Billet de blog 3 janvier 2010
Pourquoi un emprunt
Quels sont les objectifs d’un emprunt ? Premier cas : l’Etat se trouve face à une inflation à deux chiffres comme c’était le cas depuis l’après-guerre, jusqu’aux années 80. Suite du plan Marshall qui avait insufflé de grandes quantités de liquidités pour permettre à la France de faire face à sa reconstruction.
Quels sont les objectifs d’un emprunt ? Premier cas : l’Etat se trouve face à une inflation à deux chiffres comme c’était le cas depuis l’après-guerre, jusqu’aux années 80. Suite du plan Marshall qui avait insufflé de grandes quantités de liquidités pour permettre à la France de faire face à sa reconstruction. Elle était considérée alors comme trop forte par les entreprises qui importaient des matières premières, dont le pétrole. En effet, leurs cours était déjà libellés en dollars dont la valeur montait par rapport au franc de plus en plus faible. Inflation également défavorable aux prêteurs qui étaient remboursés en « monnaie de singe », lesquels ont fini par avoir l’oreille des gouvernements, de droite comme de gauche. Il a fallu pour y remédier, « pomper » les liquidités par plusieurs emprunts successifs. L’argent sorti de la poche des prêteurs, banques et particuliers à qui l’on promettait de bons rendements, a permis de contrôler l’inflation, et surtout de la stabiliser à bas niveau. Nous ne sommes plus dans ce cas, d’autant qu’avec un Euro fort par rapport au dollar, l’importation de matières premières et du pétrole est facilitée. En revanche, l’entreprise peut délocaliser dans de bonnes conditions…
Deuxième cas renflouer les caisses de l’Etat. En effet, si elles sont vides, comment payer toutes les charges de fonctionnement, les remboursements d’anciens emprunts, les services de la dette actuelle (les agios), comment continuer à investir et entretenir les infrastructures, bref tout ce qui figurait comme engagements dans les budgets précédents ? En somme, comme c’est le cas avec n’importe quelle entreprise, il faut combler ce qu’on appelle le déficit, dû à l’insuffisance des prélèvements par rapport aux dépenses. Ce qui revient à dire que le montant des impôts et taxes étant insuffisant pour le financer, il faut emprunter. Ce que l’Etat fait depuis pas mal d’années.
Le problème est que le service de la dette augmente systématiquement le déficit, ce qui nécessite d’emprunter à nouveau, et ainsi de suite. Jusqu’à quand ? Normalement il suffirait d’augmenter les impôts, pour rétablir la situation. Pas de chances, ils ont diminué : impôts sur le revenu, bouclier fiscal, et récemment baisse de la TVA sur la restauration, et enfin la suppression de la taxe professionnelle.
On se demande, pourquoi l’Etat fait exactement le contraire de ce qu’il faudrait dans le contexte actuel de la crise, c’est-à-dire insuffler des liquidités dans le circuit de la consommation pour relancer la machine économique ? Seule explication à laquelle il est pourtant difficile de souscrire : il s’agirait d’aider les banques et autres prêteurs à placer leur argent de façon sûre, sachant que le pouvoir d’achat de la population, toujours en berne, ne le permettrait pas sans risquer de renouveler la crise des subprimes. Le justifier ainsi serait une façon d’avouer qu’on préfère aider les banques que la population, ce qui est impensable…Autre avantage, profiter des bas taux en vigueur, - tablant sur le fait que ce taux augmentera forcément à moyen terme -, pour rendre cette opération moins onéreuse qu’elle le deviendrait si elle avait lieu plus tard.
Quant à l’ancienne méthode qui consistait à diminuer le poids de la dette en faisant marcher la planche à billets, c’est devenu impossible à cause de la BCE et banques centrales qui bloque toute velléité dans ce sens..
ALORS INVESTIR ?
Quant aux projets d’investissements dans tel ou tel secteur, ils valent ce que valent les promesses précédentes de qui vous savez, sachant que les recettes fiscales, sont réputées neutralisées dans le pot commun budgétaire, quelles qu’en soient les origines. La règle est qu’aucune destination future n’est programmable. Quelles que soient les études des experts Roccard-Jupé personne ne peut prédire qu’elles seront réalisées. De toute façon investir ne produit des effets qu’à moyen et long terme, alors que nous sommes dans l’urgence. Enfumage ?
Pour rompre le cercle infernal d’emprunter de plus en plus, l’Etat devra recommencer à augmenter les impôts, en se déchargeant de cette tâche nationale, commencée depuis le début de la décentralisation, sur les localités. Malgré ce qui a été promis par qui vous savez.
Toujours l’enfumage ?
La colère des Français n’aura plus qu’à se retourner contre elles. Les régions peu peuplées seront défavorisées et ne pourront plus investir. Les plus riches, comme la région parisienne et la côte d’azur, deviendront encore plus riches car elles seront les plus attrayantes. Les inégalités, vont là aussi se creuser. L’équation, moins d’impôts compensés par des économies, ne fonctionne pas malgré les suppressions de postes bâclées dans la fonction publique, l’Education nationale, les hôpitaux publics. Et si au lieu de ce « plus d’impôts » qui retombera fatalement sur la population, on taxait les entreprises ultra-bénéficiaires, banques et multinationales ? Sachant que depuis les années 80, tout a été fait en faveur des entreprises et des banques, on peut toujours rêver. L’enfumage de l’emprunt.
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