Dimanche 9 Septembre 2018 : Nîmes
C'est l'été indien. J'aime cette douceur des couleurs, des températures, de la lumière.
« On ira
Où tu voudras, quand tu voudras
Et on s'aimera encore
Lorsque l'amour sera mort
Toute la vie
Sera pareille à ce matin
Aux couleurs de l'été indien «
J'ai longtemps hais les Dimanche. Je travaillais à Paris et devais quitter Nîmes par le train de six heures, pour ne revenir que le vendredi soir. Chaque dimanche, à quinze heures, le spleen, terrible....Il ne fallait plus me parler.
Aujourd'hui, j'ai l'avenir indien...
Viens de regarder une superbe émission sur Canal + : « Clique Dimanche » avec Mouloud Achour... Et Genevièvre Callerot : agricultrice et romancière française. Pendant la Seconde Guerre mondiale, avec son père et sa sœur, elle aide 200 personnes à passer la ligne de démarcation entre la zone occupée et la zone libre. Elle vient d'être décorée de la Légion d'Honneur : 102 ans, pieds nus, sous un grand arbre, d'une élégance rare. Comme cette belle femme m'a fait du bien, portant haut toutes les valeurs de ce pays.
Rugy le conciliant remplace Hulot l'impétueux : Macron a trouvé son ministre de l'Environronnement, titrait justement le Canard de cette semaine. En fait, je m'en fout. Je n'arrive pas à sortir de ma mise entre parenthèse de la politique.
Tôt le matin dans mon bureau, je prend connaissance de la presse, en écoutant des chants Grégoriens , de l'Abbaye de Solesmes. Dans le calme des premières minutes d'une nouvelle journée, quelle douceur, quel calme, quel bonheur...
Et je relis « Women », de Charles Bukowski :
Il est vieux, il est moche, il est ivre du matin ou soir. Son premier geste en se levant sur les douze coups de midi est d'aller aux chiottes pour gerber les restes de la veille. Et pourtant, malgré son aspect dégueulasse, les plus belles poulettes et pouliches lui courent après, se ruent à ses basques pour se faire tringler par un vieux presque célèbre. Il ne pense qu'à la baise, et se lève les plus beaux culs de L.A., Vancouver ou du Texas. Difficile à imaginer, pourtant c'est véridique. Son talent : la baise et l'écriture. Charles Henry Bukowski, le plus grand poète contemporain ! le poète, bourré toute la journée, qui conçoit sa journée en fonction de ses plans « baise », des courses à l'hippodrome, de son stock de bières, de vodka et de sherry, et accessoirement de ses envies d'écriture en martelant sa machine sur sa table de cuisine en formica. La vie idéale, ou presque : au jour le jour, à profiter simplement de l'instant présent tel un moine zen aux mœurs légèrement plus libérés.
Mais quelle écriture, totalement libérée des conventions, quel poète et quelle liberté:
« je goûte aux cendres de ta mort
dans ma manche
les fleurs font tomber
une eau soudaine,
froide et propre
comme la neige,
tandis que les épées
des tiges acérées
s’enfoncent
dans tes seins
et les rochers
doux et sauvages
bondissent
et
nous bloquent le passage. »
J'aime toujours la solitude, ma maison et la cuisine. Dernière découverte : Gnocchi maison, ail , Basilic et citron. Une cuisine de l'été indien.