philippe jorgji (avatar)

philippe jorgji

enseignants au lycée du paysage et de l'environnement Fénelon en Seine saint Denis

Abonné·e de Mediapart

5 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 mars 2020

philippe jorgji (avatar)

philippe jorgji

enseignants au lycée du paysage et de l'environnement Fénelon en Seine saint Denis

Abonné·e de Mediapart

Le lycée du paysage va fermer, faut-il tendre la main ? Couper la branche ?

Un lycée qui ferme c’est toujours une histoire triste… C’est comme pour une maternité… Surtout quand l’argument est qu’il coûte trop cher… et pourtant…

philippe jorgji (avatar)

philippe jorgji

enseignants au lycée du paysage et de l'environnement Fénelon en Seine saint Denis

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un jour lors d’une manifestation contre la réduction de nombre d’enseignants, un esprit malin avait tagué : «  l’école coûte trop cher ! Essayer l’ignorance ». Tag prémonitoire ?

Aujourd’hui après 175 ans d’existence, la section du lycée du paysage va fermer car pas assez rentable d’après les gestionnaires en charge de l’établissement. Et ce même si dans le projet éducatif de l’ensemble du lycée Fénelon il est bien écrit : « Dès sa fondation en 1843 par l'abbé Dubeau, Fénelon eut pour vocation d'accueillir des jeunes de Paris et de ses environs pour un long temps passé dans l'établissement. Il entendait ainsi soutenir la famille, parfois absente, et procurer aux enfants les moyens d'instruction appropriés où la formation de l'esprit alternait avec les travaux des champs. »


De cet esprit fondateur, nous gardons :

  • Notre appartenance à l'Enseignement Catholique du diocèse,
  • La volonté de faire vivre ensemble l'enseignement technique agricole et l'enseignement général

https://www.fenelon.fr/presentation/projet-educatif-de-lensemble-scolaire-fenelon

Alors ! Que se passe-t-il ?

Les valeurs prônées hier sont-elles obsolètes ? Alors pourquoi s’en revendiquer ? Les arguments ont-ils changés ?

Certes, l’enseignement agricole connaît aujourd’hui une crise des vocations. Pour preuve, le ministère de l’agriculture en partenariat avec le ministère de l’éducation nationale viennent de lancer une vaste campagne de recrutement pour les filières agricoles. Pour notre établissement la réalité est presque la même, nous formons aux métiers du paysage et de l’environnement mais en milieu urbain comme le nôtre c’est pas évident de venir chez nous….Il y a des a priori… Parfois véhiculés par les enseignants de l’éducation nationale eux-mêmes….Voie de garage… Métiers de la terre un peu sale… « On dirait qu’ça t’gêne »… Et pourtant planter des fruitiers, végétaliser la ville pour limiter le réchauffement climatique, faire de l’agriculture urbaine, aménager des espaces, des jardins… Ce sont des métiers d’avenir.

On a plus que besoin de paysagistes, d’agriculteurs urbains, d’arboriculteurs, d’espaces de vie, de loisir, de détente….Le grand Paris, les jeux olympiques… Des projets il y en a… Et du travail aussi. 70% des nouveaux contrats dans ces secteurs sont des contrats à durée indéterminés… Qui dit mieux ? Un des responsables de l’union des entreprises du paysage disait il y a peu qu’il ne trouvait pas d’employés pour répondre à la demande de ses clients… Et il n’est pas le seul…

Alors pas rentable le lycée du paysage ??? en baisse d’effectif ????

Bien sûr depuis quelques années, rien pour faire la promotion de nos formations… Même pas un panneau d’information pour montrer que dans l’ensemble scolaire Fénelon, majoritairement constitué d’unités relevant de l’éducation nationale, il y a un lycée du paysage et de l’environnement. Et bien sûr le minimum est fait pour communiquer sur les salons d’orientation. Bref, les esprits mal intentionnés pourraient aisément y voir une politique efficace pour faciliter la baisse des effectifs et procéder à une fermeture.

Des valeurs qui changent ?

Des sous, des sous, bilan, compte de résultat dans le rouge. Le lycée du paysage coûterait cher. Il menacerait l’ensemble scolaire Fénelon. Mais est-il le seul ? A priori l’école primaire serait aussi déficitaire. Oui mais c’est pas pareil… Les membres du syndicat majoritaire s’opposant à la toute-puissance des décisionnaires ne se trouvent pas à l’école primaire… Donc, vite coupons la branche, élaguons. L’avenir est ailleurs. On est loin des valeurs prônées par l’abbé Dubeau fondateur de l’école en 1845 ; aider son prochain, tendre la main…Pourtant le directeur en poste affirmait récemment : « « Ici, nous accueillons toutes les différences, c'est ce qui fait notre richesse. Nous sommes ouverts sur le monde et tant mieux si cela casse un peu les codes. ». De bien belles paroles, mais où sont les actes ?

Appliquer l’évangile, c’est pas facile !

Au lieu de tendre la main, pour aider son prochain, on préfère fermer….se débarrasser….Et puis un lycée du paysage et de l’environnement qui ferme c’est un bâtiment libre presque tout neuf, encore en cours d’amortissement qui pourra être utilisé à d’autres fins… un internat qui ferme aussi (l’autre unité menacé), des terrains d’application sans élèves…Mais que faire de tout cela ???.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.