Dans le village, le maire toujours soucieux du bonheur de ses administrés leur promis toujours plus d'abondance.
Il faut dire qu'il avait trouvé, sans le dire vraiment, dans le fond d'un petit bois un trésor qui dormait là depuis des temps immémoriaux.
Il finança des tracteurs et le fioul. On arasa les talus et coupa les bois pour augmenter les cultures. On mangea les chevaux et retourna leur parcelles pour faire encore plus de cultures. Pour le chauffage, on mettra des chaudières à fioul.
La production explosa avec les engrais, le surplus permis de produire plein de volailles et de cochons.
Les vaches qui valorisaient les jachères et autres parcelles humides se convertirent au maïs-soja, le lait coula à flot.
La facture énergétique explosa, mais on exportait plein de produits alimentaires.
Comme il fallu produire encore plus pour avoir toujours plus d'abondance. Comme la terre n'était pas extensible, qu'il n'y avait plus de talus, plus de bois, plus de prés pour les chevaux, plus de jachère à spolier, on importa l'aliment pour les animaux.
La facture augmenta encore, mais les produits aussi...
Et puis, commença à couler le long des fossés le trop plein de lisier. Tant d'animaux et pas assez de terre pour épandre leur effluent, puisque les terres pour produire leur aliment n'était plus dans le village, mais venaient de beaucoup plus loin, de beaucoup trop loin.
Le lisier qui avant enrichissait les terres, finit par les polluer, ainsi que les rivières et même la mer.
On construisit des usines pour détruire le lisier et on consomma encore plus d'énergie, la facture augmenta, mais pas les produits cette fois.
Et puis, il fallut encore augmenter les produits parce qu'il fallait toujours plus d'abondance. Mais, sur le marché les acheteurs n'en redemandaient pas plus, alors les prix baissèrent.
Le bonheur n'étant plus dans les près on leur demanda de mettre tout le confort dans les bâtiments, la facture augmenta, mais pas les produits, ni même les prix.
Ils produisaient plus et gagnaient moins. Alors pour gagner au moins autant, ils produisirent encore plus, mais les prix baissaient beaucoup plus vite et beaucoup plus facilement qu'ils ne produisaient plus.
On leur annonça que l'énergie allait augmenter car contrairement à leur production, on allait en manquer.
A l'age de la retraite, et même avant, épuisé à joindre les deux bouts comme le chat voulant attraper sa queue, ils vendaient leur ferme à plus gros qu'eux.
Pour produire toujours plus avec moins de bras, on automatisa, on investit ça coutait très cher, alors il fallait produire encore plus pour compenser et les prix baissèrent encore, et les charges augmentaient toujours.
Ils allèrent voir le maire, mais son trésor était épuisé, il leur dit cependant, nous voilà les pieds dans la merde, avec des investissements énormes à rembourser, une production qui est totalement saturée, une facture énergétique qui grimpe sans cesse, des charges et des contraintes sans fin, mais ne perdons pas espoir !
Alors, ils mirent des bonnets rouges...