La parabole du Boston-Terrier

Il était une fois, des habitants de la Ville Lumière mis à l’étroit par plus gentrificateurs qu’eux, et rêvant de grasses prairies, qui prirent leurs cliques et leurs claques pour se sédentariser au bout d’un petit village du Sud de la France.

Riches de toutes les farces et attrapes qu’on apprend dans les anciennes maisons ouvrières de ce quartier autrefois populaire de la Grande ville, ces Quick et Flukes décidèrent de réunir plus anciens qu’eux, lesquels étaient arrivés « nus comme des vers et grelottant », ce qui n’était pas tout à fait leur cas, et s’étaient fondus au fil des ans dans l’une des dernières civilisations rurales de ce beau pays de France.

Et cela donna de bons moments de convivialité.

Car après quelques facéties contre les nouveaux moulins-à-vent, leur ar(c)tivisme finit par porter ses fruits, et ils purent fonder leur société. Mais dans cette société, tous ne pouvaient être admis, d’autant plus que les parents des sociétaires leur avaient permis entre-temps d’acquérir logis et d’y entretenir l’entre-soi qu’il se doit.

Il n’en resta bientôt plus qu’une… Une vieille femme… Elle avait commencé à travailler à 14 ans. Autodidacte, elle avait la plus belle bibliothèque du département. Partie vivre dans les squatts de Londres sa fille sous le bras, elle avait aussi vécu la vie d’un cirque itinérant en Vésubie avant que ses fondateurs ne deviennent mondialement célèbres, épousé un peintre allemand, divorcé après avoir exploité une ferme avec un autre.

Elle était « vieille ». Et elle vendait tous les ans une portée de Boston-Terriers (non s’en s’assurer qu’ils soient bien traités.)

Un jour, l’anti-fa lui dit : « Tu ne peux plus venir à nos réunions, parce que tu élèves des chiens de nazis ». Alors, D., qui avait tellement à partager, même si elle était - est toujours heureusement ! - un peu soupe-au-lait, partit vers d’autres sociabilités.

Bien sûr, elle élevait des Boston-Terriers à cause de l’écrivaine Colette qui en a élevé toute sa vie.

L’anti-fa avait confondu « les chiens de Colette » avec les « chiens de nazis ».

Le jour où elle m'a raconté cette histoire, je me suis dit  qu'il allait y avoir un souci.

Et je crois que je ne m’étais pas trompé.

Bendy Glu

Juillet 2024 (première esquisse)