de Novolazareskaya pour un voyage de 3219 km à destination de la mer de Ross. Epreuve difficile, dans une nuit presque permanente où les températures peuvent descendre jusqu’à -90° C. Le retour de Fiennes au Royaume-Uni signifie que personne ne deviendra le premier homme au monde à traverser l’Antarctique à ski, en hiver. L’équipe restante a toujours pour objectif d’être la première à effectuer cette traversée en véhicule. Dans une récente interview à la BBC, Sir Fiennes s’est déclaré confiant de leur succès: « C’est la meilleure équipe du monde (…) ils vont réussir ». Il assure par ailleurs qu’il ne s’agira pas là de sa dernière expédition.
Sir Ranulph Fiennes avait déjà souffert d’engelures à cette même main gauche en 2000, après avoir tenté d’atteindre le pôle nord seul, sans aucune assistance technique. Il avait fini par se couper lui-même le bout de ses doigts nécrosés à l’aide d’une scie. Véritable héros au Royaume-Uni, le Guinness des records le décrit comme « le plus grand explorateur vivant ».