Mercredi 15 Juillet 2020 : Nîmes
Nous atteignons la mi-juillet de cet été singulier de cette année 2020. Déconfinés mais encore masquables dans les lieux publics à compter du premier Août, du fait de prémices de retour de ce COVID 19. Nous sommes libres, sans être totalement libres et je me terre chez moi en tant qu 'élément fragile... Chacun fera, comme il le juge, de ses déplacements d'un été pas comme les autres. En cette année « blanche », cela n'enlève en rien l'existence de petits bonheurs fugaces, chers à Jean-Claude IZZO : « Le bonheur, ça n'existe pas. Mais je veux raconter que la vie, malgré tout, peut être belle si on sait reconnaître les petits bonheurs, une jolie fille qui se balade, un gosse qui shoote dans un ballon, ds hommes qui lèvent leurs verres ensemble. »
D'autres en parle autrement. Je termine le -dernier-bouquin de John Carpenter, Un dernier verre au bar sans nom » : « Jaime adorait North Beach le matin. C'était comme un village méditerranéen perché sur une colline, un ciel dégagé d'un bleu pur, des rues désertes et des allées étroites. Jaime aimait se lever à l'aube, se doucher, s'habiller et descendre la colline vers le caffé Trieste pour boire un expresso avec du chocolat saupoudré dessus. A cette heure le café était toujours bondé, les gens debout au petit comptoir qui invectivaient en italien ou en sicilien les gens de l'autre côté du comptoir, sur le trottoir les éboueurs qui buvaient leur expresso après une dure matinée à ramasser les poubelles de San Francisco. Jaime adorait ces gens. Puis elle s'asseyait dos à la vitrine et lisait le journal qui se trouvait là, humant l'odeur du chocolat chaud, la fumée de cigare italien, écoutant le sifflement des machines à expresso et les conversations bruyantes tout autour d'elle. C'était son moment de la journée au milieu de l'humanité avant de rentrer s'isoler pour travailler. »
Félix Leclerc illustra ce goût pour le petit bonheur :
J'ai pris le p'tit bonheur
L'ai mis sous mes haillons
J'ai dit: " Faut pas qu'il meure,
Viens-t'en dans ma maison".
Alors le p'tit bonheur
A fait sa guérison
Sur le bord de mon coeur
Y avait une chanson.
Mes jours, mes nuits, mes peines, mes deuils, mon mal, tout fut oublié;
Ma vie de désoeuvré, j'avais dégoût d'la r'commencer,
Quand il pleuvait dehors ou qu'mes amis m'faisaient des peines,
J'prenais mon p'tit bonheur et j'lui disais: "C'est toi ma reine »
A part cela à Nîmes, le Maire « les Républicain », qui ne veut pas dire son nom, s vient d'entamer son 4ème mandat. Pendant 6 ans, tout ce passera sans les gens, sans les associations, et rien ne se passera de mobilisateur et comme d'hab, le mois d'Août sera un grand mois de silence où chacun, comme moi, devra rechercher et pécher, chacun pour soi, ces petits moments de bonheur.
« Mon bonheur a fleuri,
Il a fait des bourgeons.
C'était le paradis,
Ça s'voyait sur mon front.
Or un matin joli
Que j'sifflais ce refrain,
Mon bonheur est parti
Sans me donner la main.
J'eus beau le supplier, le cajoler, lui faire des scènes,
Lui montrer le grand trou qu'il me faisait au fond du cœur,
Il s'en allait toujours, la tête haute, sans joie, sans haine,
Comme s'il ne pouvait plus voir le soleil dans ma demeure.
« Avec celui que nous aimons, nous avons cesser de parler, mais ce n'est pas le silence. »
(René Char »