Peretz

Abonné·e de Mediapart

40 Billets

1 Éditions

Billet de blog 14 juin 2013

Peretz

Abonné·e de Mediapart

Et la croissance ?

Peretz

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et la croissance ?

Il y a des personnalités, des élites politiques, des économistes professionnels qui vous diront qu’il est possible de diminuer le chômage sans croissance. En particulier les écologistes pour qui ce mot est synonyme de surconsommation, avec ses excès. Economistes en herbe ou professionnels, ils cherchent le moyen de sortir du guêpier dans lequel nos gouvernements se sont engagés depuis sans augmentation de la consommation. Dans mon livre je prouve que c’est impossible pour des raisons techniques. A condition de mettre sous le mot de croissance l’ensemble des achats de produits finis par la population toute entière et non seulement la consommation courante. Autrement dit la production intérieure brute (PIB) à laquelle ont ajoute celle vendue à l’extérieur. Il faut prendre en compte toute la chaîne des actes d’achat, quel que soit le produit, qu’il soit de pure consommation de faible durée, ceux dits semi-durables comme la voiture automobile, et ceux durables de type immobilier.

La figure  1 « mécanise » l’économie  keynésienne.  Elle montre à l’évidence que les forces du travail productif sont portées par la monnaie qui fait tourner sur elle-même les actes d’achat en conservant la même valeur totale des échanges. C’est l’activité de l’économie réelle. La masse monétaire en mouvement correspondant au marché d’échange des biens ainsi décrite, est comptabilisable par la BCE pour la Zone euro et distinctement  par la banque centrale de chaque pays. Elle correspond au PIB, déduction faite des variations de stock. L’émission de monnaie, comme sa diminution dépend des besoins  comptés par l’ensemble des banques de chacun de ces pays à chaque variation de cette masse monétaire en relation avec l’activité.

C’est l’ensemble d’actes d’achats  qui font l’activité économique, l’économie ne fait que traduire cette activité avec des chiffres monétaires. Toute augmentation est chiffrable et correspond à des impulsions supplémentaires, qui sont dirigées dans l’espace et le temps. L’activité décrite par la masse monétaire tourne sur elle-même, l’argent qu’elle représente circulant de main en main. Cette circulation induit ainsi une tendance à extérioriser les valeurs internes comme une  force centrifuge.  Cette circulation des forces a tendance à augmenter sa vitesse  de circulation par l’arrivée permanente de nouveaux produits sur le marché du fait de l’augmentation de leur valeur ajoutée par les intermédiaires. C’est un effet de levier. L’ augmentation est « projetée »  à nouveau vers la source de production, force initiale du travail de production. Mais une partie, l’épargne,  peut être également projetée vers l’extérieur sans arriver au niveau productif des entreprises.  Ce sont en quelque sorte des fuites qui  peuvent servir à ré-augmenter le processus actif si cette épargne est réinjectée dans le circuit monétaire. Cas bien connu du rôle de l’épargne jugée à juste titre comme l’adversaire de l’activité économique chaque fois qu’elle augmente. Mais ce type de comportement  est purement psychologique. Il dépend des circonstances, du constat des effets   de la crise, et de la croyance ou non en un avenir prometteur.  Reflexe de peur que seul le charisme d’un Roosevelt a pu réussir à combattre après la crise de 1929.  Elle détermine l’investissement aussi bien des citoyens que des entreprises. Sans cela la pauvreté, la précarité et le chômage augmentent. La tendance actuelle est celle d’épargner ou en tout cas de dépenser le moins possible. L'Etat accentue le phénomène.

Cette représentation physique de l’économie montre les phénomènes dynamiques, que l’argent prend en compte comme moyen de transport des biens échangés et  évalués  à partir du produit du travail (force évoluant dans le temps et dans l’espace) dans un marché libre d’offre et de la demande.

Curieuse coïncidence c’est depuis les années 70 que le chômage a commencé à augmenter, années où l’inflation était à deux chiffres  contre  un petit chiffre d’à peine 3 % pour celui-ci. En 1973 la loi du 3 janvier  limitait le droit du gouvernement( Trésor Public) d’emprunter avec ou sans intérêt,  à la Banque de France des sommes qui dépassaient quelques dizaine de milliards de francs. Ce frein à l’emprunt de l’Etat a été définitivement bloqué par les articles du traité de Maastricht en 1993, et repris à chaque nouveau traité européen. Les Etats membres  sont donc contraints d’ emprunter aux banques privées à chaque besoin de financement du déficit. Il est vrai que l’augmentation permanente des dépenses insuffisamment couvertes par ailleurs par des recettes,  avait tendance à augmenter logiquement la masse monétaire en circulation, ce qui augmentait la tendance inflationniste. On sait que plus celle-ci augmente et plus la valeur  réelle de l’argent diminue. C’est purement arithmétique : le gâteau étant  davantage divisé, il faudra davantage de parts (unités monétaires), pour acheter le même bien.  Bien que le chiffre nominal reste le même il aura perdu de valeur réelle. Il en faudra davantage qu’auparavant. Les intermédiaires du circuit monétaire (banques, commerçants, importateurs) qui ne sont pas fous augmentent leurs prix pour compenser cette perte de valeur.  Parfois avec anticipations ce qui fait tourner encore plus la valeur globale  en circulation, donc la planche à billets.

Cette perte de valeur réelle était évidemment ressentie par les prêteurs, et ce d’autant plus que les dettes des particuliers ont des échéances lointaines. Intolérable pour les prêteurs qui ont une réaction évidente : augmenter le niveau de intérêts. Hélas, plus celui-ci augmente, moins les emprunteurs se précipitent pour solliciter leurs aides. Cercle vicieux qui, à leurs yeux n’a qu’une seule issue : arrêter l’augmentation de la masse monétaire. Or  70 % de celles-ci provenaient des salaires versés (privés et publics), ou des retraites. D’où la pression exercée sur le patronat, qui ne demandait pas mieux, et sur la fonction publique, pour diminuer progressivement cette part de la masse salariale en circulation. Ceci serait justifié par le risque d’inflation galopante des années 20 en Allemagne.  Bien que l’origine en ait été totalement différente.  Cette part  de masse salariale se situe actuellement autour de 60 % du fait du freinage permanents aux augmentations salariales. Les 40 %  non salariaux sont  réparties entre l’argent souverain de l’Etat, et celui des financiers. Or l’Etat a plus de dettes que de créances. Reste les financiers, au bas mot les banques.  Mais l’affaire ne s’arrête pas là. En effet les banques ne sont contractuellement  (depuis Bâle 2) d’avoir au minimum en fonds propres que 8 % des sommes qu’elles font circuler.  D’où le schéma suivant qui tient compte de cet argent financier.

On comprend qu’un obstacle dans la circulation monétaire, en fait si  une trappe s’ouvre comme on l’a vu avec les « subprimes » par une disparition brutale et significative  de liquidités, la masse générale en circulation diminue, avec ce que cela suppose de pertes de…salaires qui baissent. Ce qui se répercute sur les achats des particuliers. Lesquels obligent les producteurs à diminuer leurs effectifs, ce qui se répercute sur les achats, etc. dans un cycle d’augmentation permanente  induit par la récession, laquelle je le rappelle a pour origine la baisse de la masse salariale.  C’est là ce que se situe ce que cyniquement les économistes appellent la variable d’ajustement, le chômage structurel de masse. Le problème est qu’il est impossible de savoir jusqu’où ce jeu de massacre peut conduire... Cette descente aux enfers, appelle la déflation qui permet à ceux qui ont des liquidités d’acheter  les entreprises qui n’ont plus de liquidités par baisse de leur chiffre d’affaires.  Changement prévisible de propriétaires qui fait rentrer dans ces pays les grandes entreprises et les financiers internes ou externes  qui ont, eux, des liquidités, dans un jeu gagnant-gagnant issu de la rigueur à l’affut de bonnes affaires dont des privatisations des entreprises dans lesquelles l’Etat a des participations totales ou partielles.

Et l’Etat dans tout ça ? Il aurait les moyens de renverser ce cycle infernal…en dépensant plus pour payer ses fonctionnaires, et en engageant plus,  en obligeant les entreprises à augmenter sensiblement leurs salariés (SMIC) avec éventuellement compensations à la clé, en augmentant les retraites. Toutes choses qui vont totalement à l’encontre de ce qu’il fait actuellement. Certes on augmenterait  la dette et le déficit.  Quand bien même ! Si c’est pour diminuer le chômage en relançant la croissance, elle-même dynamisée par la confiance revenue en même temps que le pouvoir d’achat ! Et par ricochet, cotisations et impôts augmentent les rentrées, diminuent la dette.  J’ai dit ailleurs ce qu’il fallait  penser des dettes souveraines. Si c’était pour remettre à terme les choses à l’endroit ! Lire Molière et Shakespeare, et d’autres auteurs qui se sont amusés des dettes de leurs personnages endettés. Alors s’agissant de l’Etat, on pourrait s’en amuser également… s’il les effaçait d’un trait de plume, ce qui est normalement en son pouvoir.  A moins qu’il soit complice des banques. A quel jeu perdant-perdant  de Gribouille jouent nos dirigeants ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.