Florent Pagny, jadis héraut des opprimés fiscaux, poète de la "liberté de penser", aujourd’hui défenseur zélé de… ceux qui n’ont pas envie de partager. Ça surprend, non ? Allons voir de plus près.
Le bon vieux temps : “Ma liberté de penser”
Souviens-toi : début des années 2000, Pagny chante Ma liberté de penser, dans laquelle il se lamente auprès du fisc. “J’peux vider mes poches sur la table / ça fait longtemps qu’elles sont trouées…” Le mec qui se voulait représentatif du peuple, qui souffrait à cause des lourds impôts, des injustices fiscales.
À cette époque, il avait de vrais démêlés avec le fisc — accusé de ne pas avoir déclaré ses revenus, poursuivi pour fraude fiscale. Bref, il se posait en martyr d’un système injuste.
Le virage remarqué : plus riche, plus protégé ?
Mais voilà que Florent Pagny change de registre. Maintenant, il déclare à qui veut l’entendre que “la chasse aux riches, c’est des conneries”, que taxer davantage les plus fortunés est une “mauvaise direction”, et que “le riche, quand tu viens le taxer, il s’en va – il fait vivre beaucoup de monde”.
Et pendant ce temps, lui-même profite largement des avantages fiscaux du Portugal : exonérations sur les royalties, pas d’impôt sur la succession, cadre fiscal plus que confortable. Autrement dit, on a quitté la complainte du petit contribuable oppressé pour passer à la défense du club des privilégiés.
L’ironie : le peuple, le fisc, et le “je”
Voilà le grand écart : celui qui chantait hier son combat contre le fisc au nom du peuple se retrouve aujourd’hui à défendre la préservation des fortunes. Ce n’est pas interdit de changer d’avis, bien sûr. Mais il y a quelque chose d’assez cocasse à passer du “tout prendre sauf ma liberté de penser” à “surtout, ne touchez pas aux riches, ils font tourner l’économie”.
Les chiffres pour pimenter
En 2005, il a été condamné pour fraude fiscale : six mois de prison avec sursis et 15 000 € d’amende.
En 2017, il s’installe fiscalement au Portugal, attiré par un système qui exonère les héritages, supprime l’impôt sur la fortune et ménage les revenus d’artistes.
En 2025, au moment où la France débat d’une plus forte contribution des hauts revenus, il se dresse publiquement contre cette idée, expliquant qu’il faut “laisser tranquilles les riches”.
Conclusion sarcastique
Pagny, c’est l’histoire d’un chanteur qui s’était présenté comme la voix des opprimés fiscaux et qui finit par chanter la messe des nantis. Hier, il se voulait victime de l’État collecteur ; aujourd’hui, il explique qu’on ferait bien de chouchouter ceux qui ont beaucoup, parce qu’ils “font vivre du monde”.
Autrement dit : de la liberté de penser à la liberté de thésauriser, il n’y a qu’un refrain.

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