Finances publiques: La situation se dégrade
« La situation se dégrade ». Ce constat est d’Orlando Robimanana, directeur général du Trésor public.
Hier à Anosiala, en marge de la remise des clés aux fonctionnaires bénéficiaires des logements construits par la vice-primature en charge du Développement et de l’Aménagement du territoire, il a expliqué « Les difficultés ont commencé en 2009 et depuis deux ans, nous n’avons pas cessé de tirer la sonnette d’alarme. La situation ne va pas s’améliorer. Au contraire, elle se dégrade parce qu’on touche au peu de recettes dont l’Etat dispose. On a supprimé l’impôt sur le revenu pour les militaires. On suspend les droits et taxes à l’importation pour les produits pétroliers. Et maintenant, le secteur privé a décidé le gel fiscal. En revanche, les dépenses publiques ne cessent de gonfler : on demande des nouveaux avantages, on subventionne les compagnies pétrolières et la Jirama… Bref, la situation devient très difficile ». Le DG du Trésor déplore l’inertie des autorités face aux alertes lancées par les techniciens malagasy. A ses yeux, c’est un manque de confiance envers ces techniciens. Par contre, les autorités se réveillent brusquement lorsque les bailleurs de fonds évoquent les difficultés dans lesquelles le pays s’enfonce.
C’est la raison pour laquelle le pays affiche un score de 3 sur 6 (6 étant la note la plus performante et 1 la médiocre), en matière de valorisation des ressources humaines. Ce chiffre est tiré de l’évaluation des politiques et des institutions en Afrique (CPIA 2013) de la Banque mondiale.
Concernant la gestion des finances publiques à Madagascar, des pays développés s’étonnent qu’elle ne s’effondre après quatre années de crise marquée par la rigueur budgétaire, le gel d’une partie des aides étrangères, l’absence d’aides budgétaires. Voilà pourquoi le Trésor public a été invité à partager ses expériences dans des conférences internationales. Malgré tout, la persistance de la crise n’arrange pas les choses.
La Banque mondiale a déclaré récemment que malgré une bonne gestion macroéconomique, Madagascar va sûrement voir se dégrader bientôt les indicateurs dans ce domaine. Le plus à redouter est la hausse du coût de la vie. Avec un appauvrissement quasi-généralisé de la population, une inflation à 2 chiffres pour les prochaines années se traduira pas des graves problèmes socioéconomiques. Les entreprises aussi en souffriront beaucoup. Elles ne peuvent pas réviser leurs prix à la hausse. Or, le coût de revient augmente.
Dans l’industrie, l’énergie à elle seule représente 40% de ce coût. Mais le scénario de l’inflation galopante risque de prendre forme tôt ou tard d’après le DG du Trésor. En effet, l’Etat abandonnera un jour le système de subventions du marché pétrolier. Ce jour-là, la vérité des prix sera de retour sur le marché pétrolier.
Pour l’heure, l’Etat n’a aucune stratégie pour y faire face : il ne gouverne pas puisqu’il ne prévoit rien, il se contente de jouer au pompier. Certes, les pétroliers affirment qu’ils ne procéderont pas d’un seul coup à une forte hausse des prix à la pompe, mais une hausse, petite ou grande, provoque toujours un effet psychologique entraînant une augmentation des prix dans d’autres secteurs.
Fanjanarivo Symonette
(La Gazette de la Grande Ile, 01 août 2013)