En cette époque où chaque jour nous livre son lot de scandales sur une classe politique et fonctionnaires d’état offrant son spectacle indécent d’auto-blanchiment au mépris des citoyens relégués au silence, une chanson me vient en boucle depuis mes souvenirs lointains d’une époque où Chico Buarque après une période d’exile, rentrait au Brésil fraichement décadenassé par la dictature militaire qui sévissait depuis 1964 après un coup d’état organisé par la CIA. Je me souviens de l’évènement de son retour et les grandes fêtes que cela occasionna qui lui donnèrent l’occasion de chanter ses chansons jusqu’alors interdites et que tout le monde connaissait pour les avoir fait circuler sous le manteau durant toutes ces années de plomb. Grandes fêtes jusqu’au mythique Maracana presque trop petit où avec Milton Nascimento, Maria Bethania et bien d’autres, réunis, allaient insuffler un vent de liberté et de dignité à ce pays meurtri.
Cette chanson trouve chez nous aujourd’hui une résonance toute particulière, quelques années plus tard dans un basculement de l’histoire et une dérive des continents bien symptomatique avec en arrière plan toujours les même américains à la manoeuvre. Au moment où les lois sécuritaires et les accords transatlantiques en vue risquent de nous faire basculer dans un monde totalitaire j’ai pensé utile que cette ritournelle qui s’imprime très vite dans nos têtes soit remise au jour.
Traduction:
Homenagem ao Malandro
Hommage au Truand
J'ai voulu faire une samba en hommage
A la crème de la truanderie
Que je connais depuis belle lurette.
Je suis allé au quartier de Lapa et j'ai perdu mon temps
Car cette fameuse truanderie
N’existe plus
Maintenant faut dire qu’il est anormal
Ce qu’on trouve de truand régulier, professionnel
Truand avec tout l’attirail de truand officiel
Truand candidat à truand fédéral
Truand avec photo dans la presse people
Truand avec contrat, en cravate et capital
Qui s’en sort toujours bien.
Mais le truand authentique
Ne fais pas de vagues
Il s’est rangé des couteaux
Il a une femme et des enfants et ceci et cela.
Les mauvaises langues disent même qu’il travaille
Qu’il habite là bas au loin et qu’il se trimbale
Dans un train de banlieue.