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Billet de blog 18 février 2013

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Pour s’affirmer, faut-il que les pères grimpent sur des grues ?

Pour faire entendre leur voix et leur souffrance, certains pères se sont inscrits dans les milieux associatifs pour la défense des droits des papas. La rébellion du jeune père Nantais, qui à la place du sit-in, fait du stand-up sur une grue, relance le débat de l’inégalité de traitement par la justice entre les parents face à la garde de leurs enfants.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour faire entendre leur voix et leur souffrance, certains pères se sont inscrits dans les milieux associatifs pour la défense des droits des papas. La rébellion du jeune père Nantais, qui à la place du sit-in, fait du stand-up sur une grue, relance le débat de l’inégalité de traitement par la justice entre les parents face à la garde de leurs enfants.

A l’opposé, d’autres pères se soucient comme d’une guigne de voir leurs enfants. Régulièrement des pères se portent pâle pendant des années et disparaissent même dans la nature, espérant parfois que d’autres auront la bonté de prendre leur place…

Ce sont deux situations extrêmes que le législateur ne peut résoudre, parce qu’il s’interdit de s’immiscer dans la sphère intime et familiale, voire de porter atteinte aux libertés individuelles.

Droits et devoirs

Nous sommes dans un pays de confusion totale où le droit ne favorise pas la responsabilité : celle des pères dits malgré eux et celle des pères qui sont lâches, alors qu’ils ont tous les moyens pour assumer leurs responsabilités.

A côté de cela, il existe des pères qui ont des activités marquées par les aléas et auxquels le rythme calendaire et métronome de la Justice ne peut pas convenir.

La justice intervient d’ailleurs avec autant de difficultés, hormis accord amiable, pour les couples non mariés, qui rompent.

N’oublions pas non plus les recompositions familiales qui ajoutent à la complexité.

La confusion est à son comble depuis l’adoption du gay mariage : en effet, comment se résoudra la question de la garde des enfants entre les parents qui se sépareront ? Devra-t-on parler de préférence pour celui qui avait le rôle de la mère ? Mais non, ces couples-là ne connaitront pas les affres du divorce !

Que faire ?

Si les médias relaient autant cet épisode nantais, certes douloureux mais pas unique, c’est pour mettre au premier rang la souffrance des enfants. Au-delà de l’aspect spectaculaire, les médias cherchent-ils à contribuer à l’évolution sociologique ?

Le dossier de ce père Nantais fera sans doute l’objet d’un réexamen juridique, mais les ministres concernés auront-ils à cœur d’élargir le sujet aux autres pères en manque ?

On ne saurait incriminer la justice de ne pas tout réguler. Toutefois, elle est dans son rôle en entérinant les droits de garde des enfants. Elle dispose d’un levier extrêmement important : celui, financier, de la pension alimentaire. Or, l’inadéquation fréquente des montants accordés engendre souvent des frustrations qui peuvent mener à la grue. Parfois au rapt ou au suicide.

Bref, la justice est accablée de demandes et certainement dépassée, dans un cadre où les divorces se sont multipliés, où le travail est commun aux hommes et aux femmes, et où le chômage frappe sans distinction de genre.

La culture paternelle

La culture française est telle que les pères sont regardés de travers lorsqu’ils demandent par exemple, à leur entreprise ou leur administration, à bénéficier du congé-paternité. S’excluant de fait au moment de la naissance, il leur sera difficile, plus tard, de prétendre à l’obtention d’une garde améliorée de leurs enfants.

Quant aux mères, elles gagneraient à tempérer leur tendance au matriarcat. Effectivement, les mères, quand elles ont besoin de faire garder leurs enfants se tournent trop vers les grand-mères ou des nounous et des baby sitters, femmes forcément !

Dans l’esprit des enfants, l’esprit de conciliation doit l’emporter, à court terme et à long terme. De toutes les manières, il n’y aura jamais assez de grues pour tout le monde…

Isabelle  Deflandre et Pierre Boningre (ID&ethics)

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