Philippe DUPUIS-ROLLANDIN

Abonné·e de Mediapart

66 Billets

0 Édition

Billet de blog 17 mars 2025

Philippe DUPUIS-ROLLANDIN

Abonné·e de Mediapart

Taxe douanière sur les vins et alcool : une riposte à 200%

Menace réelle ou coup de menton ? Dans le doute, le gouvernement a préparé un plan de riposte au cas où Trump mettrait à exécution son intention de taxer à 200% les vins et alcools français. Révélations exclusives, à croire et à consommer avec modération !

Philippe DUPUIS-ROLLANDIN

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La menace de Donald Trump de taxer à 200% les vins et alcool d’Europe, ce qui vise particulièrement la France, a mis en émoi toute la filière vini-viticole. Il est vrai que l’enjeu est énorme pour elle. Chaque année, ses exportations aux Etats-Unis ne représentent pas moins de 4 milliards d’€. Bien la peine que Bernard Arnault soit allé faire allégeance le jour de l’intronisation du nouveau président.

Cette menace n’est pas prise au sérieux par les experts qui y voient plus une posture de négociation qu’un vrai projet. Pour autant, le gouvernement a anticipé – avec ce fantasque président tout est possible, même l’impossible – et a préparé un plan d’action pour éviter l’effondrement d’un secteur économique aussi important pour la France.

Je peux vous révéler en exclusivité les grandes et petites lignes de ce plan qui vise à orienter le marché des vins et alcools qui serait perdu pour les Etats-Unis vers le marché intérieur et européen.

Le gouvernement décrétera l’état d’urgence économique, ce qui lui permettra d’agir par décrets.

C’est tout un ensemble de dispositions fiscales, réglementaires et comportementales qui sont prévues.

Pour commencer, les taxes qui frappent lourdement les alcools seront divisées par deux, sauf pour les produits américains comme le bourbon et russes comme les vodkas.

La loi Evin qui encadre strictement la publicité pour les alcools sera suspendue. Les publicités seront accompagnées de la mention légale : à commencer sans modération.

Dans le cadre d’un appel au civisme et à la mobilisation dans cette guerre – Le Président a dit « la France a besoin de vous » dans sa dernière allocution – chaque Français sera tenu d’acheter et de consommer au moins une bouteille de vin par semaine, une d’alcool par mois et une de champagne par trimestre. Cette consommation pourra être faite soit à domicile, soit à l’extérieur, dans les bars, restaurants et autres lieux festifs. Le non-respect de cette règle entrainera de fortes amendes. Il conviendra donc de conserver ses tickets de caisse et notes de bars et restaurants en cas de contrôles qui seront nombreux.

Les étrangers – en situation régulière et irrégulière – qui ne respecteraient pas cette règle seront frappés d’une OQTF (Obligation Quantifiée de Trinquer Français). En centre de rétention, s’ils s’engagent à respecter la loi, l’obligation sera suspendue. Les étrangers en situation irrégulière devront s’engager à avoir une consommation double de la dose légale. Bruno Retailleau a justifié cette différenciation par le fait que ces étrangers doivent prouver leur volonté d’intégration.

Ces obligations concernent les adultes. Pour les mineurs de 16 à 18 ans, de fortes incitations seront mises en place. Ainsi, dans les cantines des collèges et des lycées, un verre de vin ou un apéritif sera proposé. Sa consommation ne sera pas obligatoire mais sera prise en compte dans les notes des cours d’éducation civique.

La licence IV – autorisant la vente d’alcool, actuellement attribuée avec parcimonie – sera libéralisée. Elle sera accordée sur simple demande à n’importe quel estaminet à condition qu’il s’engage à vendre un minimum de litres de vins et d’alcool.

Evidemment, dans les cantines d’entreprise, les vins et alcools seront mis en avant et proposés à un tarif avantageux.

Dans les fast-foods, les boissons américaines à base de cola seront proscrites au profit des petits vins de nos terroirs.

Dans les distributeurs automatiques de boissons, les jus de fruit et autres produits light – mauvais pour la santé en raison de leur forte teneur en sucre – seront remplacés par des fioles de vins et des dosettes d’alcool.

Pour inciter au respect de ces dispositions légales, de grandes campagnes de publicité et de communication seront lancées.

Certaines reprendront et recycleront en les inversant d’anciens slogans, du temps où on luttait contre l’alcoolisme. Ainsi, « Un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts », deviendra « Trois verres, ça va, un verre, bonjour le dégât ».

En direction des jeunes, le nouveau slogan sera « tu t’es vu quand t’as pas bu »..

De nouveaux slogans seront lancés comme « Pour avoir la coupe, lève le coude » ou « pour être réglo, prépare l’apéro ».

Finie aussi, la fameuse règle : « Boire et conduire, il faut choisir ». Au contraire, désormais, ce sera : « boire et conduire, il est interdit de choisir ».  Le taux légal d’alcoolémie dans le sang sera de 3g (au lieu de 0,3 actuellement). Une tolérance entre 1 et 3 g sera admise mais tout automobiliste contrôlé à moins de 1g sera frappé d’une amende et conduit en salle de « grisement » et devra – à ses frais – faire monter son taux d’alcoolémie à au moins 1g. En cas de récidive, il devra monter à 2 g.

Pour les conducteurs professionnels – routiers, conducteurs de bus et de car – la règle sera 2g. En cas de non-respect, ils risqueront le retrait de permis.

Pour sensibiliser les jeunes à l’alcool, une action pédagogique sera engagée. Des cours sur l’art du vin, des sorties scolaires chez les viticulteurs avec premières dégustations seront organisées, de même que des initiations au métier de sommelier. Des stages dans des usines d’embouteillages d’alcool seront ouverts et seront qualifiant pour le passage en année supérieure.

Dans les écoles et collèges catholiques, la dose de vin de messe sera doublée et obligatoire. Les élèves récalcitrants s’exposeront à ce qu’il est désormais convenu d’appeler « une Bétharram ».

La HAS publiera une très sérieuse étude indépendante, financée par la Coordination rurale et réalisée par Didier Raoult sur les bienfaits de l’alcool dans la consolidation osseuse des nouveau-nés qui préconisera de mettre un peu de vin dans les biberons, à raison d’une dose de petit rosé pour 4 doses de lait. A Marseille, le rosé sera remplacé par du Pastis.

Les petits viticulteurs produisant du vin de table peu valorisé ne seront pas oubliés. Un label « gros rouge qui tâche » sera édicté. Il sera délivré à tous les producteurs s’engageant à produire du vin à petit prix, garanti mauvais.

Dans le cadre de sa stratégie d’autonomie européenne, le Président a demandé au gouvernement d’avoir des échanges de solidarité avec les pays de l’UE impactés par la décision américaine.

C’est ainsi qu’avec des Etats européens, producteurs de bière (Allemagne, Irlande, Pays Bas, Danemark), des accords de réciprocité seront signés. Popularisés sous le nom de « chope contre gnole », ces accords prévoiront que la France achètera de la bière et en échange nos partenaires absorberont nos vins et alcools.

Avec ce plan, le message du gouvernement est clair : L’Europe ne dépend plus des Etats-Unis. Un sursaut salutaire. Ça s’arrose, non ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.