Zeymour soutient que l’antiracisme a pris la suite du communisme. De même que l’anticommunisme était "honteux", entendez: n'osait pas s'afficher (Sartre : tout anticommuniste est un chien), de même toute infraction à l’antiracisme est une faute, le racisme est honteux, en ce sens. Il est vrai, historiquement (voir le livre de Furet, Le passé d'une illusion) que l’antifascisme a fait la fortune du communisme (Guerre d’Espagne, écrasement du nazisme par Staline) et a été son principal fond de commerce. Il est vrai aussi que l’instrumentalisation de l’antiracisme ou des valeurs humanistes, républicaines, socialistes, a pu servir d’outil idéologique à telle ou telle force politique. M. Zeymour devrait donc être bien plus circonspect avant d'enfourcher la monture qu'il choisit pour critiquer la gauche. Enfin, de même que l’instrumentalisation, si répandue, de la morale par l’hypocrisie et la mauvaise conscience ne prouve pas que la morale, la vraie, soit sans valeur, de même ce constat ne prouve pas que l’antiracisme soit en lui-même faux, et encore moins que le racisme soit justifiable ; cette instrumentalisation est un fait, la dénoncer revient à dénoncer telle ou telle hypocrisie ou naïveté, mais rien d’autre. Le discours de la droite (Zeymour est un journaliste de droite affiché) ne doit donc pas conduire, inversement, à susciter chez les militants ou les sympathisants de gauche, ou simplement chez les républicains, une honte d’être antiracistes, antifascistes, etc. Et l'on peut ajouter aujourd'hui (en 2012) qu'à force de vulgariser ce type de propos, on finit par avoir un racisme de moins en moins honteux dans le sens ci-dessus, un racisme "décomplexé" comme on dit aujourd'hui, honteux dans le sens le plus ordinaire du terme.
Billet de blog 10 août 2008
Zeymour
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