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Billet de blog 9 novembre 2016

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Trump ou le rêve américain à l’instant de la sonnerie du réveil matin.

Trump ou le rêve américain à l’instant de la sonnerie du réveil matin. La conquête de l’ouest et son mythe sont tombé à l’eau dans l’océan de la mondialisation quelque part sur la route de la Chine et de l’Eldorado à 20% de croissance. Le cap de mauvaise désespérance est franchi et l'horizon s'assombrit.

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Trump ou le rêve américain à l’instant de la sonnerie du réveil matin.

La conquête de l’ouest et son mythe sont tombé à l’eau dans l’océan de la mondialisation quelque part sur la route de la Chine et de l’Eldorado à 20% de croissance.

 Les promesses confisquées par les oligarchies boursoufflées, menaçant une classe moyenne elle même submergée par la pauvreté pandémique qui étale sa misère contrariant la valeur de ses investissements fonciers dans les quartiers résidentiels qu’ils habitent, ont poussé ces derniers à libérer une parole qui vise à l’élimination des pauvres qui déprécient leurs avoirs et et leur paraitre.

Le vingtième siècle connut ses fléaux dévastateurs, le vingt et unième invente les siens. Au nazisme, au fascisme, au stalinisme, succède le libéralisme. Avoir confondu la santé économique d’un marché toujours en expansion avec l’intérêt général a été la plus grande folie du rêve consumériste qui se transforme maintenant en cauchemar pour la planète et la majorité de ses locataires.

Les classes moyennes qui ont cru les sirènes qui fabulaient sur les paradis du crédit illimité aux détenteurs de la carte gold réalisent n’avoir été que des ânes qui courent après une carotte qui s’éloigne toujours plus loin quand le bâton qui l’accompagne fait sentir sa présence menaçante dans leurs dos. Le discours du mérite ajouté à l’infamie et la sanction tombe sur les faibles pour les écraser tels des parasites qu’ils sont devenus. Les sociétés se distendent entre riches et pauvres au point que tous les liens rompent les uns après les autres. Le corps sociétal se voit tel un monstre disloqué dont la tête a pris congé du tronc et des pieds et le voilà qui trébuche. Les populations en déroute courent chercher refuge chez un dieu vengeur ou dans un repli sur soi exclusif, victimes collatérales d’une guerre économique décidée par ceux qui en tirent profit. La concurrence libre et non faussée a transformé les citoyens en guerriers sans pitié.

Chacun, dans les médias et dans la sphère politicienne, voudra voir des raisons sexistes, racistes, populistes dans la défaite d’Hillary Clinton, façons comme une autre d’éviter une remise en question de décennies néo-libérales dans une certitude affirmée de l’impossibilité d’alternative à la logique du marché-roi. Pourtant, c’est bien là où il faut trouver l’explication des résultats majoritaires invariablement hostiles aux élites depuis plus de dix ans à chaque scrutin. Chercher ailleurs ne servira à rien.

Le traité européen refusé en France, en Hollande, en Irlande, les votes grecs, le Brexit et maintenant l’élection de Trump, sont autant de signaux répétés par lesquels les peuples crient leurs désaccords. Continuer à mépriser la démocratie réelle n’est plus possible. 

Les trahisons des élus, la duplicité des discours, la collusion avec les médias, le mépris des élites, rien n’y fera, le projet néo-libéral est massivement désavoué. C’est un fait avéré à chaque scrutin et il est très significatif de constater que les pays champions de ce libéralisme, de Reagan et Tatcher, sont les premiers à vouloir renverser la table des agapes des banquiers où ils se repaissent avec les politiques, leurs complices.

Toutes ces techniques de communication susceptibles de manipuler les foules mises au point depuis que les apprentis sorciers dirigent le monde, leurs certitudes du microcosme de l’entre soi montrent leurs limites et seule la sincérité reste payante sur le long terme. C’est la leçon numéro un des déconvenues électorales qui se succèdent qu’il nous faut apprendre.

Aux politiques de remettre la finance là où est sa place qu’elle n’aurait jamais du quitter: au service du bien être des peuples et pas aux commandes de nos destinées. La cupidité ne peut en aucun cas être un moteur civilisateur car c’est le cynisme assuré qui ronge toute morale politique menant au désastre qui se dessine sous nos yeux. Tous les peuples grugés finissent dans la colère et dans le cycle des totalitarismes rédempteurs et vengeurs des populistes qui savent tirer profit de tous les désarrois.

Les Trump comme les Le Pen ou bien encore les Farage ou les Johnson mais aussi les Orban et tous les bonimenteurs qui se multiplient dans ce qui fut un monde libre, avides de puissance, se sont engouffré dans le vide que les politiques mensongères ont créé par la négation du débat démocratique issu du TINA. Le résultat est qu’une partie très importante des ces peuples tendus par un monde anxiogène pense trouver en ces gens là la justification de l’élimination des plus démunis avec qui ils se sont désolidarisé et qu’ils envisagent maintenant d’éliminer. Bâtir un mur avec le Mexique et virer deux millions d’illégaux pour projet, le monstre qu’on avait espéré définitivement vaincu resurgit et le pire est à craindre. 

Nous avons franchi un nouveau cap vers des horizons que la mémoire humaine connait déjà et nous dérivons toujours plus vers les horreurs passées. 

L’élection de Trump est un signal d’alarme qui retentit pour prévenir le “Titanic” néo-libéral que l’iceberg des colères populaires ne menace plus mais l’a heurté. Il faut donc en urgence réparer et changer de cap avant qu’il ne soit définitivement trop tard car c’est la guerre contre les pauvres qui est aujourd’hui déclarée par les petits épargnants spoliés ou qui pensent l’être bientôt.

Le désespoir des peuples persuadés que demain sera toujours pire pousse à l’irrationnel dans un sauve qui peut général et un chacun pour soi qui risquent à terme de nous jeter tout droit dans la barbarie la plus sauvage. Barbarie qui s’exerce déjà dans les pays du moyen-orient et dans les cités de nos métropoles. A titre personnel, au moment où tous les défis climatiques, sociaux, économiques, démographiques, environnementaux, philosophique et culturels se sont donné rendez-vous, je crains que la surdité et l’aveuglement de nos élites responsables du maelström qui s’annonce soient un obstacle majeur à la réflexion nécessaire pour qu’une solution ne se dessine.

Oui, la sonnerie retentit mais plus je l’entends et plus elle ressemble à une alarme. En tout cas, ce qu'il y a de certain, est qu'un rêve se finit.

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