Dans le dernier épisode d’On se pause et on cause, j’avais envie de rappeler à quel point il est essentiel de lutter pour mais surtout avec les personnes trans dans leur combat pour leurs droits. En effet, le droit à la sécurité et à la santé, le droit de vivre librement son identité mais aussi le droit de disposer de son corps sont des droits fondamentaux.
En ce moment, j’ai l’impression que l’on parle souvent de ce qui se passe aux États-Unis - et à raison. Toutefois en France, la situation est loin d’être idéale. Je vous fais donc un petit rappel qui, j’espère, vous donnera envie d’écouter l’épisode et d’aller creuser le sujet.
Bien qu’on manque de chiffres précis en France, on estime qu’en 2022, les personnes trans représentent environ 0,1 % de la population - soit entre 20 000 et 60 000 personnes. Une personne transgenre - ou en abrégé personne trans - est une personne qui ne s’identifie pas au genre qui lui a été assigné à la naissance. En théorie, l’identité de genre suffit à déterminer le genre réel d’une personne - c’est une question d’autodétermination. Pourtant, dans notre société, il est extrêmement difficile d’être reconnu·e dans son genre. Ainsi pour les personnes trans, l’expression de genre devient un outil de survie pour se protéger face à la transphobie.
Pourtant, les personnes trans ont toujours existé. Si certain·es on l’impression que l’a transidentité est un phénomène récent, c’est surtout parce que la parole ainsi que les représentations culturelles et médiatiques des personnes trans se font de plus en plus nombreuses.
De nombreuses preuves indiquent par exemple l’existence d’une conception moins binaire et moins hétéronormative du genre à travers l’histoire de l’humanité. Malheureusement, la colonisation européenne est passé par là et a érigée l’hétéronormativité ainsi que la binarité du genre en norme internationale.
Au début du XXème siècle, en Allemagne, Magnus Hirschfeld fonde l’Institut de recherche sexuelle, première structure accompagnant médicalement les personnes trans. Lieu d’accueil, de soins, d’échanges, de recherche et de soutient, cet espace est détruit par le régime nazi.
En France, les parcours trans se sont longtemps structurés sans et surtout contre les personnes concernées. Dans les années 1980, la Société française d’études et de prise en charge du transsexualisme, hostile aux revendications trans, obtient le monopole du remboursement des parcours médicaux et impose des normes restrictives.
(Peut-être que les connaisseur·euses l’ont remarqué mais j’ai volontairement fait l’impasse sur la place des femmes trans dans le mouvement transgenre parce que j’estime qu’il sera plus pertinent d’en parler lors d’un épisode entièrement consacré à la transidentité féminine).
En 2025, on en est où ? Pourquoi est-ce que je pense qu’il est primordial pour nous allié·es de s’investir et de porter les revendications des mouvements trans ?
Déjà, parce que même si la transidentité n’est plus officiellement considérée comme une maladie, le système ainsi qu’un grand nombre de personnes continuent de penser qu’il s’agit d’une pathologie - par exemple en ré-assignant constamment les personnes trans à la maladie et en exigeant des attestations de psychiatres pour que ces personnes puissent accéder aux soins.
Ensuite parce que les personnes trans mineures sont particulièrement vulnérables. Elles sont davantage exposées aux troubles de l’humeur, à l’anxiété, à la dépression, aux automutilations et aux tentatives de suicide. Ces souffrances, elles ne viennent pas de l’identité de genre mais bien de la transphobie ambiante qui imprègne notre société. C’est précisément pour ça que les luttes trans s’inscrivent parfaitement dans les luttes pour les droits des enfants. Défendre l’accès aux parcours de transition pour les mineur·es trans, c’est protéger leur santé mentale, leur bien-être et leur droit fondamental à disposer de leur corps. Laisser croire que ces parcours sont imposés par une prétendu idéologie du genre est un mensonge qui abîme et parfois tue ces enfants. Le vrai danger n’est pas la transidentité mais bien la transphobie et le rejet de l’altérité.
Enfin, je rappelle que les personnes trans sont parmi les plus exposées aux violences et discriminations. En France, 85 % des personnes trans ont déjà subi ou subiront des agressions en raison de leur transidentité. Rien qu’en 2023, les actes de haine envers les personnes trans ont augmenté de 27 % par rapport à l’année précédente. En d’autres mots, ce n’est pas la transition qui est violente mais bien la société et ses réactions transphobes.
Finalement, être allié·e des personnes trans, ce n’est pas seulement soutenir une cause parmi d’autres. C’est s’engager pour le droit universel à disposer de son corps, pour le respect des enfants, pour la liberté de vivre sa vie selon son identité profonde. En d’autres termes, s’engager dans la lutte pour les droits des personnes trans c’est s’engager pour les droits de tous les êtres humains.
Bref, j’ai discuté de tout ça dans le dernier épisode d’On se pause et on cause avec Énée. Si notre échange vous intéresse, si vous voulez mieux comprendre ces enjeux et découvrir des ressources pour aller plus loin, l’épisode est dispo ici : https://linktr.ee/onsepauseetoncause
Bonne écoute et merci <3 Pauline