-------Mémo de l’Association TUZA dans le cadre du projet démocratique au Rwanda--------
Deux procès en vingt deux ans par la justice française, alors qu’en deux mois la France a permis à plus de deux mille personnes présumées responsables du génocide de quitter le Rwanda et trouver refuge sur son territoire, c’est disproportionné. Si contre le terrorisme la France agit très vite, considère-t-elle le génocide comme un moindre crime pour ne pas s’en préoccuper ? Il y a, enfin, urgence, car la crise rwandaise peut résurgir d’un moment à l’autre, et surtout parmi les détracteurs contre la démocratie se cachent les criminels en cavale. La France aura joué un rôle destructeur si elle ne revoit pas sa stratégie envers le Rwanda. Répondre à la question : que ferait le Rwanda si dix ou vingt terroristes étaient recherchés sur son territoire ?, permet d’envisager ce que la France devrait faire aujourd’hui en rapport avec les présumés génocidaires résidant sur son territoire et partout ailleurs.
La responsabilité de la France dans le génocide peut être commuée par un engagement accru dans la construction de la paix au Rwanda. L’implication française n’est pas à négocier de façon diplomatique, elle relève d’un droit humanitaire et d’une obligation politique de la France dans les trois points suivants : la vérification des identités rwandaises sur son territoire, la séparation des militaires des réfugiés rwandais au Congo (RD) et le rapatriement des derniers, ainsi que les interpellations systématiques des présumés responsables du génocide.
Au moment où le Rwanda construit son avenir démocratique dans une situation où l’histoire du génocide inhibe les débats, des pays qui ont joué un rôle dans son passé doivent jouer leur rôle de modérateur. La période transitionnelle précédant la fin du deuxième mandat du président rwandais Paul Kagame devrait servir de preuve d’effort en ce que tout pays impliqué dans la crise rwandaise aurait apporté comme contribution dans la condamnation du génocide. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement français, suite à son opération turquoise controversée, d’agir en conséquence, car elle reste le seul point noir sur le dossier de la mémoire rwandaise.
Le premier délit français envers le Rwanda fut de propulser son système politique dans un multipartisme sans tenir compte de la question des réfugiés en 1990. La conférence de La Baule semble avoir engagé la France dans un soutien aveugle de l’ancien parti unique MRND. Voila pourquoi la plupart d’anciens responsables du parti se cachent tranquillement sur son territoire. Aujourd’hui la question des réfugiés a pris un tournant, elle doit tout de même être résolue avant 2017, pour le bien de cette démocratie tant rêvée et pour mettre fin à la misère.
Les milliers de réfugiés rwandais éparpillés au Congo (RD) ne l’ont pas été sans intervention française. Parmi eux, les anciens cadres du parti MRND et ses miliciens Interahamwe ont pris en otage des milliers d’innocents, dont leurs familles, ce qui est en train de créer une génération en passe d’hériter du crime. La séparation des simples réfugiés de toutes les forces armées rwandaises en exil peut être réalisée en quelques jours, si la France s’y mettait. Une opération commandoe en République Démocratique du Congo peut rapatrier tous les Rwandais encore réfugiés, ou simplement les réinstaller dans un pays tiers, afin de déterminer les quelques terroristes rwandais qui se camouflent dans des mouvements tantôt FDLR, tantôt CNRD, avides de sang et des armes dont l’Occident est le principal producteur-distributeur. La MONUSCO et les FARDC étant devenus impuissant pour cette opération, l’implication de la France pourrait donner du résultat et redorer son blason.
Par ailleurs, certains réfugiés ont emprunté une fausse identité pour résider en France. Le cas du procès en cours où un nommé « Omar » n’était autre qu’un Octavien Ngenzi, ancien bourgmestre de Kabarondo, ne doit pas passer sans trace. En effet, plus de deux mille membres du parti MRND vivent sous un faux nom ou prénom en France. Pour quoi les administations rwandaise et française ne s’échangeraient pas réciproquement des informations afin de démasquer tous les fraudeurs, dont les principaux sont présumés génocidaires ?
Enfin, il conviendrait d’effectuer des arrestations systématiques de tous les suspects rwandais dans tous les pays du monde en général et particullièrement en France, ce qui donnerait du sens à la politique internationale aujourd’hui, lorsque la démocratie est une exigennce. Bien évidemment, les Rwandais justes et témoins devraient collaborer à cette opération salutaire car la société que nous voulons est une société sans idéologie du génocide et sans moindre hypocrisie.
Fait à Evry, France,
Le 22/06/2016
Pour l’Association TUZA
Mpayimana Philippe, président