Chers confrères Journalistes, Chefs de Rédaction
Chères Autorités des Gouvernements occidentaux ayant dans vos attributions la promotion de la liberté d'expression, la coopération et le développement de la démocratie en Afrique,
A l'occasion de la journée mondiale de la liberté de presse,
Je suis journaliste indépendant, militant des droits de l'Homme et citoyens rwandais. Je constate que le mal colonial dont souffre l'Afrique depuis 100 ans se perpétue aujourd'hui à l'aide des médias étrangers, qui au lieu d'exercer le professionnalisme, s'intéressent à attiser le feu entre des groupes sociaux ou ethniques en Afrique en général et au Rwanda en particulier. Je projette me constituer partie civile devant les Tribunaux compétents pour la défense des droits des peuples, afin que les inventeurs de conflits assument les responsabilités des drames qui en découlent.
Le cas du Rwanda
Lors d'une attaque des rebelles rwandais signalée sur la frontière du Rwanda et le Congo (RDC) le 16 avril 2016 dernier, voici la déclaration que le gouvernement rwandais a émis à ce sujet :
« Dans la nuit du 15 au 16 avril 2016, des présumés éléments terroristes FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) ont infiltré notre pays depuis la République démocratique du Congo et ont attaqué un poste de la police nationale rwandaise dans le district de Rubavu, secteur de Bugeshi », a dénoncé dans un communiqué le lieutenant-colonel René Ngendahimana, porte-parole adjoint de l’armée rwandaise.
Pourtant, voici ce que furent le grands titres et les chapeaux de la presse internationale :
RFI: Rwanda: un poste de police attaqué par les FDLR, selon Kigali
Par RFI Publié le 16-04-2016 Modifié le 16-04-2016 à 23:50
Le Rwanda a accusé samedi les FDLR, basés en République démocratique du Congo voisine, d'avoir attaqué un poste de police dans l'ouest du pays. La seconde incursion en quelques semaines selon Kigali. Les rebelles hutus rwandais sont présents dans l'est de la RDC depuis la fin du génocide au Rwanda en 1994, au cours duquel environ 800 000 personnes ont perdu la vie, essentiellement parmi la minorité tutsie.
JEUNE AFRIQUE : Kigali accuse les rebelles hutu des FDLR d’avoir attaqué un poste de police rwandais
16 avril 2016 à 18h21 — Mis à jour le 17 avril 2016 à 17h07, Par AFP
© Koaci.com – Lundi 18 Avril 2016-Les autorités rwandaises ont accusé samedi les rebelles Hutudes Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) basés en RDC d’avoir attaqué un poste de police dans l’ Ouest du pays .
RCI : Des rebelles présumés attaquent un poste de police au Rwanda, 2016-04-17 10:37:56 xinhua
Par RFI Publié le 17-04-2016 Modifié le 17-04-2016 à 08:58 Le Rwanda a accusé samedi 16 avril les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) basés dans la République démocratique du Congo (RDC)
VOA : Les rebelles hutu des FDLR ont attaqué un poste de police au Rwanda, selon Kigali http://www.voaafrique.com/a/3288718.html 16 avril 2016
LE SOIR : Le Rwanda accuse les rebelles hutu des FDLR d'avoir attaqué un poste de police. internet@lesoir.be (Avec les rédactions du Soir en ligne, du Soir, d’AFP, d’AP et de Belga) Publié le Samedi 16 Avril 2016 à 23h39
Les rédactions suivantes ont repris l'AFP intégralement
www.sudinfo.be / SUDPRESSE (Belgique),
http://www.portalangop.co.ao/angola/fr, http://www.sen360.fr/afrique/ (SENEGAL)
www.izf.net (BURKINA FASO)
www.maliactu.net (MALI)
www.slateafrique.com/664797/ (COTE D'IVOIRE)
www.romandie.com/news (SUISSE)
Je fais remarquer à toutes ces rédactions, à l'exception de radio Chine Internationale qui n'a pas cité le mot Hutu (je la félicite), qu'en aucun moment les rebelles en question n'ont revendiqué l'identité de HUTU, que par contre, la collation des étiquettes ethniques sur le peuple rwandais effectuée par le colonisateur est ici reprise par ces médias.
Alors que le Rwanda sort d'un génocide provoqué par la mise en opposition de son peuple en deux camps, se construit sur une redéfinition nationale et patriotique de son identité, les styles stigmatisant les ethnies contribuent à brouiller le processus de réconciliation à l'intérieur du pays et le droit politique des rebelles à l'extérieur du pays et des démocrates à l'intérieur. Appeler ces derniers par leur nom et respecter la version officielle de l'Etat fait partie du travail d'un journaliste objectif. L'agence AFP qui nourrit ses clients des versions colonialistes divisionnistes pourrait répondre doublement et les rédactions africaines et occidentales qui la citent bêtement aussi.
J'invite ainsi, spécialement en matière des sujets relatifs au Rwanda, de reléguer le terme de Hutu à l'histoire, car jusqu'à présent, il a servi à confondre les notions d'une population démocratiquement et socialement révoltée et celles des groupes frustrés, violents, génocidaires et terroristes.
A titre d'information, les théories plus récentes affirment que la classification ethnique est partie d'une fausse base. La diversité culturelle rwandaise pouvait plutôt compter des ethnies telles que les Bahima, Balera, Bakiga, Bambogo, Bafundu, Baliza, Baganza, Bagesera, etc, qui ne sont jamais entrées en conflit.
Les significations du terme Hutu ont évolué de la façon suivante :
- avant 1900 : umuhutu est un adjectif qualificatif pour dire une personne inféodée à un chef terrier ou guerrier
- entre 1900 et 1931 : umuhutu est confondu avec un type de personne de taille moyenne au nez court et visage rond, par les ethnologues Allemands
- entre 1931 et 1954 : umuhutu est tout rwandais issu de la classe paysanne par opposition à la noblesse royale. Les Belges mettent une frontière écrite entre les Rwandais en établissant une carte d'identité triethnique
- entre 1954 et 1972 : umuhutu , après l'abolition de la féodalité, est redéfini pour identifier la population rwandaise par opposition aux réfugiés rwandais. Il y eut désormais une vague de hutuisation des Rwandais.
- entre 1973 et 1994 : la signification du hutu est affaiblie par l'introduction du multipartisme et le retour des réfugiés rwandais d'abord pacifique puis armé. Pour la renforcer, les conservateurs lui accolent un pendentif HUTU POWER et galvanisent la milice Interahamwe pour exterminer les opposants à ce courant d'abord et les Tutsi ensuite.
- depuis avril 1994 : la classification et la mention ethnique est bannie par la loi rwandaise. La classe politique qui prétend défendre les Hutu et ceux qui se définissent Hutu ont principalement trempé dans le génocide et gardent en otage psychologique de façon terroriste tout Rwandais progressiste.
Ainsi, les luttes politiques actuelles se redéfinissent encore en dehors des critères ethniques. Aux journalistes d'observer avec un regard nouveau, ils ne manqueront pas des expressions.
Vive la liberté d'expression,
Vive le respect des cultures
Fait à Paris, le 28/04/2016
MPAYIMANA PHILIPPE, Journaliste Rwandais et Militant des Droits de l'Homme
48 Route de Guisseray, 91650 Breuillet, France, tel +33652570261, mpayphil@gmail.com
Ampliations:
- Le Ministère français des Affaires Etrangères et du Développement International
- L'Organisation des Nations Unies pour l'Education et la Culture (UNESCO)
- Le Haut Conseil des Media du Rwanda (MHC)
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