Et un texte écrit par Jimmy Soleï :
BONNE ANNÉE….astro !
« Aouh ! Lui, il est aux fraises. Souhaiter la bonne année alors qu’on est fin mars, c’est plus de la procrastination... »
Oui, c’est vrai que j’ai jamais trop été en avance pour présenter les vœux. Pourtant je trouve ça important de souhaiter de belles choses aux gens qu’on aime, et pourquoi pas aux autres aussi. Ça doit faire partie de tous ces rituels salutaires qui se perdent. Je trouve dommage que ça sonne souvent très conventionnel (« ah pis bonne année au fait ! », parce qu’il faut le dire, ou du moins parce que ‘ça se fait’). J’aimerais qu’un peu plus ça me vienne droit du cœur.
‘On’ dit qu’on peut présenter ses vœux jusqu’au 31 janvier (si les règles de bonne conduite vous intéressent postulez donc à l’ECP, école française de la courtoisie et du protocole, ou à l’une des autres écoles du savoir-vivre qui foisonnent). Définitivement trop tard donc. Il me reste néanmoins une alternative pour m’en sortir : trouver parmi la quinzaine de calendriers actifs celui dont le premier jour tombe fin mars. C’est le cas du calendrier persan qui commence à l’équinoxe de printemps. Ah ? Vous n’êtes ni iranien ni afghan ?! Mais ce jour est aussi celui du début de la révolution de la Terre autour du Soleil, et c’est là où je voulais en venir. Au calendrier universel imposé par notre planète et qui est de fait partagé par tous les terriens.
Le 20 mars à 4h49 la Terre passera au point vernal (le printemps ne commence en effet pas toujours le 21 mars mais entre le 20 et le 23 selon les années). La Terre tourne autour du Soleil en un an sur une trajectoire (ou orbite) quasi identique chaque année et qui décrit le plan dit de l’écliptique. Or l’axe de rotation de la Terre n’est pas perpendiculaire à ce plan mais incliné d’environ 23°. L’équateur céleste (extrapolation de l’équateur terrestre dans l’espace) croise donc la route de la Terre en deux points que l’on appelle des nœuds, lors des équinoxes. Le passage de la Terre de l’hémisphère sud céleste à l’hémisphère nord s’appelle le point vernal et correspond au début du printemps mais aussi au début d’un nouveau tour autour de notre étoile, d’une nouvelle année astronomique.*
Alors pourquoi ne pas se fêter une bonne année astro, bien plus universelle que notre nouvel an du calendrier grégorien ? Mais au fait, pourquoi celui-ci a-t-il lieu au 1er janvier ? Cela date de l’an 45 avant J.-C. (!!!) lorsque Jules César instaure le calendrier julien. Comme pour se la péter il le fait commencer le jour de l’investiture des consuls, fêtant son quatrième mandat ainsi que le pouvoir absolu qu’on lui accorde. Si le début de l’année a pu varier selon les régions ou les époques (au premier mars dans certaines provinces ou à Noël sous Charlemagne) c’est Charles IX en 1564 qui promulgue la chose. Chose validée par le pape, le 1er janvier correspondant au jour supposé de la circoncision de Jésus, huit jours après sa naissance fixée au 25 décembre.
Alors orgueil césarien, décision royale, circoncision christique, est-il bien raisonnable de faire débuter l’année au 1er janvier alors que l’équinoxe de printemps semble bien plus opportun ?
Et si d’aucuns me traitent de révolutionnaire je leur rappellerai que les révolutionnaires eux (et encore plus brièvement les communards en 1871), ont fait commencer l’année du calendrier révolutionnaire au 1er vendémiaire, soit à l’équinoxe d’automne et non de printemps !
Mais pensez que si j’aimerais changer la date du nouvel an ce n’est pas seulement pour combler mes retards incessants, pas uniquement parce qu’il m’est insupportable de fêter mon anniversaire en même temps que l’an neuf, mais aussi parce que l'étymologie des mois y retrouverait tout son sens, septembre redevenant le septième mois, octobre retrouvant son nom de huitième, novembre de neuvième et décembre de dixième. (Qui a dit que la langue française était insensée ???)
Ou bien peut-être parce qu’aux équinoxes on trouve un peu d’équité sur Terre puisqu’à ces deux instants seulement, tous les humains bénéficient de 12 heures de jour et de 12 heures de nuit, n’importe où sur la planète. Équité de soleil, c’est déjà ça, puisqu’équité de privilèges et de richesse il n’y en a aucune.
Mais comme le dit si bien le chanteur « Y’a qu’un seul soleil - oui mais l’soleil, il brille ou bien il brûle – tu meurs de soif, ou bien tu bois des bulles ». Moi qui ai la chance de pouvoir boire des bulles, j’aimerais la partager cette chance, au moins un peu, au moins de temps en temps, avec ceux qui meurent de soif.
Et si la nécessité de fuir mon chez moi – car qui peut s’en croire absolument à l’abri ? - s’abat un jour sur ma famille, j’espère que nous pourrons partir et souhaite pouvoir trouver, là où nous atterrirons, des cœurs ouverts et bienveillants afin de ne pas retourner en enfer.
Allez, je vous souhaite une très bonne année astro à tous, de partage et d’entraide.
Du fond du cœur,
Jimmy Soleï
*: en fait le point vernal est le point de l'espace dans le prolongement de la ligne faite par la terre et le soleil à l'équinoxe de printemps (note de Sivan)