En tant que chefs d’entreprises mais aussi responsables économiques, nous ne devons pas craindre de dire aujourd’hui qu’il convient, durant cette période, de recréer par tous les moyens possibles une solidarité entre les Français.
La crise économique dans laquelle nous sommes en train de plonger, exige que nous sortions des combats idéologiques afin de pouvoir analyser objectivement les changements nécessaires qui permettront de limiter les coûts humains, sociaux et économiques de cette crise dans les mois et les années à venir.
Il en va ainsi des 35 heures comme des heures supplémentaires. A l’heure où un plus grand nombre de salariés sont obligés de subir un chômage partiel, à l’heure où la courbe des demandeurs d’emplois s’envole inexorablement et atteindra avant la fin de l’année le chiffre de 3 millions de personnes, il convient d’adapter la politique de l’emploi aux enjeux colossaux et non moins inéluctables qui s’imposent à nous.
Il y a urgence à sortir d’un système où les uns cumuleraient tous les avantages alors que les autres n’auraient droit qu’à tous les inconvénients.
Car enfin, comment justifier de continuer à payer des heures supplémentaires à certains tandis que d’autres restent sur le bord de la route ?
Comment justifier de défiscaliser ou de rendre non chargeables des heures supplémentaires - alors même que les caisses du chômage et des retraites sont en déficits - et de pousser ainsi, de facto, les entreprises à ne pas embaucher ?
Comment accepter, qu’au nom de la liberté, on autorise aujourd’hui les salariés de plus de 65 ans à continuer de travailler jusqu’a 70 ans, alors même que des jeunes de 25 ou 30 ans désespèrent qu’une place se libère pour eux ?
Il y a urgence à repousser à après la crise, les mesures prises et qui rendent inaccessible le marché de l’emploi à nos jeunes. Nous sommes là devant une sorte de non assistance à personnes en danger auprès d’une génération dont l’entrée sur le marché du travail n’est qu’une course d’obstacles et qui n’a pour horizon que le chômage, la galère des petits boulots, ou l’enchainement de stages devenus aussi précieux qu’un véritable emploi. On pourra toujours quand l’emploi reviendra en ligne de mire, “libérer” alors les heures supplémentaires et, autoriser le travail de nos plus séniors. Mais, aujourd’hui, dans les circonstances que chacun connaît, cela ne peut plus être la priorité.
Il faut impérativement rendre l’embauche d’un jeune moins couteuse que des heures supplémentaires versées à des salariés déjà en place.
Il faut rendre l’embauche de jeunes indispensable, en ayant le courage de mettre à la retraite, les plus âgés des salariés.
Nous devons également accepter d’intégrer la notion de pénibilité des taches afin de mettre à la retraite plus tôt les salariés qui ont eu un emploi pénible et qui ont une espérance de vie plus courte. C’est là encore une question de solidarité. Nous pourrons ainsi plus facilement donner du travail à nos plus jeunes, réduire le déficit de nos caisses chômages, retraites, et rendre notre système social plus juste.
Le temps est venu aussi, de renouer avec la notion de partage du travail. Les 35 heures ne doivent plus être un tabou pour les uns et une chance pour les autres. En cette période une application intelligente des 35 heures permettrait de recréer de l’emploi, en acceptant en contre partie l’embauche massive de salariés dans les hôpitaux par exemple. Comment ne pas préférer un emploi à l’hôpital à un chômeur qui désespère d’être utile à la société ?
Enfin, qui osera le dire parmi nos hommes politiques, il faut revaloriser l’impôt.
Qui osera dire qu’en cette période il convient que les plus riches participent plus que par le passé au financement de la dépense publique. Il faut remettre en place un véritable impôt de solidarité, impôt sur la fortune sur toutes les familles qui possèdent des richesses importantes, au delà par exemple de 2 ou 3 Millions d’Euros de fortune d’un foyer hors résidence principale, impôt de solidarité sur les revenus au delà d’un montant de revenus important, au delà de 300 000 ou de 400 000 euros par an par exemple. L’impôt est l’instrument même de la solidarité. Mais il faut aussi que les hommes et femmes politiques montrent l’exemple, renoncent au cumul de revenus et de retraites, au cumul d’un mandat avec l’exercice d’un métier. Comment accepter qu’un sénateur touche une retraite tout en empochant ses indemnités, qu’un député puisse toucher des revenus comme avocat tout en étant payé comme député ?
La crise rend nécessaire l’équité et la solidarité. Pas facile. J’en conviens. Oui, c’est un chemin difficile à priori mais, tellement plus satisfaisant en réalité.
Il faut renouer l'économie et la morale et c’est à l’état de montrer l’exemple.