Tout le monde connait l’expérience de Pavlov reposant sur le conditionnement et la réaction automatique. Le médecin russe a associé le plaisir de la nourriture donnée à un chien à un stimuli, du type agiter une clochette en présentant la nourriture à l'animal. Au bout d’un certain temps, il agite la clochette sans présenter de nourriture mais le chien réagit à ce son parce qu’il y associe la nourriture. Il est conditionné.
Dès que l’information qu’un homme syrien armé d’un couteau a agressé des enfants dans un parc à Annecy, les leaders de la droite et de l’extrême-droite ont réagi comme des chiens de Pavlov. Le stimuli - homme syrien, couteau – leur a fait lever la patte ou plutôt le tweet et la déclaration automatique. Ils se sont lancés dans une course contre la montre pour être le premier à réagir, la règle au temps des réseaux sociaux étant de faire une échappée pour ne pas être le Poulidor - l’éternel second - du tweet compulsif.
Ainsi, Eric Ciotti, sur la seule base de cette information ténue affirme péremptoirement à propos de l’agresseur qu’il a « un profil qui ne laisse pas indifférent », dénonce une menace pour « notre civilisation » et qualifie le drame « d’acte terroriste ».
Jean Messiha, ancien vice-président du RN, passé à Reconquête, affirme que l’agresseur « porte un bandeau sur le front ressemblant à celui, vert, des djihadistes islamiques » et le vice-président de Reconquête, Guillaume Peltier, dénonce de son côté « l’islamisme conquérant ».
Que tout ceci soit faux – l’agresseur n’est pas un immigré mais un demandeur d’asile en situation régulière, il n’est pas musulman mais chrétien au point de crier JésusAkbar (ou quelque chose comme cela) et ses motivations, pas totalement éclaircies, ne semblent pas être terroristes – ne freine pas les ardeurs. Quand on est un chien de Pavlov, on ne déconditionne pas si facilement.
Dans le genre, la palme revient à Eric Zemmour. Apprenant que l’agresseur n’est pas musulman mais chrétien, l'ancien candidat à la présidentielle ne se démonte pas « « Il n’est pas sûr qu’il soit vraiment chrétien. Il s’est déclaré chrétien comme d’autres se déclarent homosexuels car ils ont compris que ce sont les catégories que l’on accueille plus favorablement » et tente de réactiver sa théorie du « francocide », nonobstant le fait que sur les 6 victimes, trois ne sont pas françaises et qu’aucune n’a succombé à ses blessures.
Le héraut de la fachosphère, c’est du Audiard dans le texte « Un Zemmour, ça ose, ça ose tout, c’est même à cela qu’on le reconnait ».
On passera par charité (chrétienne ?) sous silence les déclarations des autres responsables (ou irresponsables ?) de la droite et de l’extrême-droite tels que Bardella, Morano, Retailleau qui ont tous embrayé sur l’invasion migratoire islamiste.
On pourrait s’amuser – malgré le tragique de cette agression – de ces sorties intempestives et s’en moquer. Mais non, parce que cette séquence est révélatrice du niveau d’hystérisation dans lequel est tombé le débat politique.
La crise démocratique dont on nous rebat les oreilles depuis la réforme des retraites n’est pas celle que l’on croit. Ce n’est pas parce que le Président de la République et le gouvernement ont eu recours à toutes les astuces de la Constitution pour faire passer au forceps « une réforme massivement rejetée par les Français » que la démocratie est en danger.
Elle est en danger parce que les partis politiques de droite, comme de gauche, ont explosé en vol. Ils n’ont ni projet pour la France, ni programme, ni réflexion. Ils n’ont que de la posture et de l’idéologie et réduisent le débat politique à un concours d’égo et à des caquètements.
Si dans l’affaire d’Annecy, la gauche a eu la prudence de garder le silence, elle ne vaut pas mieux que la droite.
Entre des LFI qui transforment l’Assemblée en ZAD, des écologistes qui s’abiment dans le wookisme et les délires de Rousseau (Sandrine, pas Jean-Jacques !) et parlent de tout sauf d’écologie, qui sont contre tout et réciproquement, des socialistes qui ont comme seul objectif de sauver leurs sièges de députés, la gauche ne cesse de creuser sa tombe. A force de creuser, les responsables de la gauche finiront peut être par trouver du pétrole, ce qui serait un comble pour des partisans des énergies douces….
Le danger est que ces irresponsables politiques entrainent la France dans leur chute.