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Billet de blog 23 octobre 2014

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DINER AU BRISTOL: Alain Abergel a invité Vincent Lamanda, Jean-Claude Marin, Jean-Louis Nadal......

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Compagnie Nationale des Experts en Activités Commerciales et Techniques

Dîner au Bristol – Paris, 2 juin 2014

Frank Gentin, François Molins, Jacques Degrandi, Jean-Michel Hayat, Yves Lelièvre, Didier Kling,Vincent Lamanda, Jean-Louis Nadal, Jean d’Ormesson, Alain Abergel, Chantal Arens, Jean-Claude Marin, François Falletti et Robert Gelli

Le dîner-débat de la Compagnie Nationale des Experts en Activités Commerciales et Techniques présidée par Alain Abergel, qui a lieu chaque année le premier lundi du mois de juin, est devenu une manifestation institutionnelle dans le monde judiciaire, point d’orgue de nombreux évènements d’échanges et de formation organisés tout au long de l’année par la Compagnie Nationale des Experts en Activités Commerciales et Techniques.

Jean d’Ormesson

Pour cette édition 2014, Jean d’Ormesson, académicien, était l’invité d’honneur de la Compagnie, succédant ainsi à Jean-Marie Rouart, Philippe Labro, Jean-Louis Debré, Stéphane Bern, Jacques Chancel, Philippe Bouvard et Axel Kahn. Cette année encore, de nombreuses hautes personnalités ont honoré de leur présence cette magnifique soirée : Vincent Lamanda, Premier Président de la Cour de cassation, Jean-Claude Marin, Procureur Général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, Président de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, Jacques Degrandi, Premier Président de la Cour d’appel de Paris, François Falletti, Procureur Général près la Cour d’appel de Paris, Chantal Arens, Présidente du Tribunal de Grande Instance de Paris, François Molins, Procureur de la République de Paris, Jean-Michel Hayat, Président du Tribunal de Grande Instance de Nanterre, Robert Gelli, Procureur de la République de Nanterre, Yves Lelièvre, Président de la Conférence Générale des Juges Consulaires de France et Président du Tribunal de Commerce de Nanterre, Frank Gentin, Président du Tribunal de Commerce de Paris, Daniel Tricot, Président Honoraire de la Chambre Commerciale de la Cour de cassation, ou encore Marc Taccoen, Président du Conseil National des Compagnies d’Experts de Justice…

Pour débuter cette soirée, toujours très conviviale, Alain Abergel a rappelé la richesse de l’oeuvre littéraire de Jean d’Ormesson, invité cette année pour son dernier ouvrage « Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit » et qui avait déjà honoré la Compagnie de sa présence en 2006.

Académicien atypique et passionné, écrivain et journaliste, très préoccupé par les grands sujets d’actualité qui marquent la société française, Jean d’Ormesson aime avant tout séduire, pour mieux convaincre. L’érudition et l’élégance de ce grand immortel a une nouvelle fois ravi son auditoire.

Au sein d’une bibliographie riche d’une soixantaine de succès littéraires, sa dernière oeuvre écrite en 2013 « Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit » a été choisie comme thème principal de cette soirée, placée une nouvelle fois sous les signes du plaisir et de la détente.

Dans cet ouvrage, suite logique de « C’est une chose étrange à la fin que le monde » paru en 2010, Jean d’Ormesson a ouvert son album de souvenirs de famille et a plongé l’assistance, particulièrement attentive, dans le charme discret de la bourgeoisie de sa jeunesse, le brillant orateur a ensuite expliqué comment il était devenu écrivain.

Une fois encore, le temps, sa matérialisation et sa brièveté sont au coeur de son dernier roman.

C’est donc dans un climat très propice à la détente, devant un auditoire toujours aussi nombreux (250 personnes environ), que Jean d’Ormesson a offert à l’assistance une leçon d’humanisme d’un genre nouveau, dont seuls des hommes de lettres aussi érudits ont le secret.

La manière, drôle et pleine d’esprit, avec laquelle Jean d’Ormesson a évoqué ces sujets, a comblé les invités, à qui il a dédicacé son dernier ouvrage. Après s’être livré, avec talent, au jeu des questions-réponses, il a choisi de déclamer, d’une voix vibrante et émue, la poésie « Il n’y a pas d’amour heureux » de Louis Aragon (La Diane Francaise, Seghers 1946).

Jean-René Tancrède

« Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force

Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit

Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix

Et quand il croit serrer son bonheur il le broie

Sa vie est un étrange et douloureux divorce

Il n’y a pas d’amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes

Qu’on avait habillés pour un autre destin

A quoi peut leur servir de se lever matin

Eux qu’on retrouve au soir désoeuvrés incertains

Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes

Il n’y a pas d’amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure

Je te porte dans moi comme un oiseau blessé

Et ceux-là sans savoir nous regardent passer

Répétant après moi les mots que j’ai tressés

Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

Il n’y a pas d’amour heureux

Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard

Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l’unisson

Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson

Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson

Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare

Il n’y a pas d’amour heureux

Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur

Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri

Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri

Et pas plus que de toi l’amour de la patrie

Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs

Il n’y a pas d’amour heureux

Mais c’est notre amour à tous les deux »

Cette histoire universelle tient à peu près debout et se laisse lire sans trop d’ennui.

Jean d’Ormesson

« Tu t’es donné beaucoup de mal, mon cher amour, pour aboutir à bien peu de chose.

J’ai été enchanté d’apprendre que la lumière transportait du passé à la vitesse record de trois cent mille kilomètres à la seconde, que cette vie que nous avons tant aimée nous venait des étoiles, que notre vieux Soleil qui nous éclaire et nous chauffe était parvenu à peu près au milieu de son âge et que, capables de choses si grandes, si charmantes et si gaies, les hommes n’étaient pas là pour toujours.

Tout ça me fait me belle jambe.

Tout ça, franchement, m’est un peu égal. Ce que je voulais savoir, je ne le sais toujours pas.

Ce qui va nous arriver et à toi et à moi, dans quelques années à peine, ou peut-être même demain, quand le temps sera écoulé de notre passage sur cette Terre, m’est toujours aussi obscur.

Je t’ai souvent entendu dire que tu souhaitais écrire des livres qui changent la vie des gens.

Tu n’as pas changé grand chose à la fragilité passagère et si affreusement menacée de mon amour pour toi. »

Éditions Robert Laffont, 21 euros.

Cet article a été publié le Jeudi 5 juin 2014 à 13 h 27 min dans "LES ANNONCES DE LA SEINE" et est classé dans AU FIL DES PAGES, Jeudi 5 juin 2014 - Numéro 25. Vous pouvez en suivre les commentaires par le biais du flux RSS 2.0. Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un trackback depuis votre propre site.

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