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Billet de blog 31 juillet 2025

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Le sens de la vie

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Murs d’enceinte de trois mètres de hauteur et imposant portail compact, obstruent la vue sur une propriété d’où se dégage le sommet de tourelles. Un ensemble un tantinet austère, égayé cependant par une céramique riche en couleurs, symbolisant à merveille l’état d’esprit des résidents. Paul, Thibault et Mathilde débordent en effet, d’enthousiasme pour redonner vie au domaine familial de Paul. Avec sa mère (créatrice de la céramique), ils ont réinvesti les lieux en 2020. Depuis 2024, Paul et Thibault en sont les co-présidents, rejoints par Mathilde, désormais, trésorière.

Trois personnes, trois parcours.

Paul, s’était orienté dans un premier temps, vers des études de commerce. « Je me suis rendu compte que cette vie ne correspondait pas du tout à mes valeurs ». Il aspire à une vie simple, au retour à la terre, au travail manuel, à la solidarité, pas à la concurrence acharnée des milieux d’affaires. Changement de cap, donc.

Il engage une formation de pépiniériste, accumule du savoir faire concret par le travail à la ferme, grâce au système du WWOOFING ( littéralement WorlWide Opportunities on Organic Farms). Le principe est de rapprocher des bénévoles de la vie de fermes Bio. « Je travaillais toute la semaine en échange du gîte et du couvert » explique Paul.

Mathilde, originaire d’Alsace est issue d’un milieu rural. Une jeunesse passée auprès d’un père agriculteur qui semble avoir imprégné sa personnalité du goût pour la nature. Et du soin des autres. Puisqu’elle se destine dans un premier temps à des études de médecine. Son attachement au bien-être de ses semblables se traduit aussi par l’exercice du métier d’AESH : accompagnant d’élèves en situation de handicap. Elle continue de porter un intérêt accru sur tout ce qui concerne la santé et l’alimentation. Ce qui l’amène à suivre une formation avec Fabien Moine, éditeur, auteur, réalisateur et formateur en santé naturelle. C’est au cours d’une rencontre « Exuvie », du praticien, qu’elle fait la connaissance de Paul et se joint au projet pensé avec Thibault.

Le troisième larron est un banlieusard parisien. Il croise le chemin de Paul en 2017, au cours d’une première année d’études en école de commerce. Son cursus est jalonné de plusieurs diplômes. Il rédige un mémoire sur le sujet de l’écotourisme comme alternative au tourisme de masse. L’intérêt pour la nature l’incite à changer de milieu. Il exerce le métier de maraîcher et réalise un deuxième mémoire de recherche au sein du restaurant-potager Le Maraîcher à Collonges-la-Rouge. L’appel de l’air libre le pousse même à parcourir la France à bicyclette avec son ami Paul. Expérience concluante, puisqu’il parcourra dans la foulée, avec le même moyen de transport, plusieurs pays d’Europe, motivé par la rencontre d’autres cultures (dans tous les sens du terme) et le partage des connaissances.

Tous les trois mettent leur savoir et leur passion au service d’un projet, comportant plusieurs grands chantiers. La création d’un jardin-forêt d’environ un hectare. La finalité est de reproduire un paysage forestier. Il se compose d’espèces aromatiques, des fruitiers et des arbres dis de canopée.

Une foultitude d’arbres. Au total, une centaine de variétés comestibles. De l’olivier à l’amandier en passant par le cerisier, le figuier, l’abricotier ou le pommier.

La reforestation est le but de l’implantation du jardin-forêt, en modifiant l’existant sur une parcelle de terrain bien précise. Elle sert aussi de base pour la mise en place de pépinières permacoles Les Pépinières permabondance  se sont spécialisés dans la vente de plantes vivaces comestibles. L'objectif est de produire des espèces et variétés qui s'implanteront sur plusieurs décennies, siècles, voire millénaires. Il s’agit donc de mettre à disposition une large palette végétale aux acteurs publics et privés, L’idée est de proposer des espèces, y compris, peu courantes tel cet Asiminier et ses fruits à la saveur mêlée de la mangue et de la banane. L’arbre pousse notamment au bord des cours d’eau du Canada. L’idée est de nourrir sainement les générations présentes et futures. Le recours à des méthodes productivistes y est proscrit. « Il faut protéger les sols, Les engrais chimiques épuisent la terre et causent des maladies pour le vivant, y compris les humains, bien évidemment, assure Paul. » Dans tous les cas de figure, les maîtres mots sont recherches et expérimentations.

Étrangers à toute logique de rentabilité financière, Mathilde, Paul et Thibaut privilégient l’échange, le partage des connaissances. Le fonctionnement de l’association est conçu dans cet esprit. Les Pépinières Permabondance  programment des stages, des rencontres pour expérimenter les méthodes qu’elle promeut. Au-delà de la transmission de techniques, des principes et pratiques sur lesquels s’appuie la permaculture, l’ambition de l’association est de contribuer à un autre développement local, basé sur d’autres rapports entre les individus. Ils appellent de leur vœu l’existence d’une communauté d’intérêts autour de la sauvegarde de la biodiversité. « Nous souhaitons à terme élargir le jardin forêt, créer des prairies bordées de haies. Des espaces propres à accueillir des chevaux ou des moutons. Relancer des solutions non polluantes pour répondre aux besoins de nos activités. Retrouver le sens du travail manuel, y compris pour concevoir les outils », précisent--ils. De quoi attirer la nouvelle génération, déclencher des vocations.

La propriété a été enrichie d’une mare pour favoriser l’émergence d’espèces, la venue d’une faune sauvage. La réalisation d’un potager permacole répond à l’objectif d’atteindre en grande partie, une autosuffisance alimentaire.

Ce retour à la nature répond à une aspiration à une vie débarrassée des affres de la surconsommation. L’engagement des Pépinières Permabondance s’exerce dans une posture constructive et joyeuse. « Nous agissons sur ce qui nous unit et nous relie tous, au-delà des différentes idéologies et croyances, à savoir, nos besoins vitaux : l’air l’eau et une nourriture saine. » affirment en chœur, Mathilde, Paul et Thibault.

Une sobriété heureuse, crédible et bougrement salutaire.

Il est possible de contacter nos trois amis pour visiter leur jardin-forêt, obtenir des renseignements sur les ventes d’arbres, les initiatives programmées pour les prochains mois et rejoindre l’association (cotisation annuelle de 10 €).

contact.permabondance@protonmail.com

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