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Billet de blog 4 mars 2014

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DEMOGRAPHIE ETALEMENT URBAIN ECONOMIE LIBERALE L’ENGRENAGE DU DEREGLEMENT CLIMATIQUE ?

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DEMOGRAPHIE ETALEMENT URBAIN ECONOMIE LIBERALE

L’ENGRENAGE DU DEREGLEMENT CLIMATIQUE ?

- Illustration : Europe Ecologie Les Verts Les Ulis

France, 1er janvier 2109, population : 110 millions d’habitants.

Les constructions de la ville de Paris s’étendent au nord jusqu’à Lille, Rouen à l’ouest, Orléans au sud, et Reims à l’est, pour former une mégapole de 40 million d’habitants.

Depuis les grandes catastrophes de Quimperlette et Biarritzari épicentre d’une déferlante de 50 m de haut durant la tempête de décembre 2051 qui  firent des milliers de morts, toutes les zones du littoral Français ont été évacuées, les habitants relogés sur des terres situées plus en hauteur.

La Belgique et les Pays bas sont rayés de la carte, la mer ayant pris possession des lieux. Les habitants émigrent vers les pays voisins, dont la France.

Les zones inondables du territoire Français dévastées ont été rendues à la nature, les habitations près des rivières elles aussi abandonnées par leurs habitants, contraints de déménager : les assurances ne voulant plus les couvrir physiquement et matériellement, l’état surendetté ne peut plus palier à la félonie des assureurs.

Hors d’eau, des zones pavillonnaires s’étendent à perte de vue.

Les Français cultivent depuis des lustres un pragmatisme très horizontal de l’habitat, surenchéri par un dramatique incident qui provoqua l’enracinement profond d’une peur irrationnelle aux grandes constructions verticales : l’incendie de la tour « espérance » en 2020, (1003 morts) causé non pas par le non-respect des règles de construction, mais pour avoir supporté une densité d’habitants allant très au-delà des normes en vigueur.

Les loyers trop chers ont engendré des sous locations anarchiques, entrainant d’énormes modifications du réseau électrique, soumis à une surcharge dépassant ses capacités.

Les grandes forêts Françaises sont rasées, pour laisser place à l’urbanisation, les mouvements de populations des pays limitrophes dévastés sont à la limite du supportable : désertification et famines en Afrique du nord, pluies diluviennes en Europe de l’est, glaciation permanente de la Sibérie.

La forêt des landes autrefois plus grand massif planté européen ne couvre plus que la superficie d’une commune de taille moyenne.

L’alimentation des Français (et de la majorité des autres pays) est constituée à 90 % de végétaux, ce recul dans la chaine trophique fait suite à la grande épidémie de 2045 causant des milliards d’hospitalisations. Pandémie due à une alimentation d’ensilage de maïs transgénique pour les ruminants, transmise à l’homme par la mutation génétique d’une enzyme.

Conséquence de la pandémie après rémission : l’estomac de la majorité des humains supporte très mal toute alimentation carnée.

Les zones cultivables disponibles, 5% du territoire national, sont couvertes de serres, le climat brumeux ne permet plus l’utilisation des techniques culturales conventionnelles.

Le peu de  poissons marins restants dans les océans rendus irréversiblement toxiques par une forte concentration de métaux lourds et de radioactivité ne sont plus commercialisés.

Seules des fermes aquacoles d’eau douce fournissent quelque 10 % de protéines animales (fortement subventionnées par l’état) à la population Française.

Le midi du pays ou essayent de pousser quelque palmiers et figuiers de barbarie dans les rares endroits non bétonnés, (hausse des températures moyennes de 5°) est une zone touristique très prisée par les populations d’Europe du nord, soumises 300 jours par ans aux  pluies incessantes. L’urbanisation y est cependant au-delà du maximum supportable, la difficulté d’approvisionnement en eau potable est devenue une cause nationale. Deux centrales atomiques assurent le dessalement de l’eau de mer méditerranéenne, entrainant par la même occasion la stérilisation du biotope marin sur ¼ de sa superficie.

Les rares pluies annuelles sont torrentielles et ravalent les terres, rendant toute agriculture impossible.

L’alimentation planétaire est assurée à 75 % par le Brésil, la forêt Amazonienne étant réduite à la portion congrue de parc botanique, et à 20% par l’Afrique centrale, la forêt tropicale est éliminée pour cette noble cause. La France ne produit que 10 % de ses besoins, un tiers du territoire ayant été (par obligation) rendu à la nature : converti en zone (fortement) inondable. 

Scénario de science-fiction ? Pas si sûr !

Si on se fie aux projections climatiques, démographiques, et économiques en vigueur ces quelques exemples seront une bien douloureuse réalité.                                                                                http://www.rac-f.org/IMG/pdf/Plaquette_etalement_urbain_RAC-F.pdf

« En France, les espaces naturels et agricoles perdent actuellement la superficie moyenne d’un département (610 000 ha) tous les sept ans, alors que sur la période 1992-2003, cette perte était d’un département tous les dix ans » : Réseau action climat-France.

http://www.rac-f.org/IMG/pdf/Etalement%20urbain%20et%20changements%20climatiquespdf.pdf

« Les inondations ont un coût moyen annuel de 650 M€ à 800 M€, 17 millions d'habitants sont exposés au risque inondation en France tandis que, 9 millions d'emplois sont exposés au débordement de cours d'eau. Le coût des dommages varie en moyenne de 650 M€ à 800 M€ par an, dont la moitié est pris en charge par le régime de solidarité nationale catastrophe naturelle », selon les chiffres du ministère de l'Ecologie.

"Afin d'améliorer la prévention des risques littoraux, il est nécessaire de favoriser la cohérence et la coordination entre lutte contre l'érosion et prévention de la submersion", assure le gouvernement.

« Un programme dédié au littoral proposant une gestion intégrée des risques littoraux a été défini. Premier impératif : prévoir la relocalisation à long terme des activités et des biens exposés aux risques littoraux, en fonction des enjeux et de l'importance de l'érosion. Concernant les opérations de protection, celles artificialisant fortement le trait de côte ne devront être envisagées que de façon transitoire et dans des secteurs à très forte densité ou d'intérêt stratégique national ».

La cause Française est liée à la situation internationale.

La planète n’est qu’une vaste zone marchande anarchique, dans laquelle actuellement 1 milliard d’humains sur 7 ne mange pas à sa faim, et 2 milliards  arrivent péniblement  à assurer leur ration quotidienne. Une bonne partie de l’humanité restante s’empiffre allègrement.

Le pillage économique planétaire est alimenté par la cupidité des multinationales, des entreprises, recherchant le profit immédiat, et la complicité des politiques développant une stratégie électoraliste du résultat à court terme. 

 «  la dissonance entre le discours public et politique national - « il faut maitriser l’étalement urbain » - et les actes et volontés locals des élus qui cherchent à développer (la question est de savoir ce que signifie ‘développer’) leur territoire au moyen de zones d’activités, lotissements et autres centres commerciaux étalés, peu pensés du point de vue architectural, dévoreurs d’espace » Jeanne Sézanne (Reporterre) http://www.reporterre.net/spip.php?article4276

« La population planétaire est appelée à croitre, 11 milliard de terriens en 2100 dont 3 milliard auront plus de 60 ans », (http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/06/13/onze-milliards-de-terriens-en-2100-dont-3-milliards-auront-plus-de-60-ans_3429978_3244.html)

Grâce aussi aux progrès fulgurants de la médecine, et à la prise en charge médicale de la plupart des êtres humains.

Le logement et l’alimentation de la population planétaire suivent une progression exponentielle, la stérilisation des sols s’effectue à un rythme débridé, les lobbys du BTP, de l’agroalimentaire . . .  d’une puissance diabolique, avancent main dans la main avec les gouvernements au pouvoir, l’excuse de la lutte contre le chômage, et la précarité sociale légitimise le bétonnage outrancier et anarchique, les déforestations massives, la pollution stérilisante des entrants agricoles, sont les autres penchants de la balance.

Concilier croissance démographique, urbanisation, économie, alimentation et climat ?

·         Faudra-t-il contraindre la population planétaire à une limitation des naissances, sujet extrêmement sensible sur le plan de l’éthique : « Le sujet démographique est presque tabou en Europe continentale parce qu'il est lié à cette religion de la croissance : croissance des familles = croissance économique = bonheur. Ce qui fut vrai, ce qui est maintenant faux ; Yves Cochet. 

La « religion de la croissance » n’étant pas la seule religion expansionniste.

 Et qui nourrira l’immense population vieillissante ?

A l’heure actuelle aucun consensus national ni planétaire n’est appliqué ni envisagé.

Aucunes études scientifiques complètes sur ce sujet ne permettent d’estimer des projections fiables http://www.fao.org/docrep/003/x3002f/X3002F01.htm

·         Mettre la population planétaire à la diète, et envisager une décroissance économique relève de l’utopie.

La révolution par l’habitat : la clé du problème ?

* Rendre l’habitation verticale (ou immeuble) attrayante.

L’étalement pavillonnaire atteindra rapidement ses limites : trop consommateur d’espace.

·         Les « cages à poules » des années 60 à aujourd’hui sont des « repoussoirs » à habitants.

·         Les conditions de vie contribuent à ce rejet.

Révélateur de la situation actuelle, les habitants des immeubles fuient à chaque moment libre un amalgame de béton surpeuplé, bruyant, insalubre, étroit, favorisant l’isolement et l’anonymat, voir la ghettoïsation de certaines populations, et l’insécurité. Produit archaïque d’une croissance illimitée et anarchique, destructrice d’espace, de nature, et de lien social.

·         La sur-mobilité des « urbains » (boulot-travail-loisirs) est entretenue par les politiques et les lobbies : « l’ADEME estime le coût de possession d’une voiture à 330€ par mois pour une petite voiture à essence, 540€ pour un diesel moyen et 830€ pour un monospace diesel … »Marion Richard - Chargée de mission climat et territoires - RAC-F.

Politique dé-sociabilisante productrice de gaspillage et de déchets : Petit traité de la décroissance sereine de Serge Latouche.

 « L’homme lui-même tend à devenir le déchet d'un système qui vise à le rendre inutile et à se passer de lui » (Latouche, 2007, p. 20).

·         Le prix de construction a son impacte : selon une étude Réseau Action Climat France

 «. J-CCastel, directeur du groupe d’observation urbaine au CERTU indique qu’un mètre carré habitable d’immeuble collectif aujourd’hui a un coût de construction d’environ 30% à 50% plus élevé qu’un mètre carré de maison individuelle.

 Selon Arnaud Bouteille, Gérant Directeur général d’un réseau de promoteurs, les mécanismes économiques ne conduisent à de fortes densités que sous condition que les valeurs immobilières des zones concernées y soient élevées »

 http://www.rac-f.org/IMG/pdf/Etalement%20urbain%20et%20changements%20climatiquespdf.pdf

·         « La trop faible rémunération des agriculteurs, viticulteurs et exploitants forestiers qui les conduit à devoir vendre du terrain. La grande difficulté des paysans de ce pays à gagner correctement leur vie et la nécessité pour eux de vendre, hectare après hectare leur terre est un facteur majeur de la perte d’espace agricole. Un hectare constructible peut valoir en 2007 jusqu’à 300 fois le prix d’un hectare non constructible. » Jeanne Sézanne (Reporterre).

Qui rêve d’habiter pour se sociabiliser, se développer culturellement, s’épanouir intellectuellement dans une tour de béton ?

Quel architecte, politique, parle d’humaniser objectivement les habitations collectives, en y favorisant les liens sociaux, culturels, humains, économiques et écologiques ?

L’harmonie et la suffisance de l’espace, de la lumière. Du calme, de l’intimité, et du lien collectif dans un seul et même endroit.

Immeuble cité, tour de l’humain, la gestion verticale de l’espace, tel un glaive victorieux érigé au plus haut vers les cieux, dans lequel tout le monde peut se rencontrer, se cultiver, s’entraider, s’approvisionner, se soigner, travailler, passer ses vacances….

Et à ses pieds s’oxygéner dans des zones de nature préservée.

L’espace naturel ainsi économisé permet une production agricole suffisante.

·         Le Corbusier visionnaire du 20ème siècle avait déjà étudié et produit une approche du sujet.

Le Corbusier : « un architecte du bonheur ». Académie de Poitiers histoire des arts. « Le Corbusier imagine un bâtiment pouvant loger un très grand nombre d’habitants, comme un lieu de vie qui n’ait pas perdu son caractère social et ait les caractéristiques d’un village, placé à la verticale par manque d’espace. Cet espace partagé doit comporter tous les équipements collectifs nécessaires à la vie — rues, commerces, école maternelle, ascenseurs vus comme des transports en commun, chambres d’amis, laverie, piscine, gymnase, piste de promenade ou de course, bibliothèque, atelier de peinture, espace propice à la vie sociale, des rampes permettant l’accès en douceur d’un module à l’autre, des appartements inondés de lumière, des rues plus feutrées. »

http://ww2.ac-poitiers.fr/histoire-arts/spip.php?article90&debut_page=1

·         Robert Silverberg  dans « Les monades urbaines »  élabore les cités du futur :

« Un monde vertical en réponse au problème démographique, résolu depuis que les Monades urbaines existent.

L'homme a construit des "villages" abritant une cinquantaine de tours de 3000 mètres de haut, ou l'on peut faire vivre 800 000 personnes dans un même bâtiment et tout cela dans un sentiment de paix, de bien-être, et d'amour.

Les habitant de la Monade 116 sont heureux, leur société est équilibrée, juste, libre. La notion de propriété a disparu, les serrures n'existent pas, la jalousie n'a pas lieu d'être puisque l'on peut faire l'amour avec ses voisins et selon ses envies, sans avoir à se cacher et avec la reconnaissance de tous par-dessus le marché !
La natalité est une bénédiction ! La vie est sacrée, et tout le monde a le droit de partager ce bonheur qui est de vivre ensemble, sur terre dans une Monade. Il y a de la place pour tous et lorsqu'une tour est pleine, on en construit une nouvelle, elles ne prennent pas de place, et là où l'on croyait exploser à 10 000 000 000, on jubile a 75 000 000 000... » 
Résumé culture SF: http://www.culture-sf.com/Les-monades-urbaines-Robert-Silverberg-cf-208

Illustration de Tibor Csemus

·         Anticipation pertinente, une solution pour les générations futures !

Mais l’Homme saura-t-il trouver le chemin  de la raison ?

La source du problème se résume dans cette réflexion philosophique de

Friedrich Nietzsche :

"L'homme est une corde tendue entre l'animal et le surhomme, une corde au-dessus d'un abime"

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