TUERIE A CHARLIE ET RESPONSABILITÉ, UNE VÉRITÉ QUI ME DÉMANGE !
Le sept janvier 2015 ont crépité les armes contre la liberté comme un signal qui sonnait la fin de l’insouciante apathie qui confine à la sclérose. Le rêve de l’innocence heureuse, de la légèreté de l’impertinence ont été assassinés par des tireurs que l’on déclarera fous. La traque qui se déroule au moment où j’écris ces lignes polarise toutes les attentions qui semblent à l’unisson. Mais pour combien de temps ?
Viendra le temps d’en tirer des conclusions qu’il faudra à mon sens éviter de rendre opportunes et manichéennes. Il serait trop simple de se contenter de désigner les bons et les méchants de manière simpliste car dans tout acte criminel, la justice des hommes ne peut se faire sans avocat. Mon intention n’est pas de justifier l’injustifiable et la colère m’habite comme bon nombre de français. La justice se fera et c’est bien ainsi !
Néanmoins, nous ne pourrons éviter une réflexion indispensable sur le glissement de nos sociétés qui ont leur part dans la genèse du terrorisme. Comment se fait-il qu’une part non négligeable de nos concitoyens cherchent et croient trouver une réponse dans des prêches délirants et d’un autre âge. Quel désespoir les pousse à une telle folie ?
Bien sur, les prédicateurs dérangés d’une idéologie aussi stupide que dangereuse sont coupables de malfaisance mais...Depuis des années, nos pays occidentaux font l’objet d’attaques contre leurs légitimités et pas seulement du fait d’une religion musulmane ou autre qui aurait bon dos d’incarner le mal à elle seule. La responsabilité incombe aussi à la dérive néolibérale dont la brutalité est tout autant criminelle. Partout l’état abandonne ce qui a fait la cohésion des peuples autour d’un projet commun pour le crédo d’une concurrence libre et non faussée non seulement mensonger mais tout autant mortifère. La désertion des services publiques, les trahisons politiques, l’individualisation forcenée prônée par l’intérêt d’un mercantilisme absolu ont rongé les fondements sur lesquels reposaient nos consensus à la civilisation. Partout où l’état s’efface, le vide créé laisse le désespoir et la ruine. Ruine économique et ruine sociale qui conduisent inéluctablement à une ruine morale. Les valeurs qui ont toujours construit l’humanité dans une communauté harmonieuse perdent leurs sens et le sentiment de desappropriation des destins plonge toute une génération à une casse certaine. Comment expliquer à un jeune des cités qui assiste à la déliquescence des élus au dessus des lois, qui après études voient ses illusions fondre devant la compétition des uns contre les autres pour le profit du petit monde de l’entre-soi sous prétexte d’une morale mensongère du mérite qu’ils sont les seuls à détenir, qu’ils doivent aux autres d’être de bons citoyens ? Les enfants d’immigrés mais pas seulement ont grandi en regardant leurs pères et mères s’échiner sans relâche dans des métiers souvent durs et ingrats pour finalement les voir abandonnés par les prêtres des dieux de la bourse qui décident qu’ils ne méritent ni merci ni vraies retraites. Conjugué aux difficulté de se loger, de fonder une famille, face à une précarisation effrayante de leur avenir, qui leur tend la main ?
La loi du marché est une religion tout aussi obscurantiste que celle des fous de Dieu avec ses temples-banques-super-marchés qui leur assène le TINA comme loi divine. Le paradis de la consommation pour les uns et l’enfer de la frustration pour le plus grand nombre. Comme ces jeunes perdus, je cherche moi aussi une issue à la barbarie industrielle et financière qui nous tombe dessus comme une des sept plaies d’Egypte. A leur différence, je ne suis pas sensible au discours religieux et continue à croire qu’en l’humanité peut résider la solution. Mon intention n’est pas de dédouaner les auteurs de cet attentat. Ils sont sans ambiguité responsables de leurs actes mais ils ne sont pas seuls. A bien y regarder, la responsabilité est collective car le monde n’est pas comme à Hollywood où les bons et les méchants sont évidents. Tout acte à sa genèse ! Monsieur Hollande comme tous les dirigeants occidentaux, vos dérivent néolibérales et l’abandon des citoyens qui en découle ont largement contribué à nous placer devant un monstre qu’il sera difficile d’éradiquer. Il est grand temps de changer de cap car le Titanic que vous commandez voit déjà se profiler l’iceberg depuis nos hublots. Après le temps du deuil, vient celui de la reconstruction !