Comme des centaines d’autres anciens et actuels élèves de ce lycée, je livre mon témoignage afin d’exprimer ma tristesse et mon étonnement quant à la possible fermeture du Lycée du Paysage et l’Environnement Fénelon, et vous relater mes années vécues au sein de ce lycée.
J’ai passé 10 années au sein de l’école Fénelon, de la classe de 6ème jusqu’à la licence professionnelle (Bac+3), et depuis septembre 2019 je suis à l’Ecole Nationale d’Architecture et du Paysage de Bordeaux afin de valider un master et ainsi devenir Paysagiste Concepteur.
Mes plus belles années scolaires ont été, de loin, celles passées au Lycée du Paysage et de l’Environnement. J’y ai validé mon Bac Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant, mon Brevet de Technicien Supérieur Agricole option Aménagements Paysagers et l’année passée j’ai validé ma Licence Professionnelle Développement de Projets de Territoire. Une réussite scolaire que je dois au soutien et à l’implication exemplaire des enseignants.
J’y ai noué de fortes amitiés avec élèves et enseignants. Les enseignants sont passionnés et extrêmement impliqués pour leurs élèves. Leurs nombreux contacts nous permettent de faire de belles et enrichissantes rencontres professionnelles, et leurs expériences professionnelles nous permettent d’appréhender certaines réalités du monde professionnel.
Le Lycée du Paysage et de l’Environnement n’est pas qu’un lieu où l’on vient apprendre « bêtement ». C’est un lieu d’échanges, de partages, d’expérimentations, d’écoutes, où l’on apprend à se forger un caractère et des avis professionnels et personnels sur ce qui nous entoure, sur les enjeux environnementaux, sur l’impact de nos pratiques sur la planète.
Tant d’éléments non chiffrables dans un tableau Excel par un comptable, mais pourtant si enrichissants pour un jeune.
Le Lycée du Paysage et de l’Environnement offre un panel de formations d’une excellente qualité, avec des enseignants investis et passionnés, dans un cadre de travail riche, héritage de plusieurs dizaines d’années d’histoire. Voilà ce qui est donc aujourd’hui menacé de fermeture. Quel dommage ce serait… Paysagiste, maraichage, agriculture urbaine… C’est l’un des seuls établissements proposant ces formations d’avenir en Seine-Saint-Denis.
Le Lycée du Paysage et de l’Environnement est l’origine même de l’école Fénelon. Fénelon était un lycée horticole initialement. Ne l’oublions pas, sans lui l’école Fénelon ne serait sans aucun doute pas ce qu’elle est aujourd’hui. Préserver ce lycée, c’est donc préserver l’histoire et l’origine de Fénelon. Le fermer, c’est oublier d’où l’on vient,
mais également où l’on va. Les formations portées sur l’environnement ont un avenir prometteur au vu des prises de conscience collective actuelles.
J’ai une certaine expérience et connaissance donc de ce qu’est Fénelon, et je suis totalement convaincu que le Lycée du Paysage et de l’Environnement est un atout majeur dans cette école. Nous ne retrouvons pas cette proximité entre élèves et enseignants au sein des formations générales de Fénelon, ou d’autres établissements scolaires. Pourquoi priver les jeunes de cet établissement de qualité.
Plutôt que de projeter sa fermeture, de mon humble avis, la réflexion devrait davantage porter sur la communication sur toutes ses formations plus que jamais d’actualité. La jeune génération est sensible aux enjeux environnementaux, et le Lycée du Paysage et de l’Environnement est un moyen efficace de se former professionnellement à plusieurs échelles.
Malheureusement, le Lycée du Paysage et de l’Environnement est souvent méconnu. Cette méconnaissance engendre plusieurs « clichés » infondés. Souvent, les collégiens (de Fénelon ou d’ailleurs) voient en les formations dispensées au Lycée du Paysage et l’Environnement des « sous formations », ou des formations d’agriculteurs, l’expression « bouzeux » est même régulièrement utilisée.
Moi-même, lorsque j’étais au collège à Fénelon, l’image que l’on m’avait décrite été celle-ci. Ayant de bons résultats scolaires au collège, certains professeurs m’ont déconseillé d’aller poursuivre mes études au Lycée du Paysage et l’Environnement, sous l’argument que « ce serait du gâchis au vu de mes résultats ». Comme je remercie mon professeur d’histoire d’alors, de m’avoir au contraire encouragé à me diriger vers ce lycée et le Bac Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant notamment.
Un choix que je ne regrette absolument pas. J’ai gardé contact avec certains de mes camarades du collège ayant poursuivi leurs études à Fénelon en filières dites « générales ». Leurs années lycées n’ont pas du tout été vécues comme les miennes. Ils n’ont pas (ou anecdotiquement) eu la relation étudiants-enseignants que j’ai pu avoir.
Accentuer la communication, l’échange, permettrait sans doute une meilleure connaissance des formations au sein du Lycée du Paysage et l’Environnement, et grossirait les rangs des classes, car c’est apparemment là l’objectif recherché. Le prétexte d’un soi-disant coût financier trop élevé ne doit pas être un argument justifiant la fermeture et l’arrêt de 175 ans d’enseignement.
Préservons et protégeons ces établissements, ces enseignants, qui se font de plus en plus rares.
Luca Biglione.
Ancien élève et étudiant de l’école Fénelon Vaujours.