Voici, pour ceux à qui cela aurait échappé, le "Touitt - ou Chronique d'un temps qui leur échappe" publié par le Journal Toulousain du 15 décembre.
LES VIGIES LENTES
L’aéroport de Toulouse est vendu, comme il était prévu, à un consortium réunissant un investisseur chinois qui dissimule ses avoirs dans des paradis fiscaux, et un groupe industriel canadien, radié de la Banque Mondiale pour « corruption » et tricherie envers des Etats. Cette perspective, évoquée par Médiapart, n’a jamais ému quiconque parmi les autres actionnaires : CCI, Mairie de Toulouse, Département, Région.
Pendant une phase de négociation cousue de fil blanc, comme le soulignait par ailleurs le journal en ligne, ni Alain Di Crecenzo pour la CCI, ni Jean-Luc Moudenc pour la Ville de Toulouse, pas plus que Martin Malvy ou Pierre Isard pour la Région ou le Département, n’ont songé à hasarder une réserve, voire une simple question, ne serait-ce que du bout des lèvres pour s’inquiéter de la pertinence de ce qui ressemblait à une alerte.
Une fois effectuée l’annonce de la braderie, ce quarteron de visionnaires, peut-être (on dit « peut-être ») perplexes en constatant que Médiapart ne s’était pas trompé, a fait florès d’un joli mot qui sent le service de communication à plein nez : « vigilant ». Ils seront (admirez le futur) « vigilants ». Tant il n’était sans doute pas besoin de l’être avant, ils promettent que l’avenir de l’aéroport sera désormais sous la bonne garde de leur œil aiguisé, pour que « la puissance publique reste majoritaire dans le capital ». T’as qu’à croire.
Médiapart (8 décembre) y va de sa récidive et révèle que nos zélotes-cassoulet de « l’ouverture partielle du capital » se sont fait farcir sans bouger le petit doigt. Le contrat de cession stipule noir sur blanc que « L’État s’engage d’ores et déjà à ne pas faire obstacle à l’adoption des décisions prises en conformité avec le projet industriel tel que développé par l’Acquéreur (…) » et, pour faire bonne mesure, on peut également lire que « Le Directoire sera composé de trois membres. L’État s’engage à voter en faveur des candidats à la fonction de membre du directoire et de Président du directoire présentés par l’acquéreur », lequel acquéreur précisons-le se garde toute latitude pour décider des projets, des investissements, de la gestion du personnel et, plus fort, « toute modification des règlements intérieurs », sans omettre bien sûr « la répartition des dividendes ».
Bref, nos élus siègeront dorénavant au sein d’un conseil d’administration qui leur accorde l’immense droit de dire amen, ou de se taire. « Vigilants », en somme.