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Billet de blog 20 septembre 2025

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NON LES NOIRS ET LES ARABES NE VIVENT PAS SUR LE DOS DES GAULOIS:

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ah, Laurent Wauquiez. Toujours prompt à monter sur ses ergots pour désigner le grand coupable de tous nos maux : « l’assisté ». Dans son imaginaire aux couleurs sépia, l’assisté a forcément la peau sombre, un prénom qui ne sent pas la vieille France, et il passerait ses journées à siroter des bières dans une cité pendant que le « vrai Français », celui qui est blanc, besogneux et qui paie ses impôts, se ferait dépouiller par l’État.

C’est le storytelling classique de la droite et de l’extrême droite : un récit mensonger, mais efficace, qui flatte les rancunes et attise les peurs. Sauf que ce récit ne tient pas une seconde face aux faits.

LE PRODUCTEUR HÉROÏQUE CONTRE LE PARASITE IMAGINAIRE

Ce que pratique Wauquiez n’est pas nouveau. Cela a un nom théorisé par Michel Feher : le producerism. Une idéologie qui oppose les « vrais producteurs » (les travailleurs, souvent décrits comme blancs, modestes et méritants) aux « parasites » (les assistés, souvent racialisés, accusés de vivre de la sueur des autres). C’est une vieille mécanique populiste qui permet de détourner la colère sociale loin des puissants, des milliardaires et des vrais profiteurs — pour la concentrer sur les plus fragiles.

En réalité, ce n’est pas l’ouvrier blanc de Haute-Loire qui paie pour l’étudiant arabe ou pour la mère noire au RSA. C’est l’ouvrier blanc, noir ou arabe qui, ensemble, paient pour les cadeaux fiscaux aux grandes fortunes, pour le bouclier doré de Bernard Arnault ou pour les dividendes des actionnaires. Mais ça, Wauquiez se garde bien de le dire.

LES CHIFFRES QUI DÉRANGENT LEURS FABLES

Car enfin, mettons les pendules à l’heure. Non, quelqu’un qui ne travaille pas ne gagne jamais plus qu’une personne qui travaille. Le RSA, c’est 607 € par mois. Ajoutons les APL, peut-être quelques allocations familiales : on atteint tout juste de quoi survivre. Pendant ce temps, le SMIC net dépasse 1400 €. Où est la « rente de l’assistanat » ? Dans la bouche des politiciens menteurs, pas dans la vie réelle.

Mais la manipulation consiste à montrer quelques cas isolés — réels ou inventés — pour en faire une généralité. On construit alors un mythe : celui d’une France pillée par des hordes d’assistés, tandis que les vrais « Gaulois » triment et se font plumer. C’est un mensonge grossier, mais qui nourrit le ressentiment identitaire et prépare les victoires électorales.

WAUQUIEZ, L’ASSISTÉ DE LUXE

Et pendant qu’il fustige le RSA, que fait Wauquiez ? Il se gave. On a vu ses dépenses somptuaires : dîners gargantuesques payés par l’argent public, petits festins aux truffes et aux grands crus financés par les contribuables. Un RSA pour les pauvres, un caviar pour lui. Voilà le vrai visage du moralisateur.

Il parle de « trop d’assistés », mais n’est-il pas lui-même le premier assisté ? Son existence politique entière repose sur l’argent public. Ses notes de frais dépassent de loin ce que perçoivent ceux qu’il insulte. Et c’est cet homme qui se permet de donner des leçons de vertu et de travail.

UNE MANIPULATION AUSSI VIEILLE QUE LA HAINE

Soyons clairs : la droite et l’extrême droite jouent toujours la même musique. Elle consiste à diviser le peuple : dresser l’ouvrier blanc contre l’ouvrier noir, l’infirmière française contre la caissière d’origine maghrébine, le travailleur précaire contre le chômeur. C’est l’illusion d’une France coupée en deux : les producteurs et les profiteurs.

Mais les profiteurs, les vrais, ne sont pas là où Wauquiez les désigne. Ils sont dans les conseils d’administration, dans les niches fiscales, dans les héritages colossaux exonérés d’impôt. Et tant que l’on regarde du côté des prétendus « assistés », on ne regarde pas du côté des milliardaires. Voilà tout l’art de cette imposture.

CONCLUSION

Alors oui, Laurent Wauquiez peut continuer ses sermons en doudoune rouge, en expliquant que « trop, c’est trop », que « la France en a marre de payer pour les assistés ». Mais qu’on ne s’y trompe pas : le mensonge est cousu de fil blanc. La vérité, c’est que ceux qui paient, ceux qui produisent, ceux qui bossent, ce sont les mêmes qu’il insulte — qu’ils soient blancs, noirs ou arabes.

Et ceux qui mangent à la table des banquets, qui trinquent au Bordeaux millésimé payé par nos impôts, ceux-là n’ont jamais été à la CAF. Ils s’appellent Wauquiez.

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