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Billet de blog 27 août 2016

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DOGMATIC-TAC-TIC-TAC-TIC-TAC

La pensée dogmatique est un poison dans une démocratie. Elle est une volonté de fixer la vérité sur la base d’une théorie qui elle même ne peut être qu’hypothèse. En plus clair, elle s’impose pour affirmer ses désirs et entend conditionner tout point de vue selon le cadre qu’elle a au préalable circonscrit. En sortir devient une déviance, une hérésie car la pensée dogmatique se veut autoritaire.

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DOGMATIC-TAC-TIC-TAC-TIC-TAC...

La pensée dogmatique est un poison dans une démocratie. Elle est une volonté de fixer la vérité sur la base d’une théorie qui elle même ne peut être qu’hypothèse. En plus clair, elle s’impose pour affirmer ses désirs et entend conditionner tout point de vue selon le cadre qu’elle a au préalable circonscrit. En sortir devient une déviance, une hérésie car la pensée dogmatique se veut autoritaire. C’est une pensée qui par son immobilisme connait toujours à un moment ou un autre sa limite lorsqu’un fait ou un changement de paradigme apparaissent qui font que le cadre se trouve insuffisant ou en contradiction avec l’évolution qu’ils apportent. On pourrait apparenter cette confrontation au changement au conflit des anciens et des modernes.

Les dogmatiques ont la rigidité de tout immobilisme, défendent becs et ongles cette vérité qu’ils imposent comme indiscutable et déclarent tout ce qui n’est pas de lui nul et non avenu comme les papes qui ne pouvaient se résoudre à voir tourner la terre autour du soleil.

Evidemment, face à l’argumentation de l’hérétique, la réponse du dogmatique ne se jouera jamais sur le plan de la logique voir même sur la raison mais sur l’injonction et la condamnation. Comme aurait dit Audiard, c’est justement à ça qu’on le reconnait.

Ainsi, sur Mediapart, certains ont une vérité chevillée au corps qu’ils présentent comme indiscutable à propos du droit des femmes et des hommes, car je trouve qu’on ne parle pas assez d’eux, à afficher leur religiosité dans l’espace public sur la base d’une loi qui selon eux le permet. Certains dont je ne suis pas, je m’empresse de le préciser tant l’insulte, les interprétations et les contre-vérités fleurissent dans le camp des dogmatiques, prône l’interdiction pure et simple d’un tel comportement quand en face d’autres soutiennent donc que c’est leur droit et que la question n’a pas de raison d’être.

N’étant pas très dogmatique, je le confesse bien qu’athée, j’assiste à des querelles sur le sujet où l’on met des femmes sur le grill pour que chacun les écartèle sur l’autel sacrificiel de l’orthodoxie démocratique qui varie apparement selon bien des opinions.

D’un côté, des gourous de cet orthodoxie vous expliquent doctement leur vérité partisane avec à peu près toujours les mêmes arguments juridiques, oubliant la genèse des lois qui elle seule peut prétendre à en définir l’esprit. Ils sortent donc un texte et cherchent dedans ce qui peut étayer leur point de vue, déracinant celles-ci pour l'examiner hors sol et le placer ainsi sous l’éclairage de leur choix. Une fois trouvé la substance qui nourrit leurs partis pris, les voilà arborant l’étendard ainsi planté sur le sommet de la vérité intangible tel le chevalier Lancelot qui aurait trouvé son graal. Ils ameutent, annonçant la bonne nouvelle et prêchent la bonne parole, jetant l’anathème sur qui ne se rallie pas au guide suprême et gardien des lois et de leurs vérités. Le soleil peut donc continuer à tourner autour de la terre, les gardiens du dogme veillent.

Forts de cette vérité, les fidèles, adoubés en chevaliers de la pensée ronde, par escadres entières, endoctrinent pour le triomphe de la pensée unique et lancent les foudres de la colère doctrinaire sur qui ne se montre pas convaincu comme c’est mon cas et celui de beaucoup d’autres si j’en juge par les tempêtes qui sévissent dans le verre du club médiapartien. Il pleut des “Finkielkraut”, des “Onfray”, des “Fourest”, des “Le Pen”, des “Sarkosy”,  des “Valls”, des “stalinien”, des “raciste”, des “islamophobe”, des “colonialiste” et des tas d’étiquettes sorties des usines de la fabrication du consentement pour marquer au fer rouge de leurs feux purificateurs les hérétiques impies comme on imposait jadis aux lépreux de sonner leurs cloches en annonce de leurs arrivées et qui évitent d’avoir à trop penser.

Diantre, ai-je envie de dire ! Tant d’étalage de la pensée progressiste me donne le vertige. Je croyais naïvement que la démocratie était l’expression des volontés populaires mais voilà que certains nous expliquent que celle-ci ne peut exister que dans la pensée dogmatique et si le peuple ne lui est pas soumis, c’est qu’elle n’existe pas. Me voilà troublé, encore un dogme qui explose, comme quoi...

Mais au fait... pourquoi cette bataille dans le landerneau médiapartien ?

Pour une affaire d’affaires, de tissus ou de tenues symboliques et revendicatives plus exactement sur le plan des convictions religieuses dans l’espace qui nous est commun au delà même du cadre prévu par la loi de 1905 ! Pour le présenter autrement, c’est pour le droit d’affirmer sa religion comme identité à part et entière de la communauté nationale qui elle, par tradition plus ou moins admise, demande la neutralité par lassitude des guerres religieuses qui ont jonché l’histoire de ce pays et sa défiance au communautarisme. Je ne cache pas ma surprise de voir les dogmatiques de gauche en défense d’un autre dogme, religieux celui-là. A croire que l’internationale dogmatique s’est donné rendez-vous dans notre actualité. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, ça me fiche la trouille pour parler comme la gamine de mon voisin.

Etant pour la liberté sous toutes ses formes, je n’interdis la parole de personne et si quelqu’un en préalable à toute discussion me dit qu’il est par son aspect, juif, chrétien ou musulman, je lui réponds: et alors ? Mais immédiatement, je me pose la question d’une telle affirmation, questionnant du coup la raison de ce préalable. Républicain invétéré, ne désirant que parler à des égaux, je ne saisis pas si c’est une injonction à changer mon comportement et à admettre les règles induites par les dogmes religieux et moi qui jure comme un bouffeur de curé, je commence là aussi à avoir quelques craintes sur ma liberté qui jusqu’alors, vous l’aurez remarqué n’a pas eu droit de cité dans ce débat surréaliste. Nom de Dieu, ai-je envie de dire, défendre la liberté des uns met-il en péril celle des autres ?...

 Les uns me jurent que non mais si demain j’inscris sur mes tee shirts: “ni dieu ni maitre”, aurais-je droit moi aussi au concours des dogmatiques pour sauver mon droit au blasphème ? Je questionne donc mais cela semble déranger. Pour quelle raison ?

Trêve de plaisanterie. La liberté de culte n’est pas menacée. On peut discuter sur les différences de traitement des unes par rapport aux autres mais je n’ai pas l’intention de les laisser envahir l’espace commun pour, de fait, faire que celles-ci conditionnent nos moeurs. L’ostentation m’est une agression par son empirisme intrinsèque et je ne vois aucun progrès en elle sinon un endoctrinement supplémentaire par essence, à mon humble avis, antinomique des libertés fondamentales mais nous n’en sommes plus à un paradoxe près.

Ce qui m’inquiète dans tout cela, c’est que face aux voiles de la pudeur islamique, les croix des identitaires commencent à trépigner dans les églises empoussiérées et livrées jusqu’alors aux toiles d’araignées. Je crains que les processions ne remplacent bientôt les défilés syndicaux pour plonger le pays dans le chaos où se démènent tant de nos semblables aux quatre coins de l’horizon. Je contemple, médusé, les dogmatiques jouer avec les allumettes comme des gamins qui n’ont pas appris leurs leçons d’histoire.

A aucun moment ceux-ci ne considèrent au delà de leur Landerneau que se joue peut être sur le dos d’une population: 2005, le retour !  

Quand la France désignait l’immigration grâce à des provocations qui embrasèrent les cités, elle élut un pompier représentant en Karcher qui accusait sans complexe la matrice de la délinquance génétiquement programmée. Aujourd’hui, nous sommes monté d’un cran, il s’agit de terrorisme, il y a eu des morts et ceux et celles qui par posture refusent d’entendre que leurs tenues peuvent laisser supposer chez d’autres, à tort ou à raison, qu’il y a accord tacite entre les meurtriers et eux, la question n’étant même pas là, vont connaitre un retour de bâton qui ne fera pas la moindre distinction entre pratiquants et non pratiquants mais tout simplement sur le faciès. Tout le monde le sait mais feint de l’ignorer et je demande aux dogmatiques de considérer que la terre tourne autour du soleil et que la course des astres se fiche de leur orthodoxie. Si vraiment la défense des français issus de l’immigration venue des anciennes colonies est leur motivation, je leur demande si, par erreur de calcul, il ne lancent pas un boomerang qui risque de revenir en pleine figure de ceux qui n’en demandaient pas tant: les agnostiques et les laïques qui composent également leurs rangs.

A trop pointer une loi, pour en faire la pierre angulaire de l’édifice du raisonnement, il se pourrait que des maçons mal intentionnés ne décident de l’abattre pour en ériger une autre, plus restrictive encore et si finalement dans les rangs de cette populations, un jour, pour s’être retrouvés dans une guerre religieuse dont ils se seraient peut être bien passé qui les repoussera encore plus au ban de nos cités, leurs demandent des comptes, ils pourront toujours les traiter d’islamophobes primaires si ça leur chante mais je crains pour eux le ridicule.

Je n’exprime ici qu’une opinion qui ne vaut que ce qu’elle vaut pour un débat serein et nul besoin d’apporter ses étiquettes assassines pour y répondre. Tout dialogue est bon à prendre surtout libre de tout dogmatisme. Le temps qui passe nous rapproche des élections et les postures des uns qui font les intérêts des autres... tic-tac-tic-tac... nous rapprochent toujours un peu plus... tic-tac-tic-tac, dans une perte de temps inutile, tic-tac-tic-tac...

Est-ce le décompte de la bombe qui va nous faire basculer dans le dogme des yakafaucons ou est-ce celui du réveil matin qui va nous faire sortir du cauchemar ?

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