Dans le dernier épisode d’On se pause et on cause, je voulais mettre en lumière l’absurdité du projet de ferme-usine de saumons de Le-Verdon-Sur-Mer. Lors de mes recherches, je me suis rendue compte que trois projets de fermes-usines avaient été lancées au cours de ses dernières années en France. Et c’est là que ça devient interessant parce qu'en vrai, comment ça fonctionne une ferme-usine de saumons?
Pour commencer, il faut savoir que la France est le plus gros consommateur européen de saumons et le quatrième au niveau mondial. Les français·es consomment en moyenne 4,2 kilo de saumons par an - derrière les États-Unis, la Russie et le Japon. La France importe pourtant 99% de son saumon. Paradoxal n'est ce pas? Alors, c’est là que les élevages entrent en jeu - et oui pourquoi ne pas produire du saumon "made in France"?
En France, il existe déjà deux exploitations de saumon - une à Cherbourg et une à Isigny-sur-Mer. Dans les deux cas, bien que les saumons évoluent dans des bassins en eau de mer, les poissons n’explorent pas les milliers de kilomètres qu’ils feraient à l’état sauvage. De plus, ces deux exploitations ne suffisent pas à combler l’appétit des français·es pour le saumon.
La solution? Produire 27 000 tonnes de saumons par an grâce à trois fermes-usines: une à Boulogne sur Mer, l’autre à Plouisy (annulée l’année dernière) et enfin une à Le-Verdon-sur-Mer. Mais quel est le problème de ces usines et de leur technologie Recirculating Aquaculture Systems (RAS)?
Déjà pour des raisons éthiques - en effet, manger des poissons entassés (entre 50 et 150 kg de saumons par m3) dans des aquariums géants ne me semble pas être super éthique.
Ensuite parce que ces fermes-usines sont ultra-énergivores. On estime par exemple que pour une ferme-usine produisant 10 000 tonnes de saumons, il faut 100 gigawattheure par an - soit l’équivalent de la consommation d’environ 43 000 français⸱es sur la même période. Une autre étude publiée en 2024 (Seastemik & Welfram) estime qu’en 2021, l’industrie du saumon a émis environ 16 millions de tonnes de C02 équivalent - soit près de l'ensemble des émissions de CO2 d'un pays comme la Croatie.
Enfin, le danger est aussi sanitaire. Les saumons, entassés les uns sur les autres, développent des maladies ou attrapent des parasites. Les contaminations sont rapides et les poissons sont alors bourrés de médicaments - ce qui n'est pas sans danger pour nous, être humains, puisqu’il est possible de développer par la suite une certaine résistance aux anti-biotiques. De plus, en mangeant des poissons, les êtres humains ingèrent des micro-plastiques - surtout en mangeant du saumon d’élevage. En fait, à cause de la bioaccumulation dans la chaîne alimentaire et de l'affinité des plastiques pour les graisses, les microplastiques sont particulièrement présents dans le saumon. Cela affecte davantage les saumons d’élevage puisqu’ils sont plus gras et vivent dans des environnements riches en plastiques. Pour vous donner un chiffre terrifiant, un·e français·e moyen·ne et ses 4,2 kilos de saumons ingère environ 468 microplastiques par an - sur un total de 97 500 provenant de différentes sources.
Finalement, en dehors des problèmes qu’engendrent les fermes-usines, je voulais rappeler qu’aujourd’hui, pour répondre à la demande globale des consommateur·ices, 1 poisson sur 2 est issu de l’aquaculture. Dans ces poissons issus de l’aquaculture, 1 tiers sont des saumons. Pour le dire autrement, en 3 secondes, 54 saumons sont abattus dans le monde, plus de 24 000 poissons sont pêchés pour alimenter les élevages de saumons et 1,5 tonnes de CO2 sont émises par l’industrie (Pinkbombs).
Si vous voulez aller plus loin, avoir d’autres pistes de réflexions, découvrir les ressources citées ou simplement écouter l’épisode, c’est par ici: https://linktr.ee/onsepauseetoncause
Bonne écoute et merci <3 Pauline