PHILIPP SHAFTE (avatar)

PHILIPP SHAFTE

ENRAGé CONTRE L' INDIGNITé

Abonné·e de Mediapart

20 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 septembre 2025

PHILIPP SHAFTE (avatar)

PHILIPP SHAFTE

ENRAGé CONTRE L' INDIGNITé

Abonné·e de Mediapart

MOURAD BOUDJELLAL : DE LA PROVOCATION À LA TRAHISON DES SIENS

PHILIPP SHAFTE (avatar)

PHILIPP SHAFTE

ENRAGé CONTRE L' INDIGNITé

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mourad Boudjellal aime se mettre en scène. Hier président de rugby, aujourd’hui chroniqueur médiatique, il s’est fait un nom en provocateur.

Mais voilà qu’il s’attaque à ceux qui devraient être ses héritiers, sa jeunesse, en leur balançant avec morgue : « Cassez-vous ! ».

Un mot d’ordre indigne, qui résume le mépris de classe et de génération d’un homme qui ne sait plus à qui plaire, si ce n’est à ses amis de plateau télé.

Car il faut rappeler qui parle. Ce même Boudjellal qui se plaisait à se poser en rebelle du rugby français, en homme qui disait « emmerder les élites » du Top 14.

Celui qui se présentait comme l’enfant d’immigrés ayant réussi, symbole d’intégration, d’audace et de courage. Celui qui répétait qu’il ne fallait jamais se soumettre.

Aujourd’hui, c’est ce même homme qui demande aux jeunes, et singulièrement aux jeunes issus de l’immigration comme lui, de « casser » leur avenir en quittant le pays. Quelle ironie. Quelle trahison.

On se souvient aussi de ses multiples volte-face politiques. Boudjellal candidat manqué à la mairie de Toulon, flirtant avec les Verts, puis avec la gauche, puis avec Macron… avant de disparaître dans l’indifférence générale.

Chaque fois la même méthode : provoquer, choquer, exister dans le vacarme médiatique. Mais jamais construire. Jamais proposer une vision durable.

Son dernier coup de com’ dire aux jeunes de « dégager » s’inscrit dans cette logique.

Plutôt que de soutenir une génération précarisée, enfermée dans le chômage et le mépris, il choisit la facilité du slogan insultant.

Facile quand on a soi-même profité de la République, de son école publique, de son système sportif, de son marché du livre et des subventions qui ont aidé Soleil Productions à prospérer.

Et c’est bien là l’hypocrisie fondamentale : Boudjellal se réclame de la France quand cela l’arrange, mais tourne le dos à ceux qui la portent aujourd’hui.

Ses anciennes diatribes contre le racisme dans le sport ? Évaporées.

Son discours sur l’importance de l’éducation et des modèles pour les jeunes issus des quartiers ? Jeté aux orties.

À la place, une sentence creuse, qui fera sourire sur les plateaux télé mais qui laissera des cicatrices dans l’esprit de ceux qui l’entendent.

Alors non, Monsieur Boudjellal. On ne dit pas à une jeunesse de se « casser ».

On l’encourage, on la soutient, on l’aide à bâtir un avenir ici, pas ailleurs.

Ceux qui devraient « casser » ce sont vos postures de tribun fatigué, vos pirouettes politiques sans colonne vertébrale, et vos provocations faciles qui ne trompent plus personne.

La vérité, c’est que Mourad Boudjellal, en tenant ces propos, s’est définitivement exclu de ce qu’il prétend incarner : une voix différente, une voix libre.

Car être libre, ce n’est pas insulter sa jeunesse.

C’est se battre pour elle.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.