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Billet de blog 24 octobre 2013

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Le livre " Enquête à Estrosi City " au tribunal : un procès fait à la liberté d'informer

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lundi 21 octobre, j'ai comparu en correctionnelle aux motifs de diffamation et injures publiques à propos de mon dernier livre Enquête à Estrosi City, autopsie d'un leurre, que j'avais écrit et édité en mars 2012. Même si l'on n'est parait-il jamais mieux servi que par soi-même, je n'avais pas l'intention d'écrire moi-même sur le sujet, c'est-à-dire en quelque sorte sur moi-même à travers le procès qui m'était fait à travers mon livre (vous suivez ?) Les médias ayant ouvert le bal (voir à la fin de cet article), je serais bien bête de faire tapisserie. Surtout, en tant que prévenu en ce qui concerne le procès qui m'est fait, la loi me permet de m'exprimer, mais aussi en tant que citoyen s'agissant d'un livre consacré à la gestion municipale et en tant que journaliste s'agissant d'un livre destiné à informer mes concitoyens, je pense que je dois le faire, tant que je m'en tiens à mon livre, à ma ligne de défense déjà connue et à rapporter des faits et des débats qui ont eu lieu pendant cette audience qui était publique, donc visibles et audibles par tout le monde.

Si j'écris sur moi, c'est parce qu'en réalité, ce n'était pas moi en particulier que visait ce procès, ce n'était même pas mon livre : c'est la liberté d'information. C'est le droit d'informer les citoyens, et le droit des citoyens à être informés. Une phrase, une seule, résume à elle seule et démontre que ce procès exprimait bien la volonté de censurer l'information, ce fut même la dernière phrase prononcée par le dernier avocat de la partie civile, qui a demandé au tribunal de me "condamner lourdement pour dissuader d'autres auteurs" qui seraient tentés de suivre mon exemple. Bref : censurez, y a rien à voir. Ce que mon défenseur, Maître Michel Cardix, a effectivement relevé, soulignant que, évidemment, les politiques aimeraient bien que les plumes restent assoupies et alanguies, afin de ne pas déranger.

Accessoirement, que me reprochait-on ? De n'avoir pas mené une enquête journalistique : les lecteurs niçois apprécieront, puisqu'ils peuvent vérifier tout ce que j'ai écrit, certains événements que j'avais annoncé s'étant même réalisés et développés depuis. De ne pas être éditeur : j'étais inscrit au registre du commerce depuis février 2012 (un mois avant la parution de mon livre) sous le code APE 5811Z "Edition de livres" comme le prouve ce certificat de l'Insee, que curieusement les avocats de mes adversaires (qui m'ont accusé d'exercer cette profession illégalement) n'ont pas été capables de (ou pas voulu ?) se procurer (pour le détail, cette structure est devenue une SAS en décembre 2012). Et puis, à l'avenant, d'être "médiocre", "lâche", "pleutre"... Bref, un débat de haute volée... Comme on dirait dans la presse : si tu n'as que ça a dire, coco, je préfère que tu t'occupes de la rubrique météo.

Préalablement au procès lui-même, le fait remarquable, c'est que si j'ai fait l'objet de huit plaintes différentes - entraînant huit procès -, aucune n'émanait de la personne qui, logiquement, aurait été la plus légitime à m'attaquer si mon livre avait été réellement diffamatoire, c'est-à-dire mensonger et de mauvaise foi : Christian Estrosi, dont la gouvernance est précisément le sujet de mon ouvrage. Il fut le grand absent. En revanche, mis à part une plainte émanant d'un élu d'une commune périphérique qui a finalement choisi de se désister, j'ai été attaqué par des proches du maire. Coïncidence ? Sans doute pas, puisqu'il est apparu que les frais de consignation judiciaire de toutes ces personnes (quand on se constitue partie civile, il faut consigner une somme d'argent de quelques milliers d'euros) ont été avancés par la régie municipale, c'est-à-dire la mairie (c'est-à-dire avec l'argent des contribuables). Cela se justifie pour une personne dépositaire de l'autorité publique, comme l'adjoint aux Sports Gilles Veissières. Cela se justifie moins pour des personnes qui attaquent pour injures publiques envers des personnes privées...

En revanche, si Christian Estrosi ne m'a pas attaqué lui-même, il m'avait fait attaquer par les corps constitués, c'est-à-dire la mairie de Nice et la Métropole Nice Côte d'Azur. Il a donc estimé que si je ne l'avais pas diffamé lui, j'avais diffamé ses administrés, c'est-à-dire mes concitoyens. C'est son droit. Mais alors c'était aussi son devoir de leur demander leur avis, à travers leurs représentants, les conseillers municipaux et métropolitains. C'était même une obligation légale de les faire voter. C'est logique : puisque les corps constitués attaquent en justice avec l'argent des contribuables, la moindre des choses consiste à demander aux contribuables s'ils se sentent diffamés et s'ils sont d'accord pour payer des avocats (des bons de préférence...) Christian Estrosi ne l'a pas fait. 

Ce faisant, le maire de Nice n'a respecté ni la légalité, ni la démocratie, ni les deniers publics. Et il a ainsi justifié et résumé l'objet et le contenu de mon Enquête à Estrosi City.

Philippe CARLIN
(directeur de publication de L'Intrus - www.lintrus.info)

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