Depuis 1945, l’ordre était donné. Le capitalisme ne devait plus se séparer de la démocratie. Et puis il y a eu le covid et on a été obligé, pour sauver des vies, de renforcer l’autorité de l’Etat … Mais non, il faut qu’on s’arrête là, sans quoi vous finirez par penser qu’on a cru à cette blague.
Nous avons étudié les indices de démocratie1 des pays du Monde et, navré, mais ceux-ci ont commencé à s’effondrer dès la crise de 2007-2008. L’indice s’est rehaussé jusqu’au durcissement des régimes indien et chinois. Depuis lesdits durcissements et jusqu’en 2020 (soit en à peine 5 ans), la démocratie à l’échelle mondiale a diminué de près de 9,2 %. Comment en arrive-t-on à ce chiffre ? On va vous l’expliquer.
Si on calcule la moyenne des indices de démocratie par pays calculés par The Economist, on constate en effet une diminution en matière de droits à travers le monde, mais finalement peu significative. Mais si on tient compte de la démographie de chaque pays (le poids d’une dictature oppressant plus d’1,4 milliards d’être humain ne peut pas être le même dans le Monde que celui d’un régime garantissant les libertés de 360 000 habitants), on obtient un tout autre résultat : La démocratie s’effondre.

Tenant compte de la population que chaque pays représente, on constate que l’ensemble de l’humanité ne tend pas du tout vers plus de démocratie (et que celle-ci ne stagne même plus). Au contraire, coïncidant avec la crise de 2007-2008 et les durcissements des régimes chinois et indien (pays les plus peuplés de la planète), l’indice mondial de démocratie chute drastiquement. Mais n’allons pas croire que leur situation et le fascisme ne nous concerne pas.
Tout d’abord, il y a l’exportation du modèle de surveillance et de répression chinois. Les lois « sécurité globale » et « séparatismes » en sont directement inspirées, si bien que cette dernière tire son nom, lettre pour lettre, de son équivalent chinois. Xi Jinping ne se contente pas d’un génocide sur les Ouïghours (communauté musulmane en Chine) dans son pays, il vend son modèle brutal et autoritaire jusque dans le « pays des droits de l’Homme », qui décide désormais qu’il se construira sans ses citoyennes et citoyens musulmans.
Mais ce n’est pas le seul danger. Dans tous les pays du Monde, les régimes se durcissent. Même en retirant de la base de données la Chine et l’Inde, on observe, de 2015 à 2020, une chute de 4,6 % de l’indice de démocratie mondial. Et cette diminution a commencé dès la crise économique de 2007-2008 et le pic du « pétrole facile » (moment où les profits du pétrole étaient les plus importants, aujourd’hui les prix ont certes augmenté mais le pétrole est devenu plus coûteux à extraire). Le capitalisme ne suffit plus. La croissance n’inspire plus parce qu’elle ne profite à pratiquement personne, si ce n’est quelques milliardaires. Il faut maintenant que la classe dominante, indifféremment de ce qu’elle inflige à la planète, maintienne les foules par la coercition et la violence. Il suffit de regarder dans les yeux nos camarades gilets jaunes mutilé.e.s pour s’en apercevoir. Quand la paix sociale n’est plus achetée, elle est maintenue par la matraque.
Ce résultat peut paraître froid. Mais sortons des chiffres (ce ne sera pas plus chaleureux) : Un génocide a cours en Chine sur les populations musulmanes (avec camps de concentration en prime), les homosexuel.le.s sont torturé.e.s en Tchétchénie, l’esclavage est monnaie courante dans les pays du Golfe, les musulmans sont persécutés en Inde, et, comble de l’indécence, la France mutile et réprime tout ce qui ne convient pas à Macron et Darmanin.
La liberté s’éteint. Rallumons la pour sortir de la nuit dans laquelle les puissants nous ont plongé. Résistons à ce qu’on osait appeler autrefois « l’axe des ténèbres ».
1 Compris entre 0 et 10, l’indice de démocratie, publié depuis 2006 par The Economist, permet de mesurer l’état des droits humains, des libertés publiques, et des institutions dans les pays du monde. Plus le score est élevé, plus le pays est estimé démocratique.