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Plus qu'un mensonge, une insulte ...
En plus de criminaliser des militant.e.s écologistes dans le but de discréditer leur lutte légitime, le ministre de l'intérieur, soutenu par le gouvernement, banalise l'action terroriste. En la comparant à une mobilisation écolo, il diminue ces actes brutaux subis par les véritables victimes du terrorisme et leurs familles. C'est ce que n'a pas manqué de souligner Clémentine Autain, qui rappelle qu'on ne peut décemment pas assimiler une manifestation à du terrorisme.
Mais encore, existe-t-il réellement un mode opératoire assez violent dans ce type d'action pour qu'elle soit qualifiée de terroriste ? "En aucun cas", relève franceinfo en citant Eric Denécé, directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement. S'il peut exister dans les pays anglo-saxons des groupes écologistes ou animalistes ouvertement violents, ça n'a pas pris en France. La très large majorité des mouvements écologistes (pour ne pas dire tous) se revendique de l'action non-violente. Greenpeace, Extinction Rébellion, Action Non Violente COP21 (ici c'est même dans le nom), et bien d'autres ... se livrent à de la désobéissance civile, mais excluent catégoriquement toute forme de violence. Et quand bien même un groupe plus radical se monterait autour d'une lutte écolo, cela n'en ferait pas une organisation terroriste pour autant. Le terrorisme vise, par des actes brutaux et souvent meurtriers, à terroriser une population. Un acte politique violent n'est donc pas systématiquement terroriste.
C'est un mensonge et une grave insulte à ces militant.e.s qui luttent contre la violence de ce système toxique et la destruction de la vie sur Terre.

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Quelles conséquences ?
Nous savions depuis plusieurs années que les services de renseignement étaient détournés pour surveiller de près les évolutions de la lutte écologiste et ficher des militant.e.s. Mais aujourd'hui le pouvoir assume utiliser les services antiterroristes contre des activistes écolo et utiliser en interne le terme "écoterroristes" pour les qualifier. Selon Laurent Nunez, préfet de police de Paris, "un certain nombre d'entre eux sont fichés S". C'est une dérive dangereuse parce qu'elle vise à criminaliser une nouvelle fois l'opposition politique et parce qu'elle permet d'empêcher de façon déloyale des actions non-violentes - ça a notamment été le cas lorsqu'une action non-violente au musée d'Orsay a été déjouée par les services de renseignement. Et priver la population de modes opératoires pacifiques revient à encourager la radicalisation d'une lutte qui se veut d'abord non-violente.
C'est un détournement irresponsable de la force publique et des services de renseignement qui est d'ailleurs doublement dangereux. Si ces moyens sont investis au nom de la sécurité nationale dans la lutte contre des opposant.e.s politiques, c'est la réelle lutte contre le terrorisme qui s'en voit privée. S'il devait y avoir un nouvel attentat, que dirait Darmanin à la population ? "Désolé, on courait après des zadistes ce jour là" ? En faisant ça, non seulement le gouvernement ne protège personne de quelque action violente, mais il met en danger la population.
On aimerait être surpris.es de telles pratiques ou encore choqué.e.s de tels propos, mais ce n'est pas le cas. Lorsque le capitalisme ne parvient pas à acheter une certaine forme de paix sociale, lorsqu'il n'enthousiasme plus la population, il a recours à la coercition. Il nous faut nous attendre à de plus en plus d'autoritarisme de la part de ce système toxique et nous y préparer.