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Billet de blog 1 mai 2012

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M. Sarkozy et les racines chrétiennes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bien que opposé au mélange de politique et de réligion, voici une exception :

La déclaration de l'Union des Eglises protestantes de l'Alsace et de la Lorraine concernant les élections présidentielles et législatives :


DÉCLARATION DE L’UNION DES EGLISES PROTESTANTES
D’ALSACE ET DE LORRAINE A L’OCCASION
DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLE ET LÉGISLATIVES DE 2012

POUR L’AVENIR, UNE PAROLE PROTESTANTE

Nous citoyennes et citoyens français, membres de l’Union des Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine, constatons aujourd’hui une crise profonde et durable qui touche tous les aspects de la vie en société. Nous n’en sortirons que par de profonds changements. Cela suppose des bases éthiques fortes sur lesquelles imaginer et construire l’avenir.
Ce défi dépasse de loin la problématique des élections françaises. Les secousses que connaissent l’économie, la finance, le social et le politique sont les révélateurs d’un mal plus profond, qui nous enjoint à revoir l’idéologie qui les fonde et les structure. Les remèdes ne peuvent donc être d’ordre strictement technique. Le moment est venu pour un notre monde d’opérer une mutation fondamentale, de refondre le vivre-ensemble, de redéfinir les vraies richesses de l’existence et de redécouvrir toute la confiance et l’espérance dont l’avenir est porteur, malgré ou à cause même de la crise.

I. RASSEMBLER POUR UN MEILLEUR VIVRE ENSEMBLE

Notre vie collective est malade. La progression de l’individualisme nous conduit à mettre le moi sur un piédestal et à laisser l’autre dans l’ombre. La liberté et l’intérêt individuels étant érigés en valeur suprême, les liens se délitent, la solidarité s’effrite, et nous peinons à faire communauté. Dans ce contexte :

Nous mettons en garde contre les discours qui divisent la société en catégories et les opposent les unes aux autres. Une telle posture - récurrente dans la vie politique de notre pays - conduit au fractionnement du corps social et, plus profondément, imprime dans les consciences réflexe de méfiance et volonté de protection face à un autre perçu comme dangereux, surtout lorsqu’il est étranger. La même attitude conduit aussi souvent, dans le fonctionnement de la vie politique, à pratiquer une segmentation des électorats par groupes d’intérêts (selon la religion, la corporation professionnelle ou culturelle, l’orientation sexuelle, etc.), qui fait fi de tout projet collectif cohérent. Cette dérive est grave. Loin de lutter contre l’individualisme et le communautarisme, elle les renforce et provoque le triomphe d’un chacun-pour-soi, exacerbé de plus par une logique prépondérante de concurrence. Nous refusons donc toute politique, tout programme, tout discours qui prônent la stigmatisation, l’exclusion, et cultivent le réflexe du bouc émissaire.

Nous appuyant pour notre part sur l’Evangile, bonne nouvelle d’un peuple rassemblé, nous nous engageons en faveur de relations justes entre individus, communautés et nations partenaires et solidaires. Dans l’appel à la fraternité auquel sont invités tous les humains, nous ne voyons pas un idéal désuet, mais la condition même du vivre ensemble. Un projet basé sur le bien et l’intérêt communs est la seule voie d’avenir. Ce projet doit se décliner à tous les niveaux : en tant qu’européens, nous insistons sur la solidarité européenne, dont la mise en œuvre, après tant de drames, a offert une paix durable à un continent déchiré et mutilé ; en tant que membres d’une humanité une dans sa diversité, nous insistons sur le nécessaire souci et la défense des plus petits, des plus pauvres et des plus fragiles.

II. DISCERNER ET DÉVELOPPER LES VRAIES RICHESSES

Il fut un temps où l’on disait «Je pense donc je suis », mais aujourd’hui domine plutôt un «J’ai, donc je suis ». L’identité et la quête personnelles se réduisent à la course à la consommation et à la possession. Les effets destructeurs de ce matérialisme ambiant se font toujours plus ressentir dans l’ensemble de la société. Dans ce contexte :

Nous mettons en garde contre l’illusion selon laquelle nous pouvons continuer à vivre comme nous le faisons, moyennant quelques ajustements. Le culte de l’argent est suicidaire à court terme. Une croissance infinie de la production de biens matériels n’est pas possible dans un monde fini. Les ressources limitées de la planète l’interdisent, la biodiversité n’y survivrait pas et le climat connaîtrait des bouleversements aux effets désastreux. La course à l’exploitation de matières premières épuisables (dont l’eau, avant même le pétrole !) risquerait d’entraîner des affrontements meurtriers.

Nous appuyant pour notre part sur l’Evangile, bonne nouvelle de la « sobriété heureuse », nous appelons à une double conversion sociale et individuelle.
Conversion collective de notre regard sur la croissance, d’abord. Celle-ci doit prendre sa place au sein d’un réseau plus vaste : nous avons cruellement besoin d’une croissance sociale, morale, humaine et spirituelle. Il nous faut promouvoir et renforcer une dynamique de production de biens immatériels, de sens, de droiture, de solidarité, de fraternité et de partage des richesses.
Conversion individuelle de nos comportements, ensuite. Dans notre vie quotidienne, il convient de mettre en œuvre un idéal de « sobriété heureuse » centrée sur l’essentiel, comme nous l’avons proposé il y a deux ans dans notre brochure Vivre tout simplement. Chacune et chacun devra s’engager pour le changement voulu pour le monde, appelant à un mode de vie soutenable, à une répartition équitable des biens et à un renouveau de l’être.

III. VIVRE LA CONFIANCE ET L’ESPÉRANCE

Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, envisagent pour l’avenir des scénarios catastrophistes ou qui cèdent à la résignation. Dans ce contexte :

Nous mettons en garde contre une vision exclusivement négative des difficultés rencontrées. Nous entendons la souffrance de celles et ceux qui sont touchés de plein fouet et mesurons la gravité de ce qui nous menace. Il ne faut pourtant pas que l’enjeu nous paralyse et nous conduise à manquer de distanciation, à agir dans l’urgence, et finalement à prendre des décisions inadéquates à long terme. La peur nous avertit du danger, mais elle sait aussi être mauvaise conseillère.

Nous appuyant pour notre part sur l’Evangile, bonne nouvelle d’un avenir ouvert, nous appelons à une attitude de confiance et d’espérance dans l’action. Si crise il y a, le terme de « crise » procède étymologiquement d’un mot qui signifie « choix », « décision », « jugement ». Mais tout jugement implique un nouveau départ. En tant que tels, les événements que nous vivons depuis plusieurs années peuvent se révéler salutaires. Jusqu’ici, il a été donné à l’humanité de sortir de ses impasses. La sollicitude de Dieu en Jésus-Christ qui n’a pas hésité à donner sa vie pour tous ses enfants, permet à ceux qui l’entendent, de s’engager en faveur d’un monde de justice et de paix.

APPEL

Animés par ces convictions, nous lançons un triple appel.

A l’ensemble de nos concitoyens, et particulièrement à ceux qui partagent notre foi, nous demandons de ne pas céder à la tentation de l’abstention. Beaucoup de personnes n’accordent plus leur confiance au politique. Or, par le passé bien des combats ont marqué le prix et la valeur du droit au choix. Nous exhortons donc à se rendre aux urnes et à faire entendre chaque voix !

A l’ensemble des candidats aux élections présidentielle, puis législatives, nous demandons d’être à la hauteur de l’honneur qu’ils poursuivent. Dans la confrontation des idées tout d’abord, loin des « petites phrases » et des attaques personnelles qui blessent la démocratie ; dans l’exercice de leur charge ensuite : nous avons besoin de gouvernants vertueux au service du bien commun et d’un idéal qui crée l’espoir.

Aux uns et aux autres, nous demandons de situer les enjeux à leur vrai niveau : à hauteur d’homme et de société solidaire.

Conseil Plénier de l’UEPAL, 4 février 2012

Voici le lien :

http://www.uepal.fr/Actualites/General/declaration-a-propos-des-elections-presidentielles.html

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