Te souviens-tu de quand tu corrigeais mes textes (pour les rendre plus accessibles) ? Et de ce texte qui s’intitulait « La complainte des postiers fatigués ? »
Ça fait combien de temps, t’en souviens-tu ?
Aujourd’hui les postières(er)s sont épuisé(e)s. A la notion d’utilité, j'oppose l’indispensable.
Vous êtes indispensables !
Et pour reprendre quelques lignes :
« Il croule sous les enveloppes, le pauvre. S’épuise par les mots qu’il ne lira pas. Ignore les déclarations enflammées, quelconques, désespérées… Lettres d’amour, demandes d’aide, salutations, condoléances, mises en poursuite, mauvaises nouvelles. Dos voûté, le postier transporte ces maux sans visage, interdits à sa lecture… Sans le savoir, il souffre depuis un temps inestimable des phrases qui pèsent comme une catastrophe pressentie qui n’arrivera qu’au lendemain… »
(…)
« Les postiers sont garants d’une clause secrète qui laisse le monde en paix, cloisonne les mots. En une ère de décadence, imaginez-les s’échapper des enveloppes, voler aux yeux de tous… Quelle douce fin du monde ! Cohues, vengeances, déceptions, espoirs guéris… Préservés des dérives, remercions nos amis postiers. »