Je regarde l’émission de mdp « Les dirigeants israéliens ne nient rien de leur volonté d’expulser, d’éradiquer, de tuer »
Soudain une sourde angoisse me vrille au creux du ventre, à un point tel que j’ai peur de ma propre peur. Les propos sont tellement forts qu’ils viennent déchirer la mise à distance critique que j’ai réussi à tenir depuis le début de cette guerre d’extermination que mène Israël. Cette mise à distance qui permet de ne pas être fou, de ne pas descendre en bas de chez soi pour hurler sans fin.
J’en avais eu l’intuition (et même l’évidence) quand j’avais fait un film qui partait des souffrances volontairement infligées aux populations SDF : non seulement les autorités d’état sombrent chaque jour plus dans l’ignominie, mais une partie de la stratégie de domination sur les populations consiste à nous faire vivre l’ignominie d’une situation insupportable et à nous en rendre complice par notre inaction.
Des milliers de fois plus important encore, le massacre perpétré à Gaza, dont nous devons contempler chaque jour les témoignages ignobles, et qui atteint maintenant des degrés d’horreur supérieurs encore, s’il est possible, à ce que l’on entrevoit dans une guerre « ordinaire » nous submerge, notamment par l’incapacité où nous sommes d’y intervenir, de faire entendre raison à quiconque, d’en être autrement que complices paralysés.
Cette stupéfaction absolue est une méthode de gouvernement, et c’est la nôtre désormais. Et elle ne pourra se résoudre, malheureusement, que dans un flot de sang et de vengeance.