Affaire BNI: Que le candidat Hery Rajaonarimampianina s’explique!
Andry Rajoelina juge inopportun de polémiquer sur l’affaire BNI car la vente d’actions relève d’une opération purement privée.
Lundi, le Président de la Transition brise le mutisme du pouvoir sur cette affaire en déclarant ainsi : « Il y a beaucoup de sociétés à Madagascar où l’Etat a des actions. Comme la société Star, par exemple où l’actionnaire majorle candidat,itaire a décidé de vendre sa part, l’Etat malgache n’a pas son mot à dire étant donné que c’est un acte entre privés. Et c’est la même chose pour la BNI. Si le Crédit Agricole veut vendre sa part, c’est à lui de décider à qui il le fera. L’Etat est là en tant que facilitateur. Il faut bien noter que ce ne sont pas les actions de l’Etat qui ont été cédées »
Andry Rajoelina voudrait en réalité étouffer une affaire qui met en cause son régime, lui-même, son candidat Hery Rajoanarimampianina et le nouveau ministre des Finances. Car si le désengagement du Crédit agricole de la BNI devait être un acte entre privés, pourquoi les autorités financières malgaches s’en sont-elles mêlées?
Il y eut bel et bien une intervention controversée de l’Etat malgache. Le 7 juin, le directeur général du Trésor en tant que « représentant ès qualité » de l’Etat actionnaire envoie une lettre à IUB Holding (la structure représentant la participation du Crédit agricole dans BNI Madagascar) réitérant son souhait de voir une banque de référence. Le 20 juin, le ministre des Finances fait part d’une non objection du rachat par le consortium Ciel (Bank One) et First Immo sous réserve de l’approbation de la CSBF (Commission de supervision bancaire et financière).
Cette lettre de Hery Rajaonarimampianina qui dément donc la position du directeur général du Trésor lequel est pourtant le « représentant ès qualité » de l’Etat dans le capital de la BNI Madagascar, infirme également les déclarations du Président de la Transition selon lesquelles il s’agit d’un acte entre privées où l’Etat n’a pas besoin de s’ingérer. D’ailleurs, la CSBF a bel et bien traité ce dossier avec également des changements dans la décision qui aurait été prise avec des irrégularités comme, entre autres, la participation au vote du nouveau ministre des Finances qui ne pouvait pourtant plus cumuler ses fonctions au sein de la CSBF
Andry Rajoelina ne pourrait donc pas démentir qu’il y a eu bel et bien un forcing de l’Etat dans le traitement de ce dossier. Les raisons ? Seul le Président de la Transition, l’ancien et le nouveau ministre des Finances et les membres de la CSBF le savent. Ce qui intrique est que le repreneur est de Maurice à qui Andry Rajoelina serait redevable, d’après son propre entourage. La dette serait-elle vraiment importante qu’on n’hésite pas à enfreindre la loi ?
Andry Rajoelina sur l’ordre de qui la décision aurait été prise par la CSBF, aura à répondre de cela un jour.
Pour le moment, c’est M. Rajaonarimampianina qui est en très mauvaise posture. Ses adversaires l’accusent d’usurpation pour s’être substitué au directeur général du Trésor en décidant une décision contraire à celle prise par ce dernier. Sur la base du mémorandum des petits actionnaires, Serge Zafimahova du Club développement et éthique évoque même un faux en faisant remarquer que la lettre du 20 juin « émane de la Direction Générale du Trésor mais est signée par le Ministre des Finances et du Budget avec un N° de référence faux car le n° de référence de la lettre du 20 juin 2013 est inférieur (N°90– MFB/SGDGT) à celui de la lettre du Directeur Général du Trésor du 07 juin 2013 (N°145 – 2013 – MFB/SGDGT).
Les dispositions réglementaires en vigueur n’engagent certes pas ses responsabilités en tant que ministre des Finances, les révélations apportées par Serge Zafimahova sont cependant très graves pour le candidat à l’élection présidentielle que sa crédibilité est en jeu. En effet, ses adversaires ne manqueraient d’utiliser cette affaire pour le discréditer en affirmant par exemple : comment croire à quelqu’un qui prône la restauration de l’Etat de droit parmi les priorités de son programme alors que lui-même enfreint la loi ?
D. R .