Pour éviter toute ambigüité par rapport à ce qui va suivre, je précise que je ne possède pas de SUV, ni même de voiture et de deux-roues avec ou sans moteur, utilisant, pour mes déplacements dans Paris et la région, les transports en commun et – je le confesse – les taxis.
Officiellement, la votation sur les SUV – qui n’a pas passionné les Parisiens (5,64% de participation) - avait pour objectif à la fois la place de la voiture dans la Ville et la lutte contre les véhicules les plus polluants. Mais c’est une tromperie, voire une arnaque.
On connaissait Anne Hidalgo bobo qui fait du vélo, écologiste convaincue, hostile à la voiture – les restrictions à la circulation automobile à Paris ont atteint un très haut niveau – mais on ne la savait pas marxiste, version lutte des classes.
La question qui était posée aux Parisiens était de savoir s’ils étaient d’accord pour que les propriétaires de SUV de plus de 1,6 T payent plus cher le stationnement de leur véhicule à la fois encombrant et polluant.
Mais si on regarde les détails de la question et le périmètre de cette surtaxation, ce n’est pas cela du tout. D’abord, il y a les exemptions – véhicules professionnels, appartenant aux handicapés, stationnement résidentiel (garer son véhicule autour de son immeuble mais pas dans un autre périmètre) – ensuite et surtout il y a le critère de différenciation.
Ce ne sont pas les SUV à moteur thermique qui sont visés – ce qui serait punitif mais logique - mais tous les SUV, même ceux à moteur hybride et électrique. Ce qui est déterminant, ce n’est donc pas la motorisation mais le poids (1,6 T). En d’autres termes, il s’agit de cibler le lourd, le gros.
On voit bien la métaphore. Le possesseur d’un SUV est – vu le prix de ces véhicules – forcément un « gros », c’est-à-dire un bourgeois, un riche, donc pollueur. Et comme disait Georges Marchais « il faut faire payer les riches ». La Maire de Paris a revêtu les habits de l’ancien leader communiste….
Cette assimilation entre « gros » et « pollueurs » ouvre des perspectives. On pourrait l’appliquer à de nombreux domaines, à commencer par celui des individus. Ainsi, l’obésité serait un critère de pollution. Il faudrait taxer les obèses qui, par nature sont plus encombrants, et plus polluants parce que, s’ils sont en situation de surpoids, c’est parce qu’ils mangent trop, surtout de la viande ce qui est un facteur de pollution si on en croit les écologistes selon lesquels les vaches émettent beaucoup de C02.
Il faudrait donc surtaxer la viande et toute la nourriture pour les personnes dépassant un certain indice de masse corporelle – et reverser aux agriculteurs le produit de cette surtaxe – augmenter le prix des billets d’avion - plus un avion est lourd, plus il consomme de kérosène et émet des particules - de train et des transports en commun, ce qui améliorerait le confort aux heures de pointe……
Le message de cette votation est clair : la lutte contre la pollution passe par la chasse aux gros..
Plus sérieusement, avec cette opération, Anne Hidalgo s’est livrée à une opération de communication politique visant à sortir de la nasse dans laquelle elle est plongée depuis son catastrophique score à la présidentielle. Contestée au sein de sa majorité, prise en otage par les ayatollahs verts du Conseil de Paris, confrontée désormais à la montée en puissance de Rachida Dati depuis sa nomination au ministère de la Culture, elle a besoin de reconstruire une légitimité de gauche pour espérer renouveler son bail à l’Hôtel de Ville.
Mais il faudra bien autre chose qu’une mascarade de consultation populaire qui n’a intéressé que 78 000 électeurs parisiens sur le 1,3 million que compte la Capitale.