Mis et Thiennot : un film et des soutiens
Publié le 13/01/2018 à 04:55 | Mis à jour le 19/01/2018 à 15:54
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1990. Gabriel Thiennot et le réalisateur René Vautier, devant la mairie de Mézières-en-Brenne.
© Photo NR
Un comité national de soutien à Mis et Thiennot vient d’être reconstitué. On y retrouve notamment les Bodin’s. Une soirée est programmée, vendredi 19, à 20 h 30 à l'Apollo.
A l’automne de sa vie, cet ancien vacher brennou a décidé de mettre de l’ordre dans ses souvenirs. Fin décembre, il a donc envoyé un courrier à Léandre Boizeau. De son écriture trouble de vieil homme, sans la moindre faute d’orthographe, celui qui est pensionnaire d’une maison de retraite de Mézières-en-Brenne, a tenu à apporter sa version du drame survenu en décembre 1946, alors qu’il était âgé de 24 ans. Pas de révélation. Mais ce courrier a confirmé les membres du comité de soutien dans leur conviction : plus que jamais, l’affaire Mis et Thiennot continue à hanter les esprits.
Le problème, pour la présidente du comité, Helga Potier, est de trouver les moyens d’entretenir la flamme. Après une demi-douzaine de vaines requêtes en révision, le rejet de la proposition de loi visant à élargir les possibilités de saisine de la cour de révision et de réexamen de demandes en révision d’une condamnation pénale, a constitué un nouveau revers. Plus de soixante-dix ans après le déclenchement de l’affaire, ils auraient pu baisser les bras. Les dizaines de bénévoles qui composent le comité de soutien ont tout au contraire, décidé de remonter au créneau.
« Le rejet de l’amendement démontre à l’évidence que nos parlementaires ne connaissent pas l’affaire Mis et Thiennot. Un courrier va leur être envoyé. » Pour donner plus de poids à la missive, un comité d’honneur national vient d’être reconstitué. On y trouve notamment Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet, les fameux Bodin’s, mais aussi les écrivains Gilles Perrault et Nancy Houston, ainsi que l’ancien président de la Ligue des droits de l’homme, Me Henri Leclerc.
Images inédites« Une trentaine de communes de l’Indre et du Cher ont donné le nom Mis-et-Thiennot à une de leurs rues ou places. Pour nous, de telles décisions sont le signe d’une volonté farouche de poursuivre la lutte pour la réhabilitation », affirment en chœur Helga Potier et Léandre Boizeau.
Ces deux figures de proue seront évidemment présentes, vendredi 19 janvier, au cinéma L’Apollo, à Châteauroux. En avant-première d’une prochaine série web TV, le public aura l’occasion de découvrir des images d’archives inédites. « En 1989 et 1990, nous étions venus avec René Vautier (auteur du célèbre Avoir vingt ans dans les Aurès) tourner un documentaire sur l’affaire Mis et Thiennot, se souvient le réalisateur, Michel Le Thomas. Nous avions alors interviewé Émile Thibault, Raymond Mis, Gabriel Thiennot, ainsi qu’une infirmière et un gardien de la prison de Châteauroux. Le sujet était resté en friche. Il y a trois ans, juste avant de mourir, René Vautier m’a dit qu’il serait bien d’en faire quelque chose. »
Le fruit de ce travail vieux de vingt-huit ans sera donc proposé, vendredi prochain, sous forme d’une diffusion entrecoupée de témoignages. « Les images sont uniques et d’une sacrée valeur patrimoniale. » Le combat continue.