philippe pierpont

Abonné·e de Mediapart

26 Billets

0 Édition

Billet de blog 9 avril 2016

philippe pierpont

Abonné·e de Mediapart

NUITS DEBOUT: pour une démocratie radicale

philippe pierpont

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

NUITS DEBOUT: pour une démocratie radicale

Jusqu’où irons-nous ?

Devant l’avalanche de révélations qui s’abattent sur notre actualité concernant les pratiques plus ignobles les unes que les autres d’un système devenu fou, il est grand temps d’en tirer quelques conclusions si nous ne voulons pas qu’il dévore jusqu’à la vie elle-même.

Chaque nuit, des milliers de personnes se réunissent pour occuper des places afin de signifier le désaccord de ceux qui subissent au quotidien l’horreur économique d’un monde livré à la cupidité sans limite d’une minorité. L’écoeurement se généralise mais rien n’y fait. Le colosse ne veut pas voir car il a oeuvré à son avènement malgré les avertissements de certains et les contestations qui enflent non seulement dans ce pays mais aussi partout soù des gens le subissent.

Aujourd’hui, la mondialisation nous dévoile sa dimension générale, systémique et c’est bien un constat amère qui ne laisse aucun doute sur sa dangerosité, sur sa nocivité et son incohérence.

Il est grand temps de se rappeler ce qui est la base même des choix citoyens nés de la révolution, à savoir l’aspiration à la démocratie à laquelle un temps nous avons cru être notre réalité car définir les responsabilités du chaos civilisationnel dans lequel nous pataugeons n’est pas suffisant. C’est une remise en question en profondeur de nos comportements qu’il est indispensable de faire. Il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants même si on peut définir les coupables et les victimes sans la moindre ambiguïté. Il serait dommage que cet instant apocalyptique ne débouche que sur une inutile agitation passagère. Cet instant est une opportunité unique de changer le cours fatal des choses. Le laisser passer serait suicidaire car la chance ne sonne pas souvent deux fois à nos portes.

La démocratie est l’association du peuple et du pouvoir et force est de constater qu’il y a bien aujourd’hui divorce entre les deux. Les raisons en sont simples. Pour qu’un pouvoir puisse s’exercer, il lui faut les outils de la gouvernance qui au premier chef se composent évidemment de l’adhésion des citoyens par la représentation politique, mais aussi des autres leviers sans lesquels rien n’est possibles. L’économie et la force armée sont les armes indispensables pour définir les règles qui équilibrent les rapports de forces entre les différentes composantes d’une société et le fait d’avoir privatisé la première, conditionnant jusqu’à assujettir la seconde n’a été qu’une manière de spolier les peuples de leurs droits régaliens pourtant arrachés par la lutte et même le sacrifice de tous ceux qui, courageusement, depuis la révolution ont oeuvré pour nos droits et nos dignités. L’économie est sans doute le plus important pour des raisons évidentes. C’est à ce sujet que nos réflexions doivent se concentrer car nous sommes bien coupables en réalité de passivités citoyennes en acceptant la dérive qui nous a conduit dans l’impasse où nous nous trouvons. Bien évidemment, cette dérive a disproportionné le poids d’une minorité qui a pu distiller sa révision sémantique redéfinissant arbitrairement la démocratie en s’accaparant tous les canaux ou presque par lesquels circulent l’information et l’opinion malgré les lois et notre constitution qui prévoyaient l’interdiction des concentrations de la presse. Nous avons fermé les yeux pour les promesses mensongères d’une formidable “modernité” sensée nous apporter l’opulence prospère du petit actionnaire anonyme en oubliant que la richesse de celui-ci était toujours redevable du travail des autres. Nous avons laissé une oligarchie profiter des flous juridiques conséquents à une construction européenne bien soucieuse d’entretenir les divisions des citoyens des pays qui la compose, faisant de cette Europe un corps à milles pattes avec une tête qui dévore tout sur son passage posée sur des pieds anarchiques et désordonnés sans cap commun et affaiblis. 

Tout cela n’a pu se faire qu’avec la complicité de nos élus qui du PS à l’extrême droite et surtout en passant par la droite conservatrice ont confisqué le pouvoir pour le livrer à ceux qui ont voulu que l’argent échappe aux peuples pour en avoir seuls le contrôle. Ainsi, grâce à cette conquête, ils ont pu acheter et corrompre tous les rouages de feues nos démocraties pour l’avènement d’une autre forme de pouvoir dont le nom réel est ploutocratie. Voter ne veut donc plus rien dire. La preuve en a été faite depuis longtemps avec l’affaire du traité européen chez nous mais aussi en Hollande ou en Irlande mais d’une manière encore plus éclatante en Grèce et je suis sur que d’autres me citeront encore bien des exemples tant en réalité ils sont nombreux.

Cette ploutocratie, donnant tout pouvoir à une oligarchie de piller nos économies avec la justification fallacieuse d’une pseudo-légalité vient de nous révéler sa toxicité de manière spectaculaire dans la description d’un système maffieux organisé mondialement. Pas un pays qui ne soit touché.

Alors, qu’allons-nous faire ? 

Allons-nous perdre nos énergies en conjectures stériles? Soulager nos frustrations dans de grands rassemblements consolateurs ? Se perdre en discours savants sur tels ou tels philosophes ? Nous quereller sur des théories théoriques ? Ou bien allons-nous reconquérir nos citoyennetés et nos démocraties en affirmant nos droits, en nous réappropriant ce qui nous appartient ? 

Faut-il abandonner l’idée européenne ou faut-il déchirer le traité et refondre l’union sur une base citoyenne ? Le monde globalisé peut-il se réformer ou ne le peut-il pas ? Autant de questions que nous ne devons plus éluder mais que nous devons aborder sans la tutelle des autorités. Nous devons nous affranchir des faiseurs d’opinion qui ne cessent de porter un discours méprisant. Nous ne sommes pas le problème mais la solution.

Tout le monde doit réfléchir sur la portée de nos démissions et ne plus chercher à trouver des coupables afin de jeter en pâture quelques sacrifiés pour la cause. Nous sommes tous coupables.

En ce qui me concerne, la seule certitude que j’ai est que le libéralisme et sa loi du marché ne sont en fait que les avatars d’une idéologie très cousine du nazisme par leur caractère discriminatoire et meurtrier. Ils sont tous deux issus de la même pensée de classe. Esclavagistes par nature car la recherche de la production au prix le plus bas pour un profit maximum ne se trouve que dans cette finalité. Nous devons rejeter avec force cette idéologie qui ravage l’ensemble du vivant. Bannir les mots de productivité, compétitivité pour promouvoir nos solidarités car au bout du compte, c’est la guerre permanente à tous les niveaux que cette oligarchie nous impose pour son plus grand bénéfice. Le danger d’un embrasement général en sera l’aboutissement.

Nous devons retrouver le sens du mot progrès qui ne se satisfait pas de la seule dimension technologique mais qui réside principalement dans le social.

Redevenons des démocrates ! 

Pas de compromis ! soyons radicaux !

Tuons la ploutocratie et instaurons la démocratie radicale !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.