La nation à sen unique.
Combien de fois n’avons-nous pas entendu la ritournelle bien connue quand il s’agit d’agir pour aider ceux d’entre nous qui sont dramatiquement dans la souffrance, chômeurs, précaires, que l’état ne peut rien pour eux pour simple réponse à leur détresse.
Combien de fois n’avons-nous pas entendu la même chanson pour permettre à la voracité financière des actionnaires d’augmenter ses profits, quand il s’agit de protéger les ouvriers et salariés des entreprises, que l’état ne peut rien pour eux quand ils sont jetés comme outils usagés.
Combien de fois n’avons-nous pas entendu le refrain bien connu pour les anciens qui ne trouvent plus d’emploi et qui n’ont pas droit à une retraite décente pour avoir eu la mauvaise idée de continuer à vivre quand on voudrait qu’ils disparaissent, à qui l’état dit qu’il ne peut rien pour eux pour toute reconnaissance.
Combien de fois n’avons-nous pas entendu les mantras identique pour expliquer les privatisations, les morts annoncées des services publics, les serrages de ceintures, la baisse des revenus, l’insécurité sociale.
Un état absent pour le peuple mais bien présent pour recapitaliser si nécessaire les banques. Un état restreint et prompt à se déclarer incompétent en matière de protections dues à ses citoyens mais empressé de privatiser, nous dépossédant nous, peuple français des moyens de souveraineté sur le bien commun qui fond comme neige au soleil. Démocratie ainsi vidée de ses outils de pouvoir pour assoir de fait la hiérarchisation imposée par l’argent.
Partout des appels à l’unité nationale, à chanter la marseillaise, aux rappel des vertus démocratiques, le tout dans un discours aussi pompeux que creux dans la bouche de ceux qui de droite comme de gauche gouvernementale n’ont cessé depuis des lustres d’en restreindre les définitions et les usages.
De quelle nation parlez-vous ? De celle des entreprises et du CAC 40, des actionnaires d’un capitalisme triomphant à qui vous avez vendu jusqu’au dernier centimètre carré du territoire ? De celle qui me répète inlassablement que mon salaire, ma retraite, et tout acquis social est le problème ? Que je, nous, sommes le problème ?
La brutalité d’un système considéré comme to big to fail qui a transformé ses compétitions en guerres économiques et qui prend peur. Une charia du marché qui nourrit le ressentiment d’une immense majorité des humains de cette planète et qui se voit menacé par une opposition folle, radicale, aveugle et meurtrière en réponse aux bombardements subis par tous ceux qui ont le malheur de vivre près des puits de pétrole et des réserves de gaz. Cette guerre que vous avez déclaré en notre nom, bien avant DAESH pour mieux masquer le caractère privé qu’elles camouflent nous déshonore. Vous prenez peur et opportunistes, vous profitez de nos morts et nos souffrances pour nous contraindre à l’adhésion, jouant de l’affect pour duper l’opinion qui pense défendre ce que vous avez déjà vous même détruit.
Vous nous piégez tout autant que les islamistes et vous ne valez pas mieux. Il ne suffit pas de sortir les rubans tricolores pour afficher sa vertu. Seule l’exemplarité peut l’incarner.
Notre devise est liberté, égalité, fraternité auxquels nous pouvons ajouter la laïcité si celle-ci respecte la neutralité réciproque qui exclue les appels criminels à la discrimination. Mais qu’en est-il de la liberté quand vous décrétez l’état d’urgence et interdisez l’expression populaire ? Qu’en est-il de l’égalité à regarder comment la prévarication, le mensonges et l’auto-blanchiment sont devenus vos moeurs ? Qu’en est-il de la fraternité quand on mesure avec quel soin vous avez joué les uns contre les autres pour arriver à vos fins ?
Combien d’entre nous êtes vous prêts à sacrifier dans cette guerre qui aurait pu ne jamais voir le jour si vous aviez eu l’honnêteté basique et indispensable à la gouvernance dont la nature déontologique vous échappe totalement.
Vous mélangez l’intérêt d’ insatiables privilégiés assoiffés pour qui l’humanité n’est plus grand chose. L’utopie capitaliste aboutie qui révèle sa nocivité sur les quatre coins de la terre.
Appel à la nation ? Mais qu’en avez-vous fait de la nation ?
Vous l’avez perdu vous-même et je vous crois volontiers à l’agonie car vous n’imaginez pas ce que la force de conviction mortifère que recèle les groupes comme Daesh qui ne manqueront pas de fleurir dans votre merveilleux monde parfait tel que vous l’avez rêvé, a de force insoupçonnée. Quand bien même vous gagneriez contre ces criminels, il en viendrait d’autres... car ils sont vos enfants, ils sont votre miroir ! Vous êtes la fabrique de tous les desperados qui vont les uns après les autres vouloir jusqu'à la mort votre peau. Vous n'en finirez jamais.
Contemplez l'étendue des dégats qui s'annonce et demandez-vous si quelque chose au nom du peuple justifie le chaos que vous semez...