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Billet de blog 17 mars 2020

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Le virus est dangereux mais nous ne sommes pas en guerre!

Peut-on inviter d'autres métaphores que celle de la guerre dans un contexte de lutte contre le virus?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Des mots forts résonnent dans ma tête tels que « guerre », « confinement », « sanction ». L’armée est mobilisée pour venir en aide aux soignants et organiser des cellules de soin supplémentaires.

Le virus tue certes. Les médias pointent des données relatives aux morts jour après jour et concernant les milliers de cas de contamination supplémentaires. Peu de personnes seraient guéries proportionnellement aux malades. Des chiffres qui donnent froid dans le dos. Des nouvelles à tout va. « Etat d’urgence », « état de nécessité », « mesure exceptionnelle », « mesure extraordinaire ».

L’autre peut contaminer et on ne sait pas s’il est contaminant mais autant penser que si car les dépistages ne se font plus systématiquement. Autant se prémunir et prémunir l’autre, dans le doute.

L’autre peut être considéré comme suspect.

Des discours moralisateurs et culpabilisants fusent, même de la part des politiques et des autorités qui doivent assumer les responsabilités de leurs décisions. Pourquoi reporter cela sur le peuple ?

Les messages communiqués à la population donnent le tournis. D’un côté « aller travailler », de l’autre « rester à la maison ». D’un côté « éviter les lieux publiques » d’un autre, on continue les trajets dans les transports en commun pour « aller travailler ». D’un côté « ne plus se retrouver » en famille mais « favoriser l’entraide » entre voisins.

Qu’est-ce qui fait qu’une autorité ne sait pas dire « on s’est trompé ? » Est-ce qu’elle s’exposerait à un blâme ? A une sanction qu’elle préfère toutefois reporter sur le peuple ? Quel effet ça a de ne pas assumer le fait de ne pas savoir ?

Dans un monde où la tendance au contrôle et au monitoring est forte, est-il encore possible d’admettre l’erreur et à quel prix ?

Masquer l’erreur, langue de bois, qu’est-ce que ça induit ? Justifier le fait de ne pas trop communiquer pour éviter que le peuple « panique », est-ce un argument valable et fonctionnel ?

Comment instaurer la confiance ? Est-ce que plus de transparence dans un temps d’incertitude pourrait aider ? Les gens sont intelligents, ils ont des ressources, ils se posent des questions. Pourquoi ne pas plus collaborer et ouvrir des dialogues ?

  • Vous êtes en train de vous promener ?
  • Non je vais faire mes courses.
  • Vos courses ? mais vous êtes en pleine forêt et les loisirs sont interdits.
  • Oui j’ai l’interdiction de côtoyer plus de 5 personnes par jour mais je peux aller faire mes courses et si je vais faire mes courses je devrais prendre le train et côtoyer d’autres personnes alors je marche pour y aller. D’ailleurs, vous êtes la sixième, je n’ai pas le droit de vous parler !
  • Vous êtes sanctionné et vous risquez la prison ferme pour non-respect des forces de l’ordre et non-respect des mesures.

 Pour paraphraser Albert Camus, comment faire face à l’absurde. Par la révolte ou par une parole plus ouverte et le respect de l’intelligence de chacun ?

Ce n’est pas l’autre qui est dangereux mais le COVID-19 ! Nous devons nous battre ensemble contre le virus ! La situation n’est pas une guerre qui justifierait l’application de sanctions en cas de non-respect de mesures paradoxales et floues. Il s’agit plutôt d’une lutte pour la sauvegarde des intérêts de la population.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.